Comment Seb Affronte les Droits de Douane

Imaginez un monde où chaque poêle ou fer à repasser que vous achetez cache une stratégie industrielle complexe, façonnée par des tensions commerciales mondiales. C’est le défi relevé par Seb, le géant français de l’électroménager, qui navigue avec agilité dans un océan de droits de douane et de bouleversements économiques. En 2025, alors que les États, Seb dévoile une stratégie audacieuse pour contrer les barrières commerciales, mêlant transferts de production, hausses de prix ciblées et investissements stratégiques. Cet article plonge au cœur de cette bataille industrielle, révélant comment une entreprise française transforme les obstacles en opportunités.

Seb Face à la Tempête des Droits de Douane

Le 24 avril 2025, Seb a dévoilé ses résultats financiers du premier trimestre, affichant une croissance modeste mais solide de 0,7 % de son chiffre d’affaires. Derrière ce chiffre se cache une réalité bien plus dynamique : une hausse de 3,5 % des ventes en Chine, malgré une crise persistante de la consommation. Ce succès, loin d’être un hasard, repose sur une stratégie minutieusement orchestrée pour contrer les défis du commerce international, notamment les droits de douane imposés par les États-Unis sous l’administration Trump.

Nous observons une normalisation du marché chinois depuis fin 2024, ce qui nous rend optimistes pour la suite.

– Stanislas de Gramont, directeur général de Seb

Stanislas de Gramont, à la tête de Seb depuis 2022, incarne cette vision pragmatique. Lors d’un échange avec des journalistes, il a détaillé comment l’entreprise tire parti de son empreinte industrielle mondiale pour rester compétitive. Mais comment une entreprise peut-elle prospérer dans un contexte de guerre commerciale ? La réponse réside dans une combinaison astucieuse de pricing power, de diversification industrielle et d’investissements ciblés.

Le Pouvoir du Prix : Une Arme Stratégique

Face aux droits de douane américains, qui menacent la rentabilité des exportations, Seb mise sur sa capacité à ajuster ses prix. Aux États-Unis, où le groupe réalise moins de 10 % de son chiffre d’affaires, 20 % de ses produits sont déjà fabriqués localement. Pour les 80 % restants, importés principalement de Chine, Seb envisage de répercuter les surcoûts douaniers sur les consommateurs.

Cette stratégie repose sur ce que les experts appellent le pricing power, c’est-à-dire la capacité d’une entreprise à augmenter ses prix sans perdre de clients. Dans le cas de Seb, ce pouvoir est particulièrement marqué pour ses articles culinaires (comme les poêles Tefal) et ses produits de soin du linge (fers à repasser Rowenta). Pourquoi ? Parce que Seb contrôle 60 % de sa production, ce qui lui confère un avantage concurrentiel unique.

• Production interne : 60 % des produits vendus par Seb sont fabriqués dans ses propres usines.
• Positionnement premium : Les produits hauts de gamme, comme les aspirateurs-balais Rowenta, séduisent une clientèle moins sensible aux hausses de prix.
• Confiance du marché : Les consommateurs associent les marques de Seb à la qualité, renforçant leur fidélité.

Cette approche n’est pas sans risques. Une hausse des prix trop marquée pourrait détourner certains clients vers des concurrents asiatiques, souvent moins chers. Pourtant, Stanislas de Gramont reste confiant : « Nous sommes capables d’absorber ces coûts grâce à notre positionnement. »

Transferts de Production : Du Made in China au Made in Vietnam

Si ajuster les prix est une solution à court terme, Seb joue également sur le long terme en redessinant sa cartographie industrielle. Depuis plusieurs années, le groupe transfère une partie de sa production de la Chine vers le Vietnam, un pays devenu un hub stratégique pour l’industrie mondiale. Ce mouvement, initié lors du premier mandat de Donald Trump, s’accélère en 2025.

Concrètement, les poêles et casseroles Tefal, autrefois produites en Chine, sont désormais fabriquées dans des usines vietnamiennes modernes. Ce choix répond à une double logique : réduire l’exposition aux droits de douane américains et diversifier les risques géopolitiques. Le Vietnam, avec ses coûts de main-d’œuvre compétitifs et ses accords commerciaux avantageux, s’impose comme une alternative idéale.

Nous avons commencé à déplacer notre production bien avant les nouvelles tensions commerciales, ce qui nous place en position de force.

