Protests en LA : Waymo et Lime sous le feu

Imaginez une scène digne d’un film dystopique : des flammes dévorent des véhicules futuristes dans les rues de Los Angeles, tandis que des cris de manifestants et le bourdonnement des hélicoptères déchirent l’air. Ce n’est pas une fiction, mais une réalité qui s’est déroulée en juin 2025, lorsque des robotaxis Waymo et des scooters électriques Lime ont été incendiés lors de violentes protestations contre les raids migratoires de l’administration Trump. Ces événements soulèvent des questions brûlantes : pourquoi des technologies de pointe deviennent-elles des cibles dans des conflits sociaux ? Et que révèle cet épisode sur l’intersection entre innovation, politique et tensions urbaines ?

Quand la technologie rencontre la révolte

En juin 2025, Los Angeles est devenue le théâtre d’une confrontation explosive. Les manifestations, déclenchées par des raids migratoires musclés menés par l’ICE (Immigration and Customs Enforcement), ont rapidement dégénéré. Plus de 100 personnes ont été arrêtées lors de ces opérations, provoquant une vague de colère dans les communautés locales. Ce qui a commencé comme des rassemblements pacifiques s’est transformé en affrontements violents, avec des scènes de chaos capturées par des vidéos virales. Au cœur de cette tempête, des robotaxis Waymo et des scooters Lime ont été pris pour cibles, incendiés et vandalisés, devenant des symboles inattendus de la révolte.

Pourquoi cibler Waymo et Lime ?

À première vue, il peut sembler étrange que des véhicules autonomes et des scooters électriques deviennent des cibles dans une manifestation contre l’immigration. Pourtant, plusieurs raisons expliquent cette colère dirigée contre ces technologies. Tout d’abord, les robotaxis Waymo, équipés de dizaines de caméras offrant une vue à 360 degrés, sont perçus par certains comme des outils de surveillance urbaine. Des rapports indiquent que la police de Los Angeles a déjà utilisé des images de Waymo pour enquêter sur des crimes, alimentant les craintes que ces véhicules servent à identifier des manifestants.

Ensuite, ces technologies symbolisent pour beaucoup l’influence croissante des grandes entreprises technologiques dans la vie urbaine. Waymo, filiale d’Alphabet (maison mère de Google), et Lime, leader des scooters électriques, incarnent une vision de la mobilité intelligente qui, pour certains, accentue les inégalités. Comme le souligne Adam Millard-Ball, directeur de l’Institut des Études sur les Transports à UCLA :

Les robotaxis ne sont pas attaqués parce qu’ils sont autonomes, mais parce qu’ils représentent l’inégalité et le pouvoir des grandes entreprises technologiques.

– Adam Millard-Ball, UCLA

Enfin, la vulnérabilité des robotaxis joue un rôle clé. Conçus pour éviter tout contact avec les piétons, ces véhicules deviennent des cibles faciles lorsqu’ils sont entourés par une foule. Incapables de fuir ou de réagir de manière agressive, ils restent immobiles, comme des proies offertes aux vandales.

Une chronologie des événements

Pour comprendre l’ampleur des événements, revenons sur leur déroulement :

• 6 juin 2025 : Début des raids migratoires par l’ICE à Los Angeles, avec plus de 100 arrestations signalées.
• 8 juin 2025 : Les manifestations s’intensifient, des affrontements éclatent dans le centre-ville, sur Los Angeles Street.
• Soirée du 8 juin : Cinq robotaxis Waymo sont vandalisés, trois sont incendiés, des scooters Lime sont jetés dans les flammes.
• 9 juin 2025 : Waymo suspend son service dans le centre de Los Angeles, en coordination avec la police.

Ces actes de vandalisme, bien que spectaculaires, ne sont pas isolés. Depuis le lancement du service de Waymo à Los Angeles en novembre 2024, plusieurs incidents similaires ont été signalés, notamment à San Francisco, où 17 véhicules ont été vandalisés en juillet 2024. Cette récurrence soulève des questions sur la sécurité des technologies autonomes dans des contextes urbains tendus.

Les dangers des batteries lithium-ion

Un aspect particulièrement préoccupant de ces incendies est le risque environnemental et sanitaire. Les robotaxis Waymo, des Jaguar I-Pace électriques, et les scooters Lime utilisent des batteries lithium-ion. Lorsqu’elles brûlent, ces batteries libèrent des gaz toxiques, comme l’hydrogène fluoré, dangereux pour les pompiers et les passants. La police de Los Angeles a rapidement émis des avertissements, demandant aux habitants d’éviter les zones touchées.

Ce problème n’est pas anodin. Les pompiers ont dû laisser les véhicules brûler jusqu’à extinction, car intervenir directement sur des feux de batteries lithium-ion nécessite un équipement spécialisé. Cet incident met en lumière un défi souvent négligé : les technologies vertes, bien qu’écologiques en usage, peuvent poser des risques inattendus en cas de destruction.

