Fuite des cerveaux : Les travailleurs IT canadiens prêts à partir
Imaginez un instant que près de deux tiers de vos collègues et amis travaillant dans le secteur technologique songent sérieusement à faire leurs valises pour aller tenter leur chance de l'autre côté de la frontière. C'est malheureusement la réalité qui se dessine au Canada selon les résultats troublants d'une récente enquête menée auprès de 600 professionnels IT.
ComIT sonne l'alarme sur l'exode des talents tech
Le rapport 2025 General IT Survey de l'école des métiers du numérique ComIT basée à Winnipeg nous apprend que pas moins de 64% des travailleurs canadiens en technologies de l'information envisageraient de traverser la frontière pour occuper un poste similaire aux États-Unis si l'opportunité se présentait. Des chiffres qui font froid dans le dos quand on connaît l'importance stratégique de ce secteur pour l'économie et l'innovation.
Les résultats de notre sondage montrent les difficultés auxquelles sont confrontés les travailleurs tech et les répercussions que cela pourrait avoir. Cette volonté de partir travailler aux États-Unis va à l'encontre des efforts déployés ces dernières années pour garder nos talents au Canada.
– Pablo Listingart, directeur exécutif de ComIT
Un cocktail de frustrations qui poussent au départ
Parmi les principaux motifs d'insatisfaction cités par les professionnels de l'IT au Canada, on retrouve :
- Les sous-effectifs et turn-over élevés dans les équipes (28%)
- Le manque de considération pour le bien-être des employés
- Des infrastructures technologiques obsolètes
- Une gestion défaillante ou des managers sous-qualifiés
Des problématiques qui ne datent pas d'hier mais qui semblent s'être accentuées ces dernières années, notamment avec les vagues de licenciements dans le secteur tech. Dans ce contexte anxiogène, difficile pour les entreprises de fidéliser des talents qui reçoivent des propositions alléchantes de l'autre côté de la frontière.
Miroiter de meilleures perspectives au sud
Car le déséquilibre avec le marché de l'emploi des technologies aux États-Unis est criant. Pour un poste équivalent, un ingénieur à Toronto toucherait en moyenne 106 000 $ contre 260 000 $ à San Francisco selon une analyse de The Logic. Une différence substantielle qui compense largement le coût de la vie plus élevé dans la Silicon Valley.
Les écarts salariaux, combinés à la concentration de géants de la tech, de startups dynamiques et d'opportunités de carrière font que la Mecque du numérique continue d'attirer comme un aimant les cerveaux du monde entier. Y compris les précieux professionnels canadiens dont les compétences sont de plus en plus prisées sur le marché, créant un cercle vicieux.
Des leviers pour endiguer la fuite des talents
Face à cette menace, le secteur technologique canadien se doit d'agir pour endiguer cet exode des cerveaux. Parmi les pistes d'actions prioritaires identifiées par les professionnels sondés :
- Développer davantage de hubs technologiques en dehors des grandes métropoles (33%)
- Renforcer la formation et la montée en compétences des talents (42%)
Des initiatives qui permettraient de créer un écosystème technologique plus attractif, résilient et mieux réparti pour offrir des alternatives crédibles aux sirènes de la Silicon Valley. Le Canada dispose d'indéniables atouts, encore faut-il les cultiver et donner envie aux talents tech de rester pour construire l'avenir numérique du pays.
Reste que freiner la fuite des cerveaux demandera un effort collectif et de long terme. Entreprises, pouvoirs publics, communautés technologiques et établissements de formation doivent se mobiliser dès maintenant pour éviter que cette hémorragie de compétences clés ne se transforme en menace existentielle pour la compétitivité du secteur technologique canadien. L'avenir de notre économie du savoir en dépend.