Stellantis et l’Italie : Un partenariat stratégique crucial
La stratégie industrielle du constructeur automobile Stellantis est plus que jamais sous le feu des projecteurs en Italie. Le gouvernement transalpin souhaite en effet que le pays retrouve une place centrale dans les plans du groupe né de la fusion entre PSA et Fiat-Chrysler. Mais quelles sont les ambitions de Rome et comment compte-t-elle peser dans les décisions du géant de l'automobile ? Éléments de réponse.
L'Italie veut reprendre la main sur son destin automobile
Ces derniers mois, les relations entre Stellantis et le gouvernement italien ont été pour le moins tendues. Plusieurs responsables politiques ont accusé l'ex-patron Carlos Tavares de délaisser les sites historiques du pays au profit de délocalisations. Mais avec le départ soudain du dirigeant début décembre, Rome entend bien changer la donne et repartir sur de nouvelles bases avec le constructeur.
Il doit y avoir un plan d'affirmation de l'Italie au sein du plan industriel de Stellantis qui protège les usines nationales.
Adolfo Urso, ministre italien de l'Industrie
Un nouveau chapitre avec John Elkann
Pour le ministre de l'Industrie Adolfo Urso, l'heure est venue de tourner la page Tavares et d'ouvrir un nouveau chapitre des relations italo-Stellantis. "Il n'y a plus de Tavares, il n'a pas compris la réalité", a-t-il déclaré sans détour. Le coup de fil du président de Stellantis John Elkann à la Première ministre Giorgia Meloni pour l'informer de ce changement à la tête du groupe a été perçu comme un signe de la volonté d'écrire une nouvelle page.
Des "ressources financières importantes" attendues
Concrètement, Rome attend de Stellantis qu'il mette la main au portefeuille pour préserver la compétitivité de la filière automobile nationale. "Nous souhaitons que Stellantis s'engage à fournir des ressources financières importantes pour garantir que l'Italie conserve une industrie automobile compétitive", a souligné Adolfo Urso. L'objectif est clair : obtenir des investissements et des garanties sur le maintien de l'activité et des emplois dans la péninsule.
Rendez-vous le 17 décembre pour en savoir plus
Une réunion déterminante est programmée le 17 décembre prochain entre le gouvernement, Stellantis et les syndicats pour discuter de l'avenir de l'industrie automobile italienne. Giuseppe Manca, le responsable des ressources humaines et des relations industrielles de Stellantis en Italie, a laissé entendre que le groupe pourrait annoncer de "bonnes nouvelles" à cette occasion. Réponse dans quelques jours, donc.
L'automobile, un secteur vital pour l'économie italienne
Il faut dire que l'enjeu est de taille pour le tissu industriel transalpin. Le secteur automobile pèse lourd, à la fois en termes d'emplois, de valeur ajoutée et d'exportations. Voici quelques chiffres clés :
- L'automobile représente près de 5% du PIB italien.
- La filière emploie directement et indirectement plus de 300 000 personnes.
- Les usines Stellantis génèrent à elles seules environ 25% de la production automobile italienne.
Autant dire que Rome a tout intérêt à s'assurer que Stellantis maintienne, voire renforce, son ancrage industriel dans le pays. D'autant que la concurrence des autres pays européens, à commencer par la France et l'Allemagne, est particulièrement féroce pour attirer les investissements des constructeurs.
Cap sur l'électrification et la voiture du futur
Au-delà des enjeux immédiats de préservation de l'outil industriel, l'Italie veut aussi s'assurer de rester dans la course de l'innovation automobile. Avec la révolution de l'électrique et de la voiture connectée et autonome, le secteur est en plein bouleversement. Et Rome ne compte pas rester sur le bord de la route.
Le pays dispose d'atouts certains, notamment en matière de design et de fabrication de voitures haut de gamme et sportives, des créneaux sur lesquels excellent des marques comme Maserati ou Alfa Romeo. Mais pour réussir la transition vers les nouveaux modes de motorisation et de mobilité, des investissements massifs sont nécessaires.
C'est tout l'enjeu des discussions à venir entre Stellantis et les autorités italiennes. Ces dernières veulent s'assurer que le groupe jouera bien son rôle de locomotive pour projeter la filiera dans le futur de l'automobile. Les prochaines semaines s'annoncent donc décisives pour dessiner les contours de ce nouveau partenariat stratégique italo-Stellantis. Un feuilleton industriel et politique à suivre de près.