Une réponse politique controversée

Les manifestations ont également pris une dimension politique majeure. Le président Trump a répondu en fédéralisant la Garde nationale de Californie, déployant 300 soldats à Los Angeles. Cette décision a été vivement critiquée par le gouverneur Gavin Newsom, qui a qualifié cette intervention d’illégale et d’inconstitutionnelle. Dans une interview, Newsom a déclaré :

Trump a allumé la mèche de cette crise. Il attise les tensions et met de l’huile sur le feu.

– Gavin Newsom, Gouverneur de Californie

Le déploiement de la Garde nationale a exacerbé les tensions, avec des vidéos montrant des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, y compris l’utilisation de matraques et de balles en caoutchouc. Certains journalistes sur place ont également rapporté avoir été pris pour cibles, ajoutant une couche supplémentaire de controverse à l’événement.

Waymo et la surveillance : une polémique grandissante

Un élément clé de cette affaire est la perception des robotaxis comme des outils de surveillance de masse. Les véhicules Waymo sont équipés de capteurs et de caméras sophistiqués, capables de capturer des images en temps réel de leur environnement. Bien que ces technologies soient destinées à assurer la sécurité des trajets, elles soulèvent des inquiétudes quant à leur utilisation par les forces de l’ordre. En avril 2025, un rapport de 404 Media révélait que la police de Los Angeles avait utilisé des images de Waymo pour enquêter sur un délit de fuite, alimentant les soupçons des manifestants.

Waymo a tenté de calmer le jeu en affirmant qu’il ne fournit des images qu’en réponse à des mandats légaux. Cependant, l’opacité entourant la gestion des données collectées par ses véhicules reste un sujet brûlant. Comme le note un activiste sur les réseaux sociaux :

Les robotaxis ne sont pas seulement des voitures. Ce sont des yeux électroniques qui surveillent nos rues.

– Samuel Sinyangwe, organisateur pour la justice raciale

Cette méfiance envers les technologies autonomes reflète un malaise plus large face à l’emprise croissante des géants technologiques sur les espaces publics. Les manifestants ne s’en prennent pas seulement à Waymo, mais à ce qu’ils perçoivent comme une menace pour leur vie privée et leur liberté.

Les défis pour Waymo et Lime

Pour Waymo et Lime, ces événements représentent un revers majeur. Chaque robotaxi Waymo, un Jaguar I-Pace équipé de capteurs lidar et radar, coûte entre 150 000 et 200 000 dollars. La destruction de plusieurs véhicules constitue une perte financière significative, sans compter les dommages à leur réputation. Waymo a suspendu son service dans les zones de protestation, mais la question demeure : comment protéger ces technologies dans des contextes sociaux tendus ?

Lime, de son côté, fait face à des défis similaires. Les scooters électriques, bien que pratiques, sont souvent perçus comme des nuisances urbaines, encombrant les trottoirs et contribuant à la pollution visuelle. Leur destruction lors des manifestations souligne leur vulnérabilité et le manque de mesures pour les protéger.

Vers une coexistence pacifique ?

Cet épisode met en lumière un paradoxe : les technologies conçues pour améliorer la mobilité urbaine peuvent devenir des cibles dans des moments de crise. Pour Waymo, Lime et d’autres acteurs de la smart city, l’enjeu est double : garantir la sécurité de leurs équipements tout en regagnant la confiance des communautés. Voici quelques pistes possibles :

• Renforcer la communication : Expliquer clairement comment les données collectées sont utilisées et protégées.
• Collaborer avec les communautés : Impliquer les habitants dans le développement des services de mobilité.
• Améliorer la sécurité : Développer des mécanismes pour protéger les véhicules autonomes en cas de troubles.

Ces solutions nécessiteront du temps et des investissements, mais elles sont essentielles pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent.

Un symbole de tensions plus profondes

Les images de robotaxis en flammes à Los Angeles ne sont pas seulement spectaculaires ; elles incarnent les frictions entre innovation technologique et réalités sociales. Les raids migratoires, la militarisation des réponses gouvernementales et la méfiance envers les géants technologiques convergent dans cet événement, révélant un fossé croissant entre les promesses d’un futur connecté et les défis du présent.

Alors que Waymo et Lime continuent d’étendre leurs services, ils devront naviguer dans un paysage urbain où la technologie est à la fois une solution et une source de controverse. Les manifestations de Los Angeles rappellent que l’innovation ne peut prospérer sans un dialogue avec ceux qu’elle est censée servir.

Et si la véritable leçon était là ? La technologie, aussi avancée soit-elle, reste profondément enracinée dans les dynamiques humaines. Ignorer ces dynamiques, c’est risquer de voir les flammes de la révolte consumer les promesses d’un avenir meilleur.