Tesla et l’avenir incertain des robot-taxis autonomes
La voiture autonome de niveau 5, sans aucune intervention humaine, est-elle pour bientôt ? C'est ce qu'Elon Musk semblait promettre lors de son dernier show à Los Angeles. Mais derrière l'enthousiasme et les prototypes futuristes, le flou persiste sur la faisabilité et le calendrier de ces robot-taxis révolutionnaires.
Un show Tesla à la hauteur des attentes ?
Au cœur des studios Warner Bros, Elon Musk a dévoilé sa vision du transport du futur, matérialisée par le Cybercab. Ce prototype sans volant ni pédales, à la carrosserie galbée rappelant une mini version du Cybertruck, promet une autonomie de niveau 5. De quoi bouleverser notre façon de nous déplacer, avec des trajets à 10 cents du kilomètre grâce à une utilisation ultra optimisée des véhicules.
Seulement voilà, côté technique, les détails restent minces. Elon Musk assure que l'autonomie complète sera atteinte "dans un an", sans préciser comment passer du niveau 2 actuel, qui nécessite une vigilance permanente du conducteur, au fameux niveau 5. Quant à la production, prévue pour "2026 ou 2027", aucune information n'a été donnée sur les capacités industrielles et les investissements nécessaires.
Des concurrents déjà sur les starting-blocks
Tesla n'est pas seul sur ce marché d'avenir. Si son Cybercab promet un prix canon de 30 000$, d'autres constructeurs planchent déjà sur des concepts similaires :
- Waymo (Google) teste ses taxis autonomes à Phoenix depuis 2020
- Cruise (General Motors) opère des robot-taxis à San Francisco
- Baidu déploie ses taxis autonomes Apollo dans plusieurs villes chinoises
Des projets certes encore en phase de test à petite échelle, mais qui prouvent que la course est lancée. Tesla pourra-t-il rattraper son retard avec une technologie réellement supérieure ?
Un show pour distraire des difficultés ?
Avec ses effets d'annonce, Elon Musk tente de faire oublier les retards de Tesla dans la conduite autonome, souligne un analyste. Le constructeur subit la pression de son ambitieux programme, alors que ses systèmes d'aide à la conduite sont critiqués après plusieurs accidents.
Dan Ives, analyste chez Wedbush
Des doutes et une certaine déception pointent donc après ce show teinté d'effets de manche plus que de démonstrations concrètes. Avec des délais sans cesse repoussés, la révolution des robot-taxis version Tesla reste un mirage. Certains soupçonnent le bouillant entrepreneur de vouloir avant tout rassurer ses actionnaires et faire oublier les retards.
Le transport du futur, oui mais quand ?
Cet épisode illustre en tout cas toute la complexité du passage aux véhicules autonomes, malgré les progrès constants. Les enjeux de sécurité et de régulation imposent une prudence qui cadre mal avec la hype et l'impatience des marchés.
Parvenir à une autonomie de niveau 5 nécessite de franchir un mur technologique, rappelle un expert. Cela implique de pouvoir gérer une infinité de scénarios complexes, bien au-delà des zones géographiques limitées actuelles. Sans parler de l'acceptation par les régulateurs et l'opinion publique.
Sébastien Ruffino, consultant en nouvelles mobilités
La route est donc encore longue avant de voir des flottes de robot-taxis sillonner nos villes. Mais Elon Musk n'en démord pas, promettant que les Cybercabs "changeront le monde bien plus que ce que l'on imagine".
En attendant de pouvoir tester la réalité de ces progrès, le suspense reste entier sur le calendrier et les chances de succès de cette disruption annoncée des transports. Un défi aussi excitant que complexe pour l'industrie automobile, dans lequel Tesla entend bien jouer les premiers rôles malgré une concurrence de plus en plus affûtée. La bataille ne fait que commencer !