Xanadu annonce un tournant pour l’informatique quantique avec Aurora
L'informatique quantique promet de révolutionner le calcul en tirant parti des lois de la physique quantique. Mais pour délivrer des applications concrètes, les ordinateurs quantiques doivent gagner en performance et en connectivité. C'est précisément le défi que vient de relever la pépite canadienne Xanadu avec son nouveau calculateur quantique photonique Aurora, capable de mettre en réseau des racks de serveurs quantiques.
Aurora, pionnier des réseaux quantiques photoniques
Fondée en 2016, la startup de Toronto Xanadu s'est distinguée en misant sur une approche originale de l'informatique quantique, basée sur les photons. Là où les leaders comme Google ou IBM manipulent des qubits supraconducteurs à des températures proches du zéro absolu, Xanadu encode l'information dans des particules de lumière, à température ambiante.
Cette technologie baptisée photonique présente plusieurs atouts : elle permet d'utiliser les équipements de l'industrie des semi-conducteurs, de recycler les composants optiques des réseaux télécoms, et surtout de connecter les puces quantiques via de la fibre optique. C'est ce dernier point qu'exploite Aurora, la nouvelle génération d'ordinateurs quantiques de Xanadu.
12 qubits répartis sur 4 racks serveurs interconnectés
Aurora se compose de 4 racks serveurs modulaires et indépendants, reliés de manière photonique. Ses 12 qubits sont portés par 35 puces photoniques et interconnectés via 13 kilomètres de fibre optique. Selon une étude publiée dans la revue Nature, cette architecture distribuée et évolutive "marque une étape charnière vers une informatique quantique à l'échelle industrielle".
Les deux grands défis de l'informatique quantique sont l'amélioration des performances (correction d'erreurs) et l'évolutivité (réseaux). Avec Aurora, Xanadu a résolu le problème de l'évolutivité.
Christian Weedbrook, fondateur et PDG de Xanadu
Vers des ordinateurs quantiques utiles à grande échelle
D'après Christian Weedbrook, Aurora pourrait théoriquement être étendu à des milliers de racks et des millions de qubits dès aujourd'hui, ouvrant la voie à un véritable centre de données quantiques. Mais plutôt que la course aux qubits, Xanadu préfère se concentrer sur l'amélioration des performances, en visant des qubits moins sensibles aux pertes optiques et aux erreurs.
Levée après levée, la licorne canadienne multiplie les percées vers des ordinateurs quantiques à la fois puissants, fiables et évolutifs, capables de résoudre des problèmes concrets. Fin 2022, son précédent modèle Borealis a atteint "l'avantage quantique", en dépassant les capacités des meilleurs supercalculateurs sur une tâche spécifique.
L'informatique quantique à l'aube d'un boom à la IA ?
Portée par ces avancées spectaculaires, l'informatique quantique pourrait bientôt connaître son "moment IA", prédit Christian Weedbrook, avec un engouement similaire à celui suscité par l'intelligence artificielle générative. Alors que la demande explose, les ordinateurs quantiques photoniques de Xanadu ont un atout de taille : leur capacité à se connecter pour former de vastes réseaux quantiques, à l'image des centres de données traditionnels.
Avec 275 millions de dollars levés, dont 100 millions fin 2022 qui l'ont propulsé au rang de licorne, Xanadu compte désormais 190 employés et vise un nouveau tour de 200 millions pour bâtir son premier centre de données quantiques à l'horizon 2029. En attendant cette prochaine révolution des supercalculateurs, les innovations d'Aurora ouvrent déjà de nouvelles perspectives à l'informatique quantique.