Waymo Intègre Gemini dans Ses Robotaxis

Imaginez-vous installer confortablement dans un véhicule sans conducteur, la ville défile devant les vitres, et soudain, une voix amicale vous accueille par votre prénom. Vous posez une question sur la météo, demandez à baisser un peu la climatisation, ou simplement discutez pour passer le temps. Ce scénario, qui semblait encore relever de la science-fiction il y a quelques années, pourrait bientôt devenir réalité grâce à une innovation en cours chez Waymo.

Waymo prépare l’arrivée de Gemini comme assistant embarqué

Fin décembre 2025, une découverte fascinante a secoué la communauté tech. La chercheuse Jane Manchun Wong, connue pour ses analyses approfondies du code des applications, a mis au jour un système complet d’instructions destiné à intégrer Gemini, le modèle d’intelligence artificielle de Google, directement dans les robotaxis de Waymo. Ce n’est pas une simple rumeur : plus de 1200 lignes de directives internes définissent précisément le comportement de cet assistant vocal et textuel à bord des véhicules autonomes.

Waymo, filiale d’Alphabet dédiée à la conduite autonome, n’a pas officiellement annoncé cette fonctionnalité. Une porte-parole a toutefois confirmé que l’équipe « expérimente constamment de nouvelles idées pour rendre les trajets plus agréables, fluides et utiles ». Certains de ces tests pourraient aboutir, d’autres non. Mais les indices découverts laissent peu de place au doute : l’intégration est déjà bien avancée.

Un assistant conçu pour accompagner, pas pour piloter

L’une des particularités les plus marquantes de ce projet est la séparation stricte entre l’assistant IA et le système de conduite autonome, baptisé Waymo Driver. Gemini n’a aucun contrôle sur la trajectoire, les décisions de route ou les réactions en temps réel du véhicule. Cette frontière est imposée dans les instructions mêmes : l’IA doit toujours préciser que c’est le Waymo Driver qui « voit » la route grâce à ses capteurs, et non elle-même.

Cette distinction vise à éviter toute confusion chez les passagers. Personne ne doit croire que l’assistant « conduit » la voiture. Au contraire, Gemini se positionne comme un compagnon de voyage attentif, capable de répondre à des questions générales, de régler certains paramètres de confort et de rassurer en cas d’inquiétude.

« Vous êtes un compagnon IA amical et utile intégré dans un véhicule autonome Waymo. Votre objectif principal est d’améliorer l’expérience du passager en fournissant des informations utiles et une assistance, de manière sûre, rassurante et discrète. »

– Extrait des instructions internes découvertes par Jane Manchun Wong

Des fonctionnalités pratiques mais encadrées

Concrètement, que pourra faire cet assistant une fois déployé ? Les directives listent plusieurs capacités déjà prévues :

• Régler la température intérieure et l’éclairage d’ambiance
• Lancer ou changer la musique
• Répondre à des questions de connaissance générale (météo, horaires de magasins, résultats sportifs, hauteur de monuments…)
• Accueillir le passager par son prénom et personnaliser les interactions selon son historique de trajets
• Rassurer en cas de situation inhabituelle, sans jamais commenter les décisions de conduite

Certaines demandes resteront hors de portée. Par exemple, Gemini ne pourra pas modifier l’itinéraire, ajuster le volume sonore (curieusement absent de la liste), ouvrir les vitres ou déplacer les sièges. Si un passager pose ce type de requête, l’assistant répondra par une phrase polie du style « Ce n’est pas encore quelque chose que je peux faire ».

De même, toute tentative d’obtenir des explications sur un incident précis de conduite sera gentiment écartée. L’IA n’est pas là pour défendre ou justifier les actions du Waymo Driver, mais pour recentrer la conversation sur des sujets plus légers.

Une personnalité soigneusement calibrée

Le ton de Gemini à bord des robotaxis est pensé pour inspirer confiance. Les réponses doivent être courtes – une à trois phrases maximum –, claires, sans jargon technique. L’assistant utilise un langage naturel, amical, presque chaleureux. Il peut même adapter ses salutations en fonction du nombre de trajets déjà effectués par le passager.

