La Chine Prolonge son Enquête Antidumping sur les Eaux-de-vie Européennes
Les relations commerciales entre la Chine et l'Union européenne traversent une période de turbulences, comme en témoigne la récente décision du ministère chinois du Commerce de prolonger son enquête antidumping sur les eaux-de-vie de vin importées depuis l'UE. Cette mesure, qui concerne notamment le cognac français, est largement perçue comme des représailles aux projets européens de droits de douane sur les véhicules électriques chinois.
Une enquête complexe aux lourdes conséquences
Lancée le 5 janvier 2024, l'enquête antidumping chinoise devait initialement durer un an. Cependant, invoquant la complexité du dossier, Pékin a annoncé le 25 décembre qu'elle serait prolongée de trois mois supplémentaires, repoussant son terme au 5 avril 2025. Cette décision intervient alors que des mesures provisoires avaient déjà été imposées en octobre dernier.
Dans le cadre de ces mesures, les importateurs chinois souhaitant acheter des eaux-de-vie européennes doivent s'acquitter auprès des douanes de dépôts de garantie avoisinant les 40%. Un coup dur pour les producteurs du Vieux Continent, et notamment pour les maisons de cognac françaises qui réalisent une part importante de leur chiffre d'affaires en Chine.
Le cognac français dans le viseur
En 2023, les exportations de cognac vers l'Empire du Milieu ont représenté 99% des importations chinoises de cette eau-de-vie, pour un montant total de 1,7 milliard de dollars. La prolongation de l'enquête antidumping et les mesures provisoires qui l'accompagnent font peser une lourde menace sur ce marché crucial pour les producteurs charentais.
La Chine est devenue en quelques années un débouché majeur pour le cognac français. Ces mesures antidumping risquent de porter un coup d'arrêt brutal à cette dynamique.
Un porte-parole du Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC)
L'Europe contre-attaque à l'OMC
Face à ce qu'elle considère comme des mesures injustifiées et disproportionnées, l'Union européenne a décidé de saisir l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en novembre dernier. Bruxelles espère faire plier Pékin et obtenir la levée des entraves aux exportations d'eaux-de-vie européennes.
Cependant, la procédure à l'OMC est longue et complexe, et son issue demeure incertaine. En attendant, les producteurs européens, au premier rang desquels les maisons de cognac françaises, retiennent leur souffle et craignent de voir l'un de leurs principaux marchés se fermer brutalement.
Vers une escalade des tensions commerciales ?
Au-delà du cas spécifique des eaux-de-vie, c'est toute la relation commerciale entre l'UE et la Chine qui semble se tendre. Les projets européens de droits de douane sur les voitures électriques chinoises, jugés protectionnistes par Pékin, ont manifestement déclenché une riposte chinoise ciblant des secteurs sensibles comme les spiritueux.
Reste à savoir si l'UE et la Chine parviendront à désarmorcer cette spirale de sanctions et contre-sanctions, et à préserver les échanges et la coopération économique entre les deux géants. L'issue de cette enquête antidumping sur les eaux-de-vie européennes donnera sans doute le la des futures relations commerciales sino-européennes.
En bref:
- La Chine prolonge de 3 mois son enquête antidumping sur les eaux-de-vie européennes
- Des mesures provisoires imposent des dépôts de garantie de presque 40% aux importateurs chinois
- Le cognac français, dont 99% des exportations vers la Chine, est particulièrement menacé
- L'UE a saisi l'OMC, y voyant des représailles aux droits de douane prévus sur les voitures électriques chinoises
- Cette affaire illustre les tensions commerciales croissantes entre Bruxelles et Pékin