WorldGrid : une filiale stratégique d’Atos soutenue par l’État
Dans un contexte d'incertitude sur l'avenir du groupe Atos, le Ministre de l'Économie Bruno Le Maire a annoncé mardi son intention de garder « sous le contrôle de l'État » la filiale Worldgrid, entreprise hautement stratégique produisant des logiciels de contrôle-commande pour les centrales nucléaires françaises.
Worldgrid, qui compte 1200 collaborateurs dans le monde dont 600 en France, équiperait avec ses systèmes la moitié du parc nucléaire français et près de 15% des réacteurs à l'international. Véritable système nerveux des centrales, ses logiciels permettent de superviser en temps réel leur fonctionnement pour optimiser la maintenance, la sûreté et la performance.
Un actif critique pour la souveraineté énergétique et numérique française
Pour les pouvoirs publics, il est hors de question de laisser passer sous pavillon étranger cette pépite technologique. L'État a déjà mobilisé 50 millions d'euros pour protéger d'autres activités sensibles d'Atos (calcul haute performance, cybersécurité, contrats Défense...).
Bruno Le Maire a précisé que Worldgrid pourrait être repris par EDF ou une entreprise proche. Un soutien de Bpifrance est aussi envisagé. Pour les parlementaires, la protection de cet actif est primordiale:
Worldgrid ne peut pas tomber dans des mains étrangères. C'est une question de souveraineté énergétique et numérique pour la France.
Extrait du rapport du Sénat d'avril 2024
Des logiciels au cœur de la sûreté et de la performance nucléaire
Avec ses outils, Worldgrid joue un rôle central dans la conduite des 56 réacteurs du parc français. Ses systèmes seront aussi déployés sur les 6 futurs EPR2. Leur fiabilité est critique pour:
- Assurer la sûreté en supervisant en continu les paramètres clés
- Programmer les opérations de maintenance
- Optimiser la disponibilité des tranches en exploitation
La mise sous contrôle étatique de cette filiale apparaît donc comme un enjeu majeur à l'heure où la France mise sur le nouveau nucléaire pour assurer sa transition énergétique. Une nationalisation, même temporaire, n'est pas exclue.
Quelle issue pour Atos?
En grandes difficultés financières, Atos a reçu trois offres de reprise concurrentes, portées par des fonds d'investissement et des créanciers. Une décision est attendue d'ici au 31 mai.
Mais l'État entend rester vigilant sur le sort des actifs les plus stratégiques comme Worldgrid, quitte à les sortir du périmètre. La souveraineté technologique de la France dans le domaine de l'énergie en dépend.