Cette approche contraste avec d’autres implémentations d’IA embarquées. Chez Tesla, par exemple, l’intégration de Grok (développé par xAI) mise davantage sur une conversation libre, parfois humoristique, capable de tenir des échanges longs et de conserver le contexte. Gemini, lui, reste focalisé sur l’expérience immédiate du trajet : pragmatique, rassurant, discret.

Ces choix reflètent une philosophie différente. Waymo privilégie la sécurité perçue et la réduction de l’anxiété liée à la conduite autonome. Des études montrent que de nombreux utilisateurs potentiels hésitent encore à monter dans un véhicule sans chauffeur. Un assistant bienveillant pourrait faire la différence.

Gemini déjà utilisé… pour entraîner le Waymo Driver

Ce n’est d’ailleurs pas la première collaboration entre Gemini et Waymo. Le modèle de Google est déjà exploité en coulisses pour améliorer les capacités du système de conduite. Grâce à sa vaste connaissance du monde, Gemini aide à simuler et à préparer le Waymo Driver face à des situations rares ou complexes : comportements imprévisibles de piétons, conditions météo extrêmes, scénarios d’urgence.

Cette utilisation « en amont » montre à quel point les grandes modèles d’IA deviennent indispensables dans le développement des technologies autonomes. Passer maintenant à une interface directe avec les passagers représente une étape logique, presque inévitable.

La concurrence s’active aussi

Waymo n’est pas seul sur ce terrain. Tesla avance rapidement avec Grok, Zoox (Amazon) travaille sur ses propres interfaces vocales, et d’autres acteurs comme Cruise (avant ses difficultés récentes) avaient également exploré cette voie. L’assistant embarqué devient un nouveau champ de différenciation dans la course aux robotaxis commerciaux.

Les enjeux sont multiples : fidélisation des utilisateurs, collecte de données sur les préférences, mais aussi image de marque. Un assistant perçu comme sympathique et fiable peut transformer un simple déplacement utilitaire en expérience positive, voire mémorable.

Vers une mobilité augmentée par l’IA

À plus long terme, l’intégration d’un assistant comme Gemini pourrait ouvrir la porte à des usages bien plus riches. Imaginez demander des recommandations de restaurants en fonction de votre destination, obtenir des informations touristiques en temps réel, ou même coordonner plusieurs trajets familiaux. Bien sûr, tout cela devra rester dans les limites fixées par la sécurité et la confidentialité.

Car c’est là l’un des défis majeurs : préserver la confiance des utilisateurs. Chaque interaction doit être transparente, non intrusive, et surtout sans risque de détournement. Les instructions découvertes par Jane Manchun Wong montrent que Waymo en est conscient et met en place des garde-fous stricts.

Le déploiement, s’il a lieu, se fera probablement de manière progressive : d’abord auprès d’un petit nombre d’utilisateurs dans les zones déjà couvertes (San Francisco, Phoenix, Los Angeles…), puis élargi en fonction des retours. Chaque mise à jour pourra affiner le comportement de l’assistant, ajouter de nouvelles fonctions ou renforcer les restrictions.

Ce que cela nous dit de l’avenir des transports

Au-delà de Waymo et de Gemini, cette annonce illustre une tendance de fond : la fusion progressive entre intelligence artificielle conversationnelle et mobilité. Les véhicules ne seront plus seulement des moyens de transport, mais des espaces intelligents capables d’interagir, d’anticiper, de personnaliser.

Cette évolution soulève aussi des questions sociétales. Comment garantir que ces assistants restent neutres et inclusifs ? Comment gérer les données vocales collectées ? Quel impact sur l’emploi des chauffeurs humains dans les services de VTC traditionnels ? Les réponses viendront au fil des déploiements et des régulations.

En attendant, une chose est sûre : la prochaine fois que vous monterez dans un robotaxi Waymo, il se pourrait bien qu’une voix amicale vous dise bonjour. Et cette voix pourrait changer profondément notre rapport à la mobilité autonome.

Le futur des transports ne se limite plus à la technique pure de la conduite sans humain. Il intègre désormais la dimension relationnelle, émotionnelle même. Et c’est peut-être là que réside la vraie révolution.