L’IA Générative et le Cloud Computing : Défis et Leçons des CIOs
Nous sommes en 2024 et l'intelligence artificielle générative est sur toutes les lèvres. Mais pour les directeurs des systèmes d'information (DSI ou CIOs en anglais), cette révolution technologique fait écho à une autre d'il y a une quinzaine d'années : l'avènement du cloud computing. Si les promesses sont immenses, les défis aussi, notamment en termes de gouvernance, de sécurité et d'usage responsable. Alors comment les CIOs appréhendent-ils cette nouvelle vague d'innovation ? Quelles leçons ont-ils retenu du passé pour mieux surfer sur la déferlante de l'IA générative ?
Le cloud computing, un déjà-vu pour les CIOs ?
Revenons un instant en 2010. Les CIOs réunis au symposium du MIT Sloan évoquaient alors ce sujet émergent qu'était le cloud computing. Leurs préoccupations tournaient autour de la gouvernance, de la sécurité et de l'utilisation responsable de cette nouvelle technologie. Mais à l'époque, le réflexe était souvent de dire "non" par défaut aux demandes des employés. Ce qui a donné naissance au phénomène du "Shadow IT", ces solutions cloud adoptées sans l'aval de la DSI.
Aujourd'hui, la donne a changé. Les CIOs savent que s'opposer frontalement à l'IA générative sera vain. Les employés trouveront toujours un moyen de contourner les interdits. « Vous savez, tout est là, démocratisé », constate Akira Bell, DSI de Mathematica, lors d'une table ronde sur le sujet. « Nous ne pouvons pas et ne voulons pas être "les agents du non" ».
Vers un usage responsable et maîtrisé
Plutôt que de dire "non", les CIOs misent désormais sur un usage responsable et réfléchi de l'IA générative :
- S'assurer que les données sont prêtes et sécurisées
- Former les employés aux bonnes pratiques
- Identifier les cas d'usage pertinents
Il s'agit d'accompagner les équipes pour qu'elles tirent le meilleur parti de l'IA générative, sans mettre en risque l'entreprise. Un équilibre subtil mais nécessaire.
Piloter plutôt que subir
Pour Angelica Tritzo, CIO de GE Vernova, la clé est d'avancer de façon délibérée et progressive : « Nous avons plusieurs pilotes à différents stades de maturité. Comme beaucoup, nous ne comprenons pas encore tout le potentiel. ». Cette démarche permet d'apprendre par l'expérience, d'identifier les écueils et d'ajuster le tir.
Chris Bedi, Chief Digital Information Officer chez ServiceNow, va plus loin. Pour lui, d'ici quelques années, les employés exigeront de pouvoir utiliser l'IA générative dans leur travail, comme ils ont réclamé les outils cloud par le passé. Ne pas les y préparer serait une erreur. C'est pourquoi ServiceNow a lancé un programme de formation pour créer une "culture IA" dans l'entreprise.
Nous avons créé des parcours d'apprentissage, avec des niveaux IA 101, 201 et 301. Car nous savons que l'avenir est à l'IA et nous devons mettre toute notre main-d'œuvre à l'aise avec elle.
Chris Bedi, ServiceNow
L'agilité comme maître-mot
Au final, même si les préoccupations des CIOs face à l'IA générative ressemblent à celles qu'ils avaient pour le cloud, leur approche a évolué. Finie la politique de la porte fermée. Place à l'agilité et l'accompagnement des utilisateurs, dans un cadre maîtrisé.
Cela ne se fera pas sans difficultés, tant les enjeux de gouvernance, de sécurité et d'éthique sont complexes avec l'IA générative. Mais en capitalisant sur les leçons du passé, les CIOs sont mieux armés pour transformer ce défi en opportunité. À eux de tracer la voie vers une adoption raisonnée et créatrice de valeur de cette technologie disruptive.
L'histoire du SI est faite de cycles. Ce qui semblait indomptable hier devient le standard de demain. Nul doute que les CIOs sauront, une fois encore, être à la pointe de cette nouvelle révolution, sans pour autant céder aux modes et aux sirènes de la facilité. Un défi aussi passionnant que crucial pour dessiner l'entreprise du futur.
