
Heliup Révolutionne le Photovoltaïque Léger
Imaginez un monde où chaque toit d’entrepôt ou de supermarché devient une centrale solaire, sans travaux coûteux ni renforts structurels. C’est la vision audacieuse portée par Heliup, une start-up savoyarde qui repousse les limites du photovoltaïque. En juin 2025, l’entreprise a marqué un tournant décisif en inaugurant sa première ligne de production industrielle au Cheylas, en Isère. Cette usine, fruit d’un investissement de 7 millions d’euros, produit des panneaux solaires ultralégers conçus pour transformer les toitures industrielles en sources d’énergie verte. Mais comment une jeune pousse issue du CEA parvient-elle à révolutionner un secteur aussi compétitif ? Plongeons dans cette aventure technologique.
Une Innovation au Service de la Transition Énergétique
Née dans les laboratoires de l’Institut national de l’énergie solaire (Ines), une entité du CEA, Heliup s’attaque à un défi majeur : équiper les toits de bâtiments à charpente métallique, souvent inadaptés aux panneaux solaires classiques en raison de leur poids. Avec une technologie brevetée, la start-up propose des panneaux pesant seulement 5 kg/m², soit trois fois moins que les modèles traditionnels. Cette légèreté, combinée à une installation simplifiée par collage direct sur membrane d’étanchéité, ouvre des perspectives inédites pour la production d’énergie renouvelable.
L’usine de 4000 m², située stratégiquement entre Grenoble et Le Bourget-du-Lac, est équipée d’une ligne de production entièrement automatisée. Capable de fabriquer 350 000 panneaux par an, soit une capacité de 100 MWp, elle répond à une demande croissante pour des solutions solaires adaptées aux contraintes structurelles. Ce projet, soutenu par l’Union européenne via l’Innovation Fund et une levée de fonds de 10 millions d’euros en 2023, marque une étape clé dans la montée en puissance de Heliup.
Notre savoir-faire allie légèreté et robustesse. Réduire le poids d’un panneau est simple, mais garantir sa résistance aux intempéries et sa durabilité est un vrai défi.
– Yannick Veschetti, CEO et cofondateur de Heliup
Une Technologie Révolutionnaire pour les Toits
Le secret d’Heliup réside dans l’utilisation d’un verre ultramince de moins d’un millimètre, combiné à un système d’installation innovant. Contrairement aux panneaux traditionnels, qui nécessitent des cadres en aluminium et des structures de montage lourdes, les panneaux Stykon d’Heliup se fixent directement sur les membranes d’étanchéité des toits plats. Cette approche réduit le poids total de l’installation de plus de 60 %, tout en maintenant une efficacité énergétique de 20 % et une résistance aux intempéries comparable aux standards du marché.
Les bâtiments visés par Heliup – entrepôts logistiques, grandes surfaces, usines – représentent un potentiel colossal. Selon une étude de l’Ademe, les toitures industrielles en France offrent une surface exploitable de 769 millions de mètres carrés, soit environ 143 GW de capacité solaire. En ciblant ce marché, Heliup répond à un besoin criant : permettre aux propriétaires de bâtiments de réduire leur empreinte carbone sans engager des travaux coûteux pour renforcer leurs structures.
Un Écosystème Solide et des Partenariats Stratégiques
Heliup ne se contente pas d’innover techniquement ; elle construit un écosystème robuste pour assurer le succès de ses solutions. La start-up collabore avec des acteurs majeurs comme Soprasolar, filiale du groupe Soprema, et E.N.R. Solar, appartenant au groupe immobilier IDEC. Ces partenariats garantissent une intégration fluide des panneaux dans les projets de construction et de rénovation, tout en répondant aux exigences des assureurs grâce à des certifications comme l’ETN et l’ATEX.
En outre, Heliup bénéficie du soutien financier d’investisseurs de renom, tels que Starquest Capital, EIT InnoEnergy, et BNP Paribas Développement. Ce financement, complété par une subvention de 3,22 millions d’euros de l’Innovation Fund, a permis à l’entreprise de passer d’une ligne pilote de 600 m² à Bourget-du-Lac à une usine industrielle d’envergure. Cette transition illustre la capacité d’Heliup à transformer une idée novatrice en réalité industrielle.
