
Antonio Filosa Dirige Stellantis : Une Nouvelle Ère
En décembre 2024, le monde de l’automobile a été secoué par une nouvelle inattendue : le départ précipité de Carlos Tavares, figure emblématique à la tête de Stellantis. Ce géant, né de la fusion entre PSA et Fiat-Chrysler, traverse une période de turbulences. Qui pour relever ce défi titanesque ? Antonio Filosa, un Italien au parcours impressionnant, prend les rênes en juin 2025. Mais qui est cet homme, et comment compte-t-il redessiner l’avenir de l’un des plus grands constructeurs mondiaux ? Plongeons dans cette transition qui promet de bouleverser l’industrie.
Un Nouveau Leader pour un Géant en Mutation
Antonio Filosa n’est pas un inconnu dans l’univers automobile. Avec 25 ans d’expérience au sein du groupe, il incarne une continuité rassurante tout en apportant une vision nouvelle. Sa nomination, annoncée le 28 mai 2025, marque un tournant pour Stellantis, confronté à des défis aussi bien financiers que stratégiques. Alors que l’industrie automobile évolue à toute vitesse vers l’électrique et la durabilité, Filosa doit naviguer entre innovation, dialogue social et rationalisation d’un portefeuille de 14 marques.
Un Parcours International au Service de Stellantis
Entré chez Fiat en 1999, Antonio Filosa a gravi les échelons avec une détermination remarquable. Après des débuts modestes comme superviseur d’atelier en Espagne, il s’est imposé comme un leader charismatique. Son séjour au Brasil, où il a dirigé les opérations sud-américaines pendant près de deux décennies, a forgé sa réputation. En 2024, il prend la direction des opérations pour l’ensemble du continent américain, tout en assumant le rôle de directeur de la qualité. Cette polyvalence fait de lui un choix logique pour succéder à Tavares.
C’est par la confiance portée à nos équipes que nous atteindrons l’excellence.
– Antonio Filosa, 28 mai 2025
Son expérience transatlantique est un atout clé. Stellantis réalise l’essentiel de ses bénéfices en Amérique du Nord, mais les difficultés récentes – chute des ventes, tensions avec les concessionnaires – exigent une main ferme. Filosa, déjà à la tête des marques américaines comme Jeep, Dodge et Chrysler, conserve ce rôle, signe de la confiance accordée par le conseil d’administration.
Les Défis d’un Géant Automobile
Prendre la tête de Stellantis en 2025, c’est comme hériter d’un puzzle complexe. Le groupe, créé en 2021, regroupe des marques aussi diverses que Peugeot, Fiat, Jeep ou Maserati. Mais cette richesse est aussi une faiblesse : coordonner 14 identités tout en restant compétitif est un défi colossal. Ajoutons à cela une conjoncture difficile : marges en baisse, parts de marché en recul et une transition vers l’électrique qui impose des investissements massifs.
- Redresser les finances : Stellantis a vu ses bénéfices plonger de 70 % en 2024, une situation alarmante pour les investisseurs.
- Mener la transition écologique : Le virage vers les véhicules électriques est incontournable, mais coûteux.
- Rationaliser les marques : Certaines marques, moins rentables, pourraient être restructurées ou cédées.
Filosa hérite également des tensions laissées par l’ère Tavares. La gestion autoritaire de son prédécesseur a fragilisé les relations avec les syndicats, les concessionnaires et même certains politiques. La CFE-CGC, syndicat français, attend de Filosa une rupture avec cette approche, espérant un management plus inclusif et une meilleure répartition des richesses.
Une Stratégie Axée sur le Dialogue
L’une des premières décisions de Filosa a été de resserrer l’équipe dirigeante. Passant de 33 à 12 membres, le nouveau comité exécutif reflète une volonté de simplification. Cette équipe, composée de six Français, trois Américains et trois Italiens, incarne un équilibre culturel, essentiel pour un groupe aussi multinational. Des figures comme Jean-Philippe Imparato, désormais à la tête de Maserati, ou Philippe de Rovira, responsable du « reste du monde », sont confirmées dans leurs rôles.
Mais au-delà des organigrammes, Filosa mise sur le dialogue. Contrairement à Tavares, souvent critiqué pour son style directif, le nouveau PDG veut placer l’humain au centre. Ses premières visites dans les usines de Sochaux, en France, et en Italie, montrent son intention de renouer avec les équipes sur le terrain. Cette approche collaborative pourrait apaiser les tensions et redonner confiance aux 250 000 employés du groupe.
