
Renaissance Fusion : 32M€ pour Simplifier la Fusion
Saviez-vous que la fusion nucléaire, souvent qualifiée de "soleil en boîte", pourrait un jour alimenter nos villes sans émettre de CO2 ? Longtemps reléguée aux rêves des scientifiques, cette technologie fait un pas de géant grâce à une startup française audacieuse. Renaissance Fusion, basée à Grenoble, vient de lever 32 millions d’euros pour repenser les réacteurs à fusion et les rendre plus simples, plus accessibles, et surtout plus viables économiquement. Une ambition qui pourrait bien transformer notre rapport à l’énergie.
Une Révolution dans la Fusion Nucléaire
La fusion nucléaire n’est plus une chimère. Depuis que des expériences ont démontré qu’il est possible de produire plus d’énergie qu’on n’en consomme – un exploit appelé "gain net" –, les regards se tournent vers la faisabilité commerciale. Renaissance Fusion entre en scène avec une promesse : simplifier les stellarators, ces machines complexes qui maintiennent le plasma brûlant grâce à des champs magnétiques savamment orchestrés.
Pourquoi les Stellarators ?
Les stellarators font partie des approches de confinement magnétique, une méthode où des aimants puissants stabilisent un plasma à des températures extrêmes. Contrairement aux tokamaks, leurs cousins plus populaires qui façonnent le plasma en forme de donut, les stellarators adoptent des courbes plus audacieuses. Cette géométrie tordue permet une stabilité accrue, mais elle a un prix : des aimants difficiles à fabriquer.
Francesco Volpe, fondateur et directeur technique de Renaissance Fusion, a passé des décennies à étudier ces machines. Inspiré par des projets comme le Wendelstein 7-AS en Allemagne, il a imaginé une version simplifiée, débarrassée des complications techniques qui freinent leur déploiement à grande échelle.
« Je voulais réduire ces machines à l’essentiel, les rendre plus pratiques sans sacrifier leur potentiel. »
– Francesco Volpe, CTO de Renaissance Fusion
Une Conception Ingénieuse et Épurée
Au cœur du projet de Renaissance Fusion, on trouve une idée audacieuse : des tubes segmentés recouverts de **magnets supraconducteurs à haute température** (HTS). Ces tubes, vus d’en haut, évoquent un polygone aux lignes pures. Mais leur simplicité est trompeuse. Gravées au laser, des lignes sinueuses séparent les aimants, modulant leur intensité pour sculpter le plasma à l’intérieur.
Là où les aimants sont larges, le champ magnétique repousse fortement le plasma. Là où ils s’amincissent, le plasma peut s’étendre, créant ces torsions si caractéristiques des stellarators. Cette approche, fruit de simulations informatiques poussées, évite les formes tridimensionnelles complexes des designs traditionnels.
Pour protéger les parois des neutrons émis par la réaction de fusion, Renaissance mise sur un **manteau liquide de lithium**. Ce métal, traversé par un courant électrique, adhère aux parois grâce aux champs magnétiques externes, tout en captant la chaleur et en régénérant du carburant pour le réacteur. Une solution élégante qui fait d’une pierre trois coups.
Un Financement Solide pour un Avenir Proche
La levée de fonds de 32 millions d’euros, menée par le fonds Révolution Environnementale et Solidaire de Crédit Mutuel Impact et soutenue par Lowercarbon Capital, marque une étape clé. Ces capitaux serviront à construire un démonstrateur d’ici fin 2026, une machine qui testera l’intégration des tubes HTS et du lithium liquide.
Si tout se passe comme prévu, un stellarator complet pourrait voir le jour au début des années 2030. Un calendrier ambitieux, mais aligné sur celui d’autres acteurs du secteur. Pour Volpe, ce démonstrateur est une preuve de concept cruciale, un pont entre les idées novatrices et leur réalisation concrète.
