
Comment Metaleurop Devient un Leader du Recyclage
Imaginez un lieu où le passé industriel, marqué par la pollution et l’abandon, se mue en un symbole d’avenir durable. À Arnas, dans le Rhône, une ancienne fonderie de plomb, jadis synonyme de contamination, renaît sous l’impulsion d’une entreprise belge audacieuse. Campine, spécialisée dans le recyclage, a vu dans cette friche délaissée une opportunité unique : transformer un site presque maudit en un acteur clé de l’économie circulaire.
Une Renaissance Industrielle au Cœur du Rhône
Dans les années 1970, la fonderie Metaleurop d’Arnas était un moteur économique local. Mais après sa fermeture en 2001, elle a laissé derrière elle un héritage toxique : des sols gorgés de plomb, un métal lourd dangereux pour la santé. Aujourd’hui, cette zone industrielle au nord de Villefranche-sur-Saône raconte une tout autre histoire, celle d’une réinvention portée par l’innovation.
Un Passé Lourd à Porter
Pendant près de trois décennies, l’usine a produit du plomb, essentiel pour les batteries et autres applications industrielles. Mais ce succès avait un prix. En 2022, des analyses ont révélé des concentrations inquiétantes : sur 20 prélèvements, plus de la moitié dépassaient le seuil de vigilance de **100 mg/kg**, avec un pic à **320 mg/kg** dans l’enceinte même de l’usine. Un constat alarmant qui a poussé les autorités à agir.
Face à ces chiffres, l’État a imposé une *servitude d’utilité publique*. Crèches, écoles et projets immobiliers sont désormais interdits dans un rayon défini autour du site. Une mesure drastique, mais nécessaire pour protéger la population, notamment les plus vulnérables comme les enfants ou les femmes enceintes.
« Le plomb est un poison silencieux. Sans action, cette friche serait restée une bombe à retardement. »
– Un expert environnemental local
Campine : La Start-up Qui Change la Donne
Alors que beaucoup voyaient ce terrain comme une cause perdue, Campine, un groupe chimique belge, a flairé une opportunité. En 2022, cette entreprise, experte dans le traitement du plomb et de l’antimoine, a repris le site d’Arnas, ainsi que celui d’Escaudœuvres dans le Nord. Son ambition ? Recycler des batteries usagées pour en extraire des ressources précieuses, tout en dépolluant un lieu marqué par son passé.
Le processus est aussi simple qu’ingénieux. Les batteries collectées sont broyées et triées sur place. Le plomb récupéré est ensuite acheminé vers Beerse, en Belgique, où il est transformé en matière première. Une boucle vertueuse qui redonne vie à des matériaux autrement destinés à l’oubli.
Les Défis d’une Reconversion Verte
Reprendre une friche polluée n’est pas une mince affaire. La collectivité de Villefranche-sur-Saône a dû investir près de **500 000 euros** pour traiter les effluents toxiques laissés par Metaleurop. Un effort financier conséquent, d’autant que Recyclex, l’ancien propriétaire, a disparu, laissant les contribuables locaux seuls face à la facture.
Mais les obstacles ne s’arrêtent pas là. Recycler des batteries implique de manipuler des substances dangereuses, un défi que Campine relève grâce à des technologies avancées. L’entreprise doit aussi composer avec une réglementation stricte et une vigilance accrue des autorités environnementales.
Pourquoi le Recyclage des Batteries Compte
À l’heure où les véhicules électriques envahissent nos routes, la demande en batteries explose. Mais que faire des millions d’unités qui arrivent en fin de vie ? Les jeter serait un désastre écologique. Les recycler, en revanche, permet de réduire la dépendance aux mines, souvent situées dans des zones à risque environnemental ou social.
Campine l’a bien compris. En transformant les batteries usagées en nouvelles ressources, elle s’inscrit dans une logique d’**économie circulaire**, où rien ne se perd, tout se transforme. Un modèle qui pourrait inspirer d’autres acteurs industriels.
Un Impact Local et Global
À Arnas, cette reconversion ne passe pas inaperçue. Les habitants, d’abord méfiants face à ce site pollué, commencent à voir en Campine une lueur d’espoir. L’activité génère des emplois et redynamise une zone industrielle en perte de vitesse. Mais les bénéfices dépassent les frontières du Rhône.
En recyclant le plomb, Campine contribue à réduire l’empreinte carbone liée à l’extraction de minerais vierges. Une goutte d’eau dans l’océan des émissions mondiales, peut-être, mais un pas concret vers un futur plus durable.
Les Chiffres Qui Parlent
Pour mieux saisir l’ampleur du projet, voici quelques données clés :
- **11/20 prélèvements** au-dessus du seuil de vigilance en 2022.
- **320 mg/kg** : concentration maximale de plomb détectée.
- **500 000 euros** investis par la collectivité pour dépolluer.
Ces chiffres rappellent à la fois l’urgence de la situation initiale et l’effort colossal déployé pour inverser la tendance.
Un Modèle Réplicable ?
Le cas d’Arnas n’est pas isolé. Partout en France, des friches industrielles attendent une seconde vie. À Toul, une ancienne usine Michelin a été reprise par des industries locales. À Hagondange, une aciérie désaffectée cherche encore sa voie. Campine pourrait-elle inspirer d’autres entrepreneurs à transformer ces terrains en opportunités ?
Rien n’est garanti. Chaque site a ses spécificités, et les coûts de dépollution restent un frein. Pourtant, l’exemple d’Arnas prouve que l’innovation et la volonté peuvent surmonter les obstacles les plus tenaces.
L’Avenir de l’Industrie Durable
En s’installant à Arnas, Campine ne se contente pas de recycler des batteries. Elle redéfinit ce que peut être une industrie moderne : responsable, ancrée localement, et tournée vers l’avenir. Alors que la transition écologique devient une priorité mondiale, des initiatives comme celle-ci montrent la voie.
Et si la clé du futur se trouvait dans notre capacité à réparer le passé ? À Arnas, cette question trouve une réponse tangible, faite de plomb recyclé et d’espoir renouvelé.