Worldcoin Reprend Ses Scans d’Iris au Kenya Après Enquête

Après près d'un an de suspension et d'enquête, les autorités kényanes viennent de donner leur feu vert à Worldcoin. La startup crypto controversée co-fondée par Sam Altman, patron d'OpenAI, va pouvoir reprendre ses activités de scan d'iris dans le pays. Mais à quelles conditions ?

Worldcoin de retour au Kenya malgré les inquiétudes

Le Kenya faisait partie des pays de lancement de Worldcoin pour son ambitieux projet d'identification et de cryptomonnaie basé sur la reconnaissance de l'iris. Mais quelques jours seulement après son démarrage en juillet dernier, le programme a été stoppé net par les régulateurs locaux.

Motif : des doutes sur la sécurité, la légalité et la protection des données personnelles. S'en est suivie une enquête approfondie menée par la Direction des enquêtes criminelles (DCI) kényane pendant de longs mois. En parallèle, un comité parlementaire s'était aussi penché sur le dossier et avait recommandé une fermeture pure et simple des opérations.

Le comité a conclu que les activités de Worldcoin "constituaient des actes d'espionnage et une menace pour l'État".

Rapport du comité parlementaire kényan

Une reprise sous conditions

Mais contre toute attente, la DCI vient d'annoncer dans un courrier adressé à Worldcoin que l'enquête était close "sans autre action de la police". Un revirement qui ouvre la voie à une reprise des activités de la startup dans le pays.

Toutefois, les autorités appellent Worldcoin à se mettre en règle :

• Enregistrer officiellement son activité
• Obtenir les licences requises
• Contrôler ses fournisseurs locaux

Des conditions "pour une poursuite prudente des opérations" souligne le courrier de la DCI. Worldcoin devra donc jouer la carte de la transparence et du respect des réglementations locales pour éviter un nouveau dérapage.

Des inquiétudes toujours présentes

Car si ce feu vert kényan est une victoire pour la startup, les inquiétudes autour de son modèle ne sont pas dissipées pour autant. Worldcoin fait toujours l'objet d'investigations dans plusieurs pays européens comme l'Allemagne, l'Espagne ou le Portugal.

En cause : la collecte massive de données biométriques ultra-sensibles et leur potentielle exploitation à des fins obscures. Des questions éthiques profondes que soulève ce type de technologie et auxquelles les États peinent encore à répondre.

La situation avec Worldcoin montre les problèmes potentiels de cette technologie, mais aussi à quel point de nombreuses juridictions sont mal préparées pour faire face aux nouvelles technologies introduites à un rythme rapide.

Une nécessaire régulation des innovations

Face à ce défi, le Kenya semble toutefois décidé à se doter d'un cadre adapté. En avril, le gouvernement a mis en place une équipe technique multisectorielle chargée d'élaborer un cadre réglementaire et de surveillance pour l'usage des actifs virtuels. Une initiative qui pourrait servir de référence pour d'autres pays.

Car au-delà du cas Worldcoin, c'est toute la question de la régulation des innovations de rupture qui est posée. Comment concilier le potentiel immense de ces technologies avec la protection des citoyens et de leurs droits fondamentaux ?

Une équation complexe à laquelle les États, les entreprises et la société civile devront trouver des réponses collectives. Sous peine de voir émerger des outils puissants mais incontrôlables, menaçant nos libertés individuelles. L'exemple de Worldcoin doit servir de piqûre de rappel pour bâtir un écosystème d'innovation éthique et responsable.