Whitney Rockley Named to Order of Canada
Imaginez recevoir l'appel le plus important de votre vie en plein tournage d'une vidéo de Noël un peu folle, avec requin en costume et chien en guest star. C'est exactement ce qui est arrivé à Whitney Rockley, figure emblématique du capital-risque canadien, quand on lui a annoncé sa nomination à l'Ordre du Canada. Une distinction qui couronne des décennies de combats pour plus d'inclusion dans un milieu encore trop masculin.
Une reconnaissance nationale pour une pionnière du venture capital
Le 31 décembre 2025, Whitney Rockley a rejoint les 80 nouveaux membres de l'Ordre du Canada, aux côtés de personnalités aussi variées que des chercheurs en nanotechnologie ou des journalistes musicaux cultes. Cette honneur, l'un des plus prestigieux au pays, récompense ceux qui œuvrent pour un Canada meilleur.
Pour Whitney Rockley, cofondatrice de McRock Capital, cette nomination vient saluer à la fois ses succès en investissement et son engagement inébranlable pour la diversité. Elle incarne une nouvelle génération de leaders qui refusent de séparer performance financière et responsabilité sociale.
Des débuts dans la tech albertaine à la création d'un fonds d'impact
Tout commence à Calgary, où Whitney Rockley fait ses premières armes chez Revolve, une entreprise technologique locale. Rapidement, elle plonge dans l'investissement chez Pan Canadian, avant d'enchaîner les expériences internationales : San Francisco, Edmonton, Londres, Zurich...
C'est à Toronto, alors qu'elle travaille comme associée dans un fonds suisse, qu'elle rencontre Scott McDonald. En 2012, les deux décident de voler de leurs propres ailes et fondent McRock Capital, spécialisé dans les logiciels industriels.
Mais lancer un fonds avec une femme à sa tête, en 2012, n'allait pas de soi. Certains collègues ont même pris Scott McDonald à part pour le mettre en garde. Sa réponse ? Un refus catégorique de suivre les conventions. Résultat : McRock gère aujourd'hui plus de 300 millions de dollars.
« Quand Scott et moi avons lancé McRock, certains lui ont dit : "Lever des fonds c'est déjà dur, mais avec une femme... qu'est-ce que tu fais ?" Scott a été le premier à répondre non. Nous allions faire quelque chose d'exceptionnel. »
– Whitney Rockley
Première femme à présider la CVCA : un tournant historique
En 2017, Whitney Rockley marque l'histoire en devenant la première femme à diriger la Canadian Venture Capital and Private Equity Association (CVCA) en 43 ans d'existence. Un symbole fort dans un secteur où les femmes restent minoritaires.
Sous son impulsion, l'association prend un virage décisif vers plus de modernité. Elle modernise elle-même le site web en soirées et weekends, puis préside le comité des relations gouvernementales avant d'accéder à la présidence.
Mais son action la plus marquante reste la création de la première task force diversité et inclusion de la CVCA. À une époque où les scandales de harcèlement secouent la Silicon Valley, elle choisit de faire du Canada un modèle différent.
Formations sur les biais inconscients, collecte de statistiques diversité auprès des fonds, conférences avec des experts... Whitney Rockley impose progressivement ces sujets comme des priorités incontournables.
« Au Canada, embrasser la diversité et l'inclusion pourrait devenir l'un de nos avantages compétitifs. »
– Whitney Rockley
McRock Capital : quand diversité rime avec performance
Chez McRock Capital, les mots se traduisent en actes. L'équipe de partenaires est composée à parts égales de femmes et de personnes racisées. Une rareté dans le venture capital nord-américain.
Le fonds investit aussi auprès de gestionnaires émergents issus de minorités : BKR Capital, premier fonds canadien dédié aux fondateurs noirs, ou Misfit Ventures, premier fonds LGBTQ+ du pays.
Parmi les succès du portefeuille : Miovision, qui optimise la circulation grâce à l'intelligence artificielle, ou SkySpecs, spécialisée dans l'inspection d'éoliennes pour améliorer l'efficacité énergétique.
- Optimisation du trafic urbain avec Miovision
- Inspection automatisée d'infrastructures renouvelables avec SkySpecs
- Soutien actif à des fonds dédiés aux minorités
- Partenariat équilibré en genre et origines au sein de l'équipe
Le "Whitney pattern" : construire des personnes, pas seulement des entreprises
Scott McDonald, cofondateur de McRock, parle du "Whitney pattern" : cette capacité unique à accompagner les talents, particulièrement ceux issus de l'immigration ou de milieux sous-représentés.
Mentorship, intégration communautaire, ouverture des portes... Whitney Rockley voit son rôle bien au-delà des seuls retours financiers. Elle construit des carrières et des réseaux durables.
Cette approche humaine transparaît même dans les traditions de l'entreprise, comme les vidéos de Noël caritatives. Cette année, le tournage a récolté des milliers de dollars pour une fondation aidant les jeunes victimes de violence sexuelle.
Pourquoi cette nomination résonne au-delà du secteur tech
L'Ordre du Canada décerné à Whitney Rockley envoie un message puissant à toute la communauté startup canadienne. Dans un écosystème souvent critiqué pour son manque de diversité, sa trajectoire prouve qu'excellence et inclusion ne s'opposent pas.
Alors que le Canada cherche à se positionner comme hub technologique mondial, des figures comme elle montrent la voie : performance durable, responsabilité sociale et ouverture à tous les talents.
Son conseil aux femmes qui veulent entrer dans le venture capital ? Suivre leur passion et persévérer. Car malgré les obstacles, le jeu en vaut largement la chandelle.
« Continuez, parce que c'est un privilège incroyable. C'est tellement amusant. »
– Whitney Rockley
Vers un venture capital canadien plus inclusif
La nomination de Whitney Rockley arrive à un moment charnière. Les rapports sur la diversité dans le capital-risque canadien montrent des progrès, mais encore timides. Les femmes restent sous-représentées parmi les associés décisionnaires.
Malgré tout, des initiatives comme celles lancées sous sa présidence à la CVCA portent leurs fruits. De plus en plus de fonds publient leurs statistiques diversité et adoptent des politiques d'investissement responsable.
En soutenant activement des gestionnaires émergents issus de minorités, McRock Capital démontre qu'il est possible de concilier impact social et rendements financiers solides.
L'histoire de Whitney Rockley rappelle que le changement vient souvent de ceux qui osent défier les conventions. En brisant un à un les plafonds de verre, elle ouvre la voie à toute une génération de talents divers.
Au-delà de la distinction personnelle, c'est tout l'écosystème tech canadien qui gagne avec cette reconnaissance. Preuve que miser sur l'inclusion n'est pas seulement juste : c'est aussi stratégique.
En cette fin 2025, la nomination de Whitney Rockley à l'Ordre du Canada nous invite à rêver d'un venture capital plus ouvert, plus innovant, et finalement plus performant. Parce que les meilleures idées viennent souvent de là où on ne les attend pas.