L’Amérique du Nord : Priorité Stratégique
Si l’Europe reste le premier marché en volume, c’est en Amérique du Nord que Stellantis génère ses profits. Pourtant, 2024 a été une année noire : chute des ventes, excédents d’inventaires et relations tendues avec les concessionnaires. Filosa, fort de son expérience dans la région, a déjà initié des mesures correctives : réduction des stocks, réorganisation des équipes et dialogue renforcé avec les partenaires.
Son objectif ? Restaurer la compétitivité des marques américaines tout en accélérant l’électrification. Des modèles comme le Jeep Wagoneer S, 100 % électrique, incarnent cette ambition. Mais les défis sont nombreux : les droits de douane américains et les tensions logistiques avec le Mexique compliquent la donne. Filosa devra faire preuve de finesse pour naviguer dans ce contexte géopolitique tendu.
Vers une Transition Écologique Ambitieuse
À l’heure où l’industrie automobile est sous pression pour réduire son empreinte carbone, Stellantis doit accélérer sa transition écologique. Le groupe a déjà investi dans des plateformes électriques, mais les résultats tardent à se concrétiser. Filosa devra arbitrer entre véhicules électriques et moteurs thermiques, tout en répondant aux attentes des consommateurs et des régulateurs.
Notre force réside dans nos collaborateurs talentueux et nos marques emblématiques.
– Antonio Filosa, 23 juin 2025
Un tableau peut aider à visualiser les priorités écologiques de Stellantis sous Filosa :
Objectif | Action | Échéance |
---|---|---|
Réduction des émissions | Lancement de 10 nouveaux modèles électriques | 2027 |
Neutralité carbone | Investissements dans les usines vertes | 2035 |
Innovation | Partenariats avec des start-ups technologiques | 2026 |
Ces ambitions nécessitent des investissements colossaux, dans un contexte de marges réduites. Filosa devra convaincre les investisseurs, peu enthousiastes à l’annonce de sa nomination, comme en témoigne la baisse du titre Stellantis en bourse.
Repenser le Portefeuille de Marques
Avec 14 marques, Stellantis est un colosse aux multiples visages. Mais toutes ne sont pas rentables. Des rumeurs circulent sur une possible cession de marques comme Lancia ou DS, jugées moins stratégiques. Filosa, en collaboration avec John Elkann, président du conseil, devra trancher. Cette rationalisation pourrait libérer des ressources pour investir dans des segments porteurs, comme les SUV électriques ou les véhicules utilitaires.
Jean-Philippe Imparato, désormais à la tête de Maserati, incarne cette volonté de redynamiser les marques premium. Mais la question demeure : Stellantis peut-il se permettre de conserver un portefeuille aussi vaste dans un marché aussi concurrentiel ?
Un Leadership Sous Pression
À 51 ans, Antonio Filosa est un PDG jeune, mais sous une pression immense. Les attentes des syndicats, des investisseurs et des consommateurs convergent vers lui. Sa capacité à restaurer la confiance – mot qu’il martèle dans ses discours – sera déterminante. Ses premiers pas, marqués par des visites d’usines et un organigramme resserré, sont prometteurs. Mais le chemin est long.
Filosa s’inspire de figures comme Sergio Marchionne, son mentor, connu pour avoir redressé Fiat-Chrysler. Pourtant, il devra tracer sa propre voie, dans un contexte bien plus complexe. La géopolitique, les crises énergétiques et la concurrence chinoise (BYD, Geely) ajoutent des couches d’incertitude.
Un Avenir à Construire
Antonio Filosa arrive à un moment charnière pour Stellantis. Sa nomination n’est pas seulement une transition de leadership, mais une opportunité de réinvention. En misant sur le dialogue, l’innovation et une stratégie recentrée sur l’Amérique du Nord, il pose les bases d’une nouvelle ère. Mais les résultats ne viendront pas du jour au lendemain.
Pour résumer, voici les chantiers prioritaires de Filosa :
- Restaurer la confiance des équipes et des partenaires.
- Redresser les finances et regagner des parts de marché.
- Accélérer la transition vers l’électrique.
- Rationaliser le portefeuille de marques.
Le défi est immense, mais Filosa semble prêt à le relever. Son parcours, son énergie et sa vision collaborative pourraient faire de lui le leader dont Stellantis a besoin pour naviguer dans les turbulences de l’industrie automobile. Une chose est sûre : les prochains mois seront décisifs.