Glencore Mise Sur Le Charbon Malgré Les Critiques
Le géant suisse des matières premières Glencore fait un pari à contre-courant en misant encore sur le charbon. Malgré les appels pressants à décarboner l'économie face à l'urgence climatique, le groupe vient de renforcer sa position dans le secteur en rachetant les activités charbon métallurgique de la compagnie minière canadienne Teck Resources, rebaptisées Elk Valley Resources. Une opération à près de 7 milliards de dollars qui souligne l'attachement de Glencore à ce combustible fossile, dont la consommation mondiale ne cesse pourtant d'augmenter d'année en année.
Le charbon, une vache à lait difficile à abandonner
Pourtant en 2023, Glencore avait fait mine de vouloir se verdir en envisageant de se séparer de ses mines de charbon. Mais début août, après un vote massif de ses actionnaires, le groupe a annoncé qu'il conserverait finalement ces activités. La raison ? Ce marché reste extrêmement lucratif, avec une consommation mondiale qui devrait atteindre les 8,7 milliards de tonnes en 2024 selon l'Agence internationale de l'énergie.
Glencore, qui produit déjà plus de 100 millions de tonnes de charbon thermique par an, principalement en Australie, en Colombie et en Afrique du Sud, ne veut pas abandonner cette vache à lait. Quitte à perdre des places dans les classements de responsabilité environnementale...
Miser sur le futur de la sidérurgie
Avec le rachat d'Elk Valley Resources, c'est surtout sur le charbon métallurgique, utilisé dans la production d'acier, que mise désormais Glencore. Un secteur encore plein d'avenir selon son directeur général Gary Nagle, en raison "de l'inertie des systèmes industriels et du jeune âge de la flotte de hauts fourneaux dans le monde". La transition vers des aciéries décarbonées, utilisant l'hydrogène par exemple, prendra en effet de nombreuses années.
Le charbon est l'énergie du passé, mais il a de l'avenir pour de nombreuses années encore dans la sidérurgie.
- Gary Nagle, CEO de Glencore
Un pari risqué face à la pression climatique
Miser sur le charbon reste toutefois un pari risqué à l'heure où l'urgence climatique est sur toutes les lèvres. De plus en plus d'investisseurs et de clients font pression pour une décarbonation rapide de l'industrie. Même si la demande reste forte à court terme, le charbon, qu'il soit thermique ou métallurgique, apparaît comme une énergie du passé vouée à décliner.
Glencore assure vouloir jouer un rôle actif dans la transition énergétique en développant parallèlement ses activités dans les métaux critiques pour les technologies vertes, comme le cuivre, le cobalt ou le nickel. Mais avec cette acquisition dans le charbon, le groupe envoie un signal contradictoire et prend le risque de ternir son image auprès du public et des investisseurs responsables.
- Glencore mise toujours sur le charbon malgré les critiques
- Le marché du charbon métallurgique jugé porteur
- Un pari risqué face à l'urgence climatique
L'avenir dira si la stratégie charbon de Glencore était un bon calcul ou un aveuglement coupable. Une chose est sûre : pour rester un leader des matières premières, le groupe devra accélérer sa propre transition et résoudre la contradiction entre ses ambitions vertes affichées et son attachement aux combustibles fossiles du passé.
