L’Europe Interdit le BPA dans les Emballages Alimentaires
Fini le bisphénol A dans nos emballages alimentaires ! C'est ce qu'a décidé la Commission européenne en adoptant un nouveau règlement qui interdit cette substance controversée dans tous les matériaux en contact avec les denrées alimentaires. Une mesure forte pour mieux protéger la santé des consommateurs face aux risques des perturbateurs endocriniens. Décryptage de ce règlement et de ses implications.
Le bisphénol A, un perturbateur endocrinien dans le viseur des autorités
Utilisé depuis des décennies dans certains plastiques et résines, le bisphénol A (BPA) est pointé du doigt pour ses effets néfastes sur la santé. Classé comme perturbateur endocrinien, il est soupçonné d'interférer avec le système hormonal et d'avoir des répercussions sur la reproduction, le développement, le métabolisme ou encore le système immunitaire.
Face à ces risques, les autorités sanitaires se mobilisent. En France, le BPA est déjà interdit dans les contenants alimentaires depuis 2015. Au niveau européen, le règlement de 2018 fixait des limites de migration mais autorisait encore son usage sous certaines conditions. Un cadre jugé insuffisant par les associations de défense des consommateurs et les ONG environnementales.
Un règlement ambitieux pour une interdiction totale
Le 19 décembre 2024, la Commission européenne franchit un cap décisif en adoptant le règlement 2024/3190 qui interdit purement et simplement le bisphénol A et ses dérivés dans tous les matériaux en contact alimentaire :
- Revêtements intérieurs des boîtes et canettes métalliques
- Bouteilles en plastique réutilisables
- Couvercles de bocaux
- Ustensiles de cuisine
- Colles et encres d'impression
Ce texte abroge le règlement de 2018 et complète la législation existante sur les produits pour nourrissons. Il prévoit une suppression progressive sur 18 mois pour la plupart des produits, avec des exceptions très limitées en l'absence d'alternatives, afin de laisser à l'industrie le temps de s'adapter.
Un avis de l'Efsa à l'origine du durcissement
À l'origine de ce bannissement étendu : l'avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) publié en avril 2023. L'agence y souligne les dangers du BPA, y compris à faible dose, et appelle à revoir la réglementation. Un argumentaire repris par plusieurs États membres et eurodéputés qui ont fait pression pour aller plus loin dans les restrictions.
Il est temps d'appliquer le principe de précaution et de protéger la santé publique, en particulier celle des populations les plus vulnérables comme les femmes enceintes et les jeunes enfants.
Lena Pötz, eurodéputée allemande, lors des débats au Parlement européen
Quelles conséquences pour les industriels et les consommateurs ?
Du côté des entreprises, ce règlement implique de trouver des substituts au BPA ne présentant pas de danger pour la santé. Des alternatives existent déjà comme certains polymères ou revêtements végétaux, mais elles peuvent s'avérer plus coûteuses. Les industriels devront donc investir dans la R&D et adapter leurs lignes de production.
Pour le consommateur, cette interdiction est une avancée positive en termes de sécurité sanitaire. À terme, elle devrait permettre de réduire l'exposition au BPA et ses effets délétères suspectés. Néanmoins, la vigilance reste de mise sur les substituts utilisés, qui doivent faire l'objet d'évaluations rigoureuses. La transparence sur la composition des emballages sera un enjeu clé pour maintenir la confiance.
En définitive, ce règlement marque un tournant dans la réglementation des matériaux en contact alimentaire. Il renforce le principe de précaution et témoigne d'une prise de conscience croissante des risques liés aux perturbateurs endocriniens. Une dynamique qui devrait s'accélérer à l'avenir, avec de probables évolutions sur d'autres substances préoccupantes. Les entreprises ont tout intérêt à anticiper ces mutations pour rester compétitives sur un marché où les attentes sanitaires et environnementales ne cessent de grandir.