Heliup démontre qu’innovation et durabilité peuvent aller de pair, ouvrant la voie à une adoption massive du solaire sur des surfaces jusqu’alors inexploitées.
– Walburga Hemetsberger, CEO de SolarPower Europe
Un Impact Environnemental Mesurable
En plus de ses avantages techniques, la solution d’Heliup s’inscrit dans une démarche de décarbonation. En équipant les toits existants, l’entreprise évite l’utilisation de terres agricoles ou naturelles, préservant ainsi 350 000 hectares de sols. Par ailleurs, les panneaux ultralégers nécessitent moins de matériaux – 7 000 tonnes d’aluminium, 14 000 tonnes de verre, et 30 000 tonnes d’acier en moins par rapport aux installations au sol sur la première phase industrielle. Sur dix ans, l’usine du Cheylas devrait permettre de réduire plus de 360 000 tonnes de CO₂.
Voici les principaux bénéfices environnementaux des panneaux Heliup :
- Réduction de 60 % du poids des installations solaires.
- Préservation des terres grâce à l’utilisation de surfaces artificialisées.
- Économies significatives de matériaux bruts.
- Diminution des émissions de CO₂ sur le long terme.
Vers une Expansion Internationale
Heliup ne compte pas s’arrêter là. Après avoir consolidé sa présence en France, la start-up ambitionne de conquérir le marché européen, où 4 milliards de mètres carrés de toitures commerciales restent inexploités. Dès 2026, une seconde phase d’expansion vise à multiplier par cinq à dix la capacité de production, avec un objectif de 500 MWp d’ici 2027. Cette croissance s’accompagnera de la commercialisation d’un nouveau produit, le panneau Lighton, conçu pour les toits en pente et prévu pour 2025.
Pour soutenir cette ambition, Heliup planifie une nouvelle levée de fonds, estimée entre 30 et 50 millions d’euros, d’ici 2028. L’objectif est clair : devenir un acteur incontournable du photovoltaïque en Europe, tout en renforçant la souveraineté industrielle française. Avec un chiffre d’affaires visé de 30 à 40 millions d’euros à cet horizon, l’entreprise se positionne comme un moteur de la réindustrialisation verte.
Les Défis d’un Marché en Mutation
Le secteur photovoltaïque n’est pas sans obstacles. Ces derniers mois, des incertitudes réglementaires et financières ont secoué l’industrie en France. Malgré cela, Yannick Veschetti reste optimiste :
Face aux enjeux énergétiques de la France et de l’Europe, il ne peut y avoir d’alternative crédible sans un développement massif des énergies renouvelables.
– Yannick Veschetti, CEO et cofondateur de Heliup
Heliup doit également faire face à la concurrence, notamment celle de Créawatt, une autre start-up française spécialisée dans les panneaux légers. Cependant, avec une capacité de production bien établie et des partenariats solides, Heliup semble bien positionnée pour tirer son épingle du jeu. Sa reconnaissance internationale, matérialisée par le Gold European Solar Startup Award 2025, renforce sa crédibilité.
Un Modèle pour l’Avenir
L’histoire d’Heliup illustre le potentiel des start-ups à transformer des secteurs établis. En combinant innovation technologique, partenariats stratégiques et une vision axée sur la durabilité, l’entreprise redéfinit les possibilités du photovoltaïque. Ses panneaux ultralégers ne sont pas seulement une réponse aux contraintes techniques ; ils incarnent une nouvelle façon de penser l’énergie, en harmonie avec les objectifs de décarbonation et de réindustrialisation.
Voici un aperçu des forces d’Heliup :
- Technologie brevetée pour des panneaux ultralégers.
- Partenariats avec des leaders du BTP et de l’énergie.
- Soutien financier de l’UE et d’investisseurs privés.
- Ambition d’expansion européenne et internationale.
En conclusion, Heliup ne se contente pas de produire des panneaux solaires ; elle ouvre la voie à une adoption massive de l’énergie solaire sur des surfaces jusqu’alors inutilisées. Alors que les défis climatiques s’intensifient, des initiatives comme celle-ci rappellent que l’innovation peut transformer les contraintes en opportunités. Et si le futur de l’énergie passait par nos toits ?