Investissements en baisse pour les startups fondées par des femmes
Alors que l'écosystème des startups se remet progressivement de la crise sanitaire, force est de constater que toutes les jeunes pousses ne sont pas logées à la même enseigne. Les startups fondées par des femmes peinent en effet à attirer les investisseurs en 2024, malgré quelques belles réussites.
Un recul inquiétant des investissements
Selon les données de Pitchbook, les startups avec au moins une fondatrice ont levé 15,5 milliards de dollars au premier semestre 2024, soit 17% du total, contre 24,8 milliards (28%) sur la même période en 2023. Plus alarmant, les startups uniquement fondées par des femmes n'ont récolté que 2,2% du capital-risque depuis janvier, un ratio qui stagne autour des 2% depuis quatre ans maintenant, y compris quand les montants globaux atteignaient des records.
Kyle Stanford, analyste chez Pitchbook, confirme une année 2024 particulièrement difficile pour les fondatrices, avec seulement 372 deals au premier semestre contre 536 l'an dernier. Il pointe notamment le climat politique tendu et le récent jugement contre Fearless Fund comme des freins à l'investissement dans la diversité.
Des success stories malgré tout
Dans ce contexte morose, certaines startups tirent néanmoins leur épingle du jeu :
- DayDream, le moteur de recherche e-commerce dopé à l'IA de Julie Bornstein, a levé 50 millions en seed en juin
- Sensi.AI, qui développe une solution de suivi des personnes âgées, a bouclé une Series B de 31 millions
De quoi redonner espoir aux entrepreneures malgré les vents contraires. D'autant que les tours plus avancés (venture growth) pour les startups avec des fondatrices atteignent des niveaux records cette année selon Pitchbook.
L'atout des équipes mixtes
Pour maximiser leurs chances, beaucoup misent sur des équipes mixtes, perçues comme plus équilibrées et complémentaires par les investisseurs. C'est le cas de Kate Bodrova, cofondatrice de la edtech Amazy, actuellement en pleine levée de fonds :
Les équipes mixtes sécurisent souvent plus de financement, étant perçues comme offrant des perspectives équilibrées et un plus large éventail de compétences.
– Kate Bodrova, fondatrice de Amazy
Elle reconnaît l'existence de biais dans le venture capital, mais appelle surtout les fondatrices à se concentrer sur la croissance et à constituer une équipe solide pour convaincre, plutôt que d'essayer de jouer un quelconque système. Le financement suivra naturellement les startups performantes.
Encore du chemin vers la parité
Malgré une légère embellie au deuxième trimestre, où les startups 100% féminines ont levé 1,1 milliard de dollars contre 900 millions un an plus tôt, leur plus haut niveau depuis début 2022, la tendance de fond reste préoccupante. À ce rythme, difficile d'imaginer dépasser les 2% de financement d'ici la fin de l'année.
Si les mentalités évoluent et les success stories se multiplient, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre une véritable égalité des chances dans le financement des startups. Un défi de taille pour l'écosystème, mais aussi une formidable opportunité de ne pas passer à côté des pépites de demain, qu'elles soient portées par des femmes, des hommes ou des équipes mixtes. L'avenir le dira.