Les Défis de la Simplification
Simplifier un stellarator n’est pas une mince affaire. Les designs classiques, comme celui du projet allemand Wendelstein 7-X, ont prouvé que la complexité des aimants est un obstacle majeur. Renaissance Fusion contourne ce problème en aplatissant les aimants en "tapis magnétiques", une innovation qui réduit les coûts de fabrication tout en conservant l’efficacité.
Mais la route est encore longue. Produire des HTS à grande échelle reste un défi technique, et les simulations doivent être validées par des tests réels. Renaissance prévoit de fabriquer ces "tapis" dans les prochains mois, une étape qui dira si la théorie tient ses promesses.
Un Impact Énergétique et Écologique
Si Renaissance Fusion réussit, les implications pourraient être colossales. La fusion nucléaire offre une source d’énergie quasi illimitée, sans émissions de gaz à effet de serre ni déchets radioactifs à longue vie. Contrairement aux réacteurs à fission, elle utilise des carburants abondants comme le deutérium, extrait de l’eau de mer.
En rendant les stellarators plus abordables, la startup pourrait accélérer la transition énergétique mondiale. Un réacteur compact et économique changerait la donne, surtout pour les régions éloignées ou les pays en développement cherchant des alternatives aux énergies fossiles.
Une Inspiration Puisée dans le Passé
Francesco Volpe n’a pas inventé le stellarator de toutes pièces. Ses recherches sur le Wendelstein 7-AS et les travaux d’un collègue espagnol, qui utilisait des câbles flexibles sur des structures imprimées en 3D, ont semé les graines de son projet. Renaissance Fusion en est l’aboutissement, une synthèse créative d’idées éprouvées et d’innovations modernes.
« C’est en reliant les points que naît l’inspiration. »
– Francesco Volpe
Où en Est Renaissance Fusion Aujourd’hui ?
À ce jour, la startup avance à grands pas. Les premiers "tapis magnétiques" HTS sont en cours de production, et le démonstrateur de 2026 se profile à l’horizon. Cette machine ne produira pas encore d’électricité, mais elle validera les principes fondamentaux du design. Un succès ouvrirait la voie à des investisseurs encore plus nombreux.
En parallèle, Renaissance Fusion n’est pas seule sur ce terrain. D’autres entreprises, comme Thea Energy, explorent des approches similaires pour simplifier les stellarators. Une saine compétition qui pourrait accélérer les progrès dans ce domaine.
Les Prochaines Étapes
Pour l’instant, l’objectif est clair : prouver que cette technologie fonctionne. Voici les étapes clés prévues :
- Production des tapis HTS dans les mois à venir.
- Construction du démonstrateur d’ici fin 2026.
- Développement d’un stellarator complet au début des années 2030.
Chaque jalon franchi rapproche Renaissance Fusion d’un rêve ancien : une énergie propre, abondante et accessible à tous. Mais le chemin reste semé d’embûches techniques et financières.
Pourquoi Cela Nous Concerne Tous
La fusion nucléaire n’est pas qu’une prouesse scientifique. Elle touche à des enjeux fondamentaux : le climat, l’indépendance énergétique, la justice sociale. Si Renaissance Fusion parvient à démocratiser cette technologie, elle pourrait redessiner le paysage énergétique mondial.
Imaginez un futur où les centrales à fusion remplacent les usines à charbon, où les émissions de CO2 chutent sans compromettre notre mode de vie. C’est cette vision qui anime Francesco Volpe et son équipe, et qui attire des investisseurs prêts à parier sur un demain plus vert.
Un Pari sur l’Avenir
Avec ses 32 millions d’euros, Renaissance Fusion ne fait que commencer. La startup incarne une tendance plus large : celle des entreprises qui osent repenser des technologies complexes pour les rendre pratiques. Dans un monde en quête de solutions durables, son succès ou son échec aura des répercussions bien au-delà de Grenoble.
Alors, la fusion nucléaire deviendra-t-elle enfin une réalité accessible ? L’avenir le dira. En attendant, Renaissance Fusion nous rappelle que les plus grandes avancées naissent souvent d’une idée simple, portée par une ambition sans limite.