L’annus horribilis de Boeing : Retour sur la crise de 2024
Quand on pense à l'aéronautique, Boeing est l'un des premiers noms qui vient à l'esprit. Ce fleuron de l'industrie américaine a pourtant connu l'une des pires années de son histoire en 2024, entre incidents techniques à répétition, grève inédite et perte de confiance des compagnies aériennes. Retour sur cette annus horribilis.
De la porte arrachée en vol à la grève historique
Tout commence le 5 janvier 2024, quand un 737 MAX d'Alaska Airlines est contraint à un atterrissage d'urgence après l'arrachement d'une porte en plein vol, quelques minutes seulement après le décollage. L'enquête révèlera l'absence de plusieurs boulons de fixation, pointant de graves défauts de contrôle qualité.
Cet incident fait écho aux crashs meurtriers des 737 MAX en 2018-2019 causés par des défauts de conception. Les problèmes de qualité et de sécurité semblent toujours hanter Boeing, conséquence d'années de réduction des coûts et de pression sur les sous-traitants.
Le mécontentement gronde aussi en interne. Après des années de modération salariale, les ouvriers déclenchent une grève le 13 septembre qui durera 57 jours. Un mouvement social historique par sa durée et son impact sur la production. Les grévistes obtiennent finalement une hausse de salaire de 38% sur 4 ans.
L'homme providentiel pour relancer Boeing?
C'est dans ce contexte agité qu'arrive Kelly Ortberg, tout juste nommé PDG à la place de Dave Calhoun. Cet ingénieur expérimenté aura la lourde tâche de restaurer la réputation et la performance industrielle de Boeing en 2025.
Le premier chantier sera de relancer et sécuriser la production après les semaines de grève. Les livraisons 2024 seront forcément très inférieures aux 806 appareils livrés en 2018, un record. Début décembre, seuls 318 avions étaient sortis des usines.
À plus long terme, Boeing devra reconquérir la confiance des compagnies aériennes et des passagers. Cela passera par une remise à plat des procédures de contrôle qualité et un réinvestissement dans la R&D et les ressources humaines.
Réinventer Boeing, un défi immense mais nécessaire
Boeing a les reins solides grâce à son carnet de commandes et sa position de duopole avec Airbus. Mais l'avionneur de Seattle doit impérativement se réinventer s'il veut retrouver son lustre d'antan et rester dans la course face à son rival européen et aux nouveaux entrants.
La priorité absolue est de restaurer notre culture d'excellence technique et de qualité. Nos avions doivent redevenir les plus sûrs et les plus fiables du marché.
Kelly Ortberg, nouveau PDG de Boeing
Espérons que 2025 marque un nouveau départ pour ce géant qui a façonné l'histoire de l'aviation civile. Les enjeux vont bien au-delà de Boeing : c'est toute la filière aéronautique américaine qui a besoin d'un leader industriel fort et innovant.