Stellantis Renforce Son Conseil avec Via et Schroeder
Imaginez un géant de l’automobile qui, face à un monde en pleine mutation, décide de s’entourer de visionnaires issus de la tech et de la finance pour redessiner son avenir. C’est exactement ce que Stellantis, le quatrième constructeur mondial, vient de faire en proposant deux nouveaux visages à son conseil d’administration : Daniel Ramot, cofondateur de la start-up de covoiturage Via, et Alice Schroeder, ancienne pointure de Morgan Stanley. Cette annonce, dévoilée le 3 mars 2025, ne passe pas inaperçue : elle signe une volonté claire de marier innovation technologique et stratégie financière pour rester dans la course.
Un tournant stratégique pour Stellantis
Alors que l’industrie automobile traverse une période charnière – électrification, mobilité partagée, pression écologique –, Stellantis ne se contente pas de suivre le mouvement. En intégrant ces deux profils atypiques, le groupe né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler en 2021 montre qu’il veut anticiper les défis de demain. Mais qui sont ces nouveaux acteurs, et que peuvent-ils vraiment apporter à un colosse de 11 administrateurs dirigé par John Elkann ? Plongeons dans cette stratégie audacieuse.
Daniel Ramot : la tech au service de la mobilité
Un nom qui résonne dans l’univers des start-ups : **Daniel Ramot**, cofondateur de Via, une entreprise israélo-américaine qui révolutionne le covoiturage avec une approche centrée sur la technologie. Via n’est pas une inconnue pour Stellantis : la holding Exor, pilotée par John Elkann, y investit depuis des années. Ce choix n’est donc pas un hasard, mais une continuité logique.
Ramot apporte une expertise précieuse en **innovation technologique**. Sa vision ? Optimiser les déplacements grâce à des algorithmes pointus et des solutions de mobilité partagée. Dans un secteur où la voiture individuelle cède du terrain aux alternatives durables, son savoir-faire pourrait pousser Stellantis à explorer de nouveaux horizons, loin des chaînes de production classiques.
« La technologie offre des perspectives inédites pour repenser la manière dont les gens se déplacent. »
– Daniel Ramot, dans une interview sur l’avenir de la mobilité
Alice Schroeder : une experte pour les finances
De l’autre côté de l’Atlantique, **Alice Schroeder** incarne une autorité dans le monde de la finance. Ancienne dirigeante chez Morgan Stanley, elle siège aujourd’hui dans des conseils d’administration prestigieux comme celui de HSBC North America. Son profil tranche avec celui de Ramot, mais complète parfaitement le tableau.
Avec une maîtrise reconnue en **gestion financière** et en leadership stratégique, Schroeder arrive à un moment clé pour Stellantis. Le groupe doit jongler avec des investissements massifs dans l’électrique, tout en restant rentable sur un marché américain crucial – le plus important pour ses ventes. Son regard affûté pourrait guider des décisions complexes, notamment face à une concurrence acharnée.
Un duo pour remplacer des figures historiques
Ces nominations ne viennent pas seules : elles marquent le départ de Wan Ling Martello et Jacques Saint-Exupéry, deux figures du conseil dont les mandats expirent. Si le choix de Ramot et Schroeder élargit les horizons de Stellantis, il renforce aussi l’influence de John Elkann, président et dirigeant opérationnel depuis la démission de Carlos Tavares en décembre 2024. Un virage qui s’inscrit dans une gouvernance plus resserrée.
Mais ce renouvellement ne s’arrête pas là. Cinq autres membres – Fiona Cicconi, Nicolas Dufourcq, Ann Godbehere, Claudia Parzani et Benoit Ribadeau-Dumas – seront proposés à la réélection lors de l’assemblée générale du 15 avril 2025. Une équipe recomposée pour deux ans, prête à relever les défis d’un secteur en ébullition.
Pourquoi ce mélange tech-finance intrigue
Associer un pionnier de la mobilité connectée à une experte des marchés financiers, c’est un pari osé. Pourtant, il reflète une tendance plus large dans l’industrie : les constructeurs ne peuvent plus se limiter à fabriquer des voitures. Ils doivent devenir des acteurs de la **mobilité durable**, tout en sécurisant leur modèle économique. Stellantis semble l’avoir compris.
Regardons les chiffres : en 2024, le groupe a vendu des millions de véhicules, mais la transition vers l’électrique et les nouvelles mobilités exige des investissements colossaux. Avec Ramot, Stellantis pourrait accélérer sur des solutions comme le covoiturage intelligent. Avec Schroeder, il pourrait optimiser ses ressources pour rester compétitif face à Tesla ou BYD.
- Technologie : des algorithmes pour repenser les usages.
- Finance : une gestion affûtée pour des projets ambitieux.
- Stratégie : un équilibre entre innovation et rentabilité.
Un regard tourné vers les États-Unis
Ce duo marque aussi un recentrage sur les États-Unis, où Stellantis tire une part majeure de ses revenus. Via, basée en partie à New York, et Schroeder, bien implantée dans le paysage financier américain, incarnent ce pont transatlantique. Une réponse aux critiques sur une gestion trop européenne ? Peut-être.
John Elkann, via Exor, joue ici un coup subtil. En intégrant des profils liés à ses propres investissements, il consolide son emprise tout en diversifiant les compétences. Mais ce choix soulève une question : Stellantis peut-il vraiment innover tout en restant ancré dans une logique familiale ?
Les défis qui attendent ce nouveau conseil
Le chemin ne sera pas sans embûches. Entre la montée en puissance des concurrents asiatiques, les normes environnementales toujours plus strictes et les attentes des consommateurs, Stellantis doit se réinventer. Ramot et Schroeder devront prouver que leur arrivée n’est pas qu’un effet d’annonce.
Voici quelques enjeux majeurs à surveiller :
- Accélérer la transition vers des véhicules électriques.
- Développer des solutions de mobilité partagée viables.
- Maintenir la rentabilité sur les marchés clés.
Leur succès dépendra aussi de leur capacité à collaborer avec les autres administrateurs, dont les compétences couvrent déjà des domaines variés. L’assemblée du 15 avril dira si les actionnaires valident cette vision.
Et si Stellantis devenait un pionnier hybride ?
Et si, derrière ces nominations, se dessinait une ambition plus grande ? Celle de transformer Stellantis en un acteur qui ne se contente plus de produire des voitures, mais qui façonne la mobilité de demain. Avec Via comme levier technologique et Schroeder comme garde-fou financier, le groupe pourrait viser un modèle hybride, entre constructeur traditionnel et géant des services.
Cette hypothèse n’est pas farfelue. Les partenariats entre start-ups et grands groupes se multiplient, et l’automobile n’échappe pas à cette vague. Reste à voir si cette alchimie portera ses fruits face à des rivaux qui avancent à grands pas.
Pour l’instant, une chose est sûre : avec Ramot et Schroeder, Stellantis envoie un signal fort. Le futur de l’automobile ne se jouera pas seulement dans les usines, mais aussi dans les salles de conseil, là où se conjuguent vision et pragmatisme.