– Stanislas de Gramont

Mais ce transfert ne se fait pas sans défis. Relocaliser une chaîne de production exige des investissements massifs, une logistique sans faille et une formation des équipes locales. Seb, fort de son expérience, semble toutefois maîtriser cet exercice. Le groupe envisage même d’étendre ce modèle à d’autres régions, comme l’Inde, où la demande pour ses produits croît rapidement.

Investir pour Conquérir : Les États-Unis en Ligne de Mire

Si Seb adapte sa production et ses prix, il ne se contente pas de réagir : il attaque. Aux États-Unis, le groupe investit dans ses infrastructures pour renforcer sa présence. À Canonsburg, en Pennsylvanie, Seb modernise son usine pour répondre à la demande croissante pour ses produits hauts de gamme, comme les machines à café professionnelles de sa filiale Wilbur Curtis, acquise en 2019.

Ces investissements ne sont pas directement liés aux droits de douane, mais ils témoignent d’une vision offensive. « Nos catégories premium rencontrent un vif succès, et nous voulons capitaliser là-dessus », explique Stanislas de Gramont. En augmentant sa capacité de production locale, Seb réduit sa dépendance aux importations, tout en renforçant son image de marque auprès des consommateurs américains.

• Modernisation de l’usine de Canonsburg : Nouvelles lignes de production pour les appareils premium.
• Focus sur Wilbur Curtis : Croissance des ventes de machines à café professionnelles.
• Stratégie de proximité : Produire localement pour gagner la confiance des clients.

Cette approche illustre une vérité fondamentale : dans un monde instable, les entreprises qui prospèrent sont celles qui savent anticiper. Seb, en diversifiant ses implantations et en investissant là où la demande explose, se positionne comme un acteur incontournable de l’électroménager mondial.

Une Vision Globale pour 2025

En 2025, Seb ne se contente pas de survivre aux droits de douane : il en fait un levier de croissance. En combinant pricing power, transferts de production et investissements stratégiques, le groupe français démontre une résilience remarquable. Mais cette stratégie ne s’arrête pas aux États-Unis ou à la Chine. Seb regarde déjà vers d’autres horizons, comme l’Inde et l’Amérique latine, où les classes moyennes en expansion représentent un vivier de clients potentiels.

Pour autant, des incertitudes demeurent. Une escalade des tensions commerciales, une volatilité des coûts de transport ou une récession mondiale pourraient compliquer la donne. Pourtant, Stanislas de Gramont reste optimiste : « Nous ne prévoyons pas de dégradation majeure de l’économie mondiale. »

Notre empreinte industrielle diversifiée nous permet d’être agiles, quels que soient les défis.

– Stanislas de Gramont

Cette agilité, c’est le secret de Seb. En transformant les contraintes en opportunités, le groupe prouve qu’une entreprise française peut rivaliser avec les géants asiatiques et américains, tout en restant fidèle à son ADN : l’innovation et la qualité.

Et Après ? Les Défis de l’Innovation

Si Seb excelle dans la gestion des droits de douane, l’avenir repose aussi sur sa capacité à innover. Le groupe investit massivement dans la R&D pour développer des produits toujours plus performants et durables. Par exemple, Rowenta a relocalisé en France la production d’une gamme d’aspirateurs-balais, un pari audacieux qui combine innovation et made in France.

En parallèle, Seb s’engage dans l’économie circulaire. Le groupe ambitionne de recycler 20 millions de poêles d’ici 2030, un objectif qui répond aux attentes des consommateurs, de plus en plus sensibles aux enjeux environnementaux. Ces initiatives, bien que coûteuses, renforcent l’image de Seb comme une marque responsable et visionnaire.

• Relocalisation : Production d’aspirateurs-balais en France pour plus de proximité et de qualité.
• Recyclage : Objectif de 20 millions de poêles recyclées d’ici 2030.
• Innovation durable : Développement de produits éco-conçus pour répondre aux attentes écologiques.

Ces efforts ne sont pas anodins. Dans un secteur où la concurrence est féroce, Seb doit sans cesse se réinventer pour rester dans la course. Mais avec une stratégie aussi robuste, le groupe semble armé pour relever les défis des années à venir.

En conclusion, Seb ne se contente pas de subir les droits de douane : il les transforme en tremplin. Grâce à une stratégie mêlant agilité industrielle, maîtrise des prix et innovation, le géant de l’électroménager trace sa route dans un monde incertain. Alors, la prochaine fois que vous utiliserez une poêle Tefal ou un fer Rowenta, pensez à l’incroyable ballet stratégique qui se joue en coulisses. Seb n’est pas seulement une marque : c’est un champion français qui redéfinit les règles du jeu mondial.