X modifie les revenus des créateurs axés sur l’engagement
Dans un contexte de boycott publicitaire sur sa plateforme, X (anciennement Twitter) opère un virage stratégique majeur en annonçant une refonte de son système de rémunération des créateurs de contenu. Exit le modèle basé sur un pourcentage des revenus publicitaires générés, place à une approche centrée sur l'engagement suscité auprès des abonnés Premium. Une petite révolution qui pourrait bien changer la donne sur le réseau social.
X mise sur l'engagement plutôt que la publicité
Alors que les annonceurs boudent de plus en plus la plateforme, allant même jusqu'à poursuivre X en justice pour leur boycott, l'entreprise dirigée par Elon Musk change son fusil d'épaule. Désormais, les créateurs ne seront plus rémunérés en fonction des publicités affichées sous leurs tweets, mais directement selon l'engagement que leurs contenus génèrent auprès des utilisateurs Premium.
Un changement de paradigme qui vise à rendre le modèle économique de X moins dépendant des revenus publicitaires, tout en incitant les influenceurs à produire du contenu favorisant l'interaction. Car il faut bien le reconnaître, c'est souvent ce type de publications qui créent le buzz et font réagir la communauté, que ce soit par des mentions J'aime, des retweets ou des réponses enflammées.
Vers une course à l'engagement ?
Mais attention, ce système comporte aussi des risques. Sur d'autres plateformes comme Instagram qui privilégient déjà l'engagement, on a vu fleurir le "rage bait", ces contenus volontairement provocateurs dont le seul but est de générer un maximum de commentaires et de prises de parole, quitte à attiser les débats et les polémiques. Adam Mosseri, le patron d'Instagram, a d'ailleurs dû récemment reconnaître le problème et promettre d'y remédier.
Plus il y aura d'abonnements Premium au total, plus vous pourrez gagner de revenus.
– X, dans son annonce aux créateurs
X, de son côté, ne semble pas vouloir pour l'instant modérer ce système. Au contraire, la plateforme promet aux influenceurs qu'ils gagneront plus d'argent ainsi, compte tenu du potentiel accru d'engagement. De quoi les inciter à redoubler d'efforts et de créativité pour susciter un maximum de réactions, quitte à flirter avec la controverse.
Quelles conséquences en vue des élections américaines ?
Ce changement de politique intervient à quelques mois des élections présidentielles américaines de 2024. Un timing qui n'est sans doute pas anodin, alors que les réseaux sociaux comme X jouent un rôle de plus en plus crucial dans le débat politique et la formation de l'opinion. En encourageant les contenus clivants et les prises de position tranchées, la plateforme pourrait bien attiser encore davantage la polarisation de la société.
D'autant que les technologies comme l'intelligence artificielle permettent désormais de créer des "deep fakes" ultra réalistes, ces vidéos truquées impossibles à différencier de la réalité. De quoi alimenter les théories du complot et propager massivement les "fake news" dans le but de générer un maximum de réactions. Un défi pour la démocratie que X devra prendre à bras le corps s'il ne veut pas devenir la plateforme de prédilection des manipulateurs en tous genres.
Un tournant majeur pour le modèle des plateformes sociales
Au-delà du cas spécifique de X, cette évolution illustre une tendance de fond dans l'univers des réseaux sociaux : le passage d'un modèle basé sur la publicité à une logique d'abonnement Premium, censée garantir une meilleure expérience utilisateur et des contenus de qualité. Cela implique de repenser en profondeur le système de rétribution des créateurs, pour les orienter vers des publications apportant une vraie valeur ajoutée à la communauté.
Reste à savoir si cette stratégie sera payante sur le long terme, tant pour les plateformes que pour les influenceurs eux-mêmes. Car produire des contenus qualitatifs et engageants demande du temps, de l'énergie et souvent des moyens conséquents. À l'heure où la concurrence fait rage pour capter l'attention des internautes, il n'est pas certain que miser uniquement sur le sensationnalisme soit la solution la plus pérenne.
Une chose est sûre : en rebattant ainsi les cartes de la monétisation, X prouve qu'il compte rester un acteur incontournable du paysage numérique malgré la défiance des annonceurs. Un pari audacieux qui pourrait bien inspirer d'autres plateformes si le succès est au rendez-vous. Les créateurs, eux, devront plus que jamais redoubler de talent et d'inventivité pour tirer leur épingle du jeu dans cet écosystème en pleine mutation.
