L’essor de l’activité manufacturière en Chine malgré les défis

Alors que beaucoup s'attendaient à une contraction prolongée, l'activité manufacturière en Chine a créé la surprise en repassant dans le vert au mois de mai. L'indice PMI manufacturier officiel est en effet remonté à 50,2, après être passé sous la barre des 50 en avril. Comment expliquer ce rebond inattendu et quelles en sont les implications pour l'économie chinoise ?

Une reprise tirée par les secteurs technologiques

Si l'on regarde dans le détail, ce sont surtout les industries de pointe qui ont porté cette reprise :

• L'électronique et les équipements high-tech ont vu leur production accélérer, bénéficiant des investissements dans la 5G, l'IA, etc.
• La pharmacie a aussi progressé, portée par une demande intérieure et mondiale en hausse pour les produits de santé.
• Les véhicules électriques et batteries continuent leur montée en puissance, la Chine misant sur son leadership dans ce domaine.

En revanche, les secteurs traditionnels comme le textile ou la métallurgie peinent encore à retrouver leur niveau d'avant-crise. L'immobilier, poids lourd de l'économie, reste lui aussi à la traine malgré quelques signes de stabilisation.

Des mesures de soutien qui portent leurs fruits

Pour stimuler l'activité, les autorités chinoises ont multiplié ces derniers mois les mesures de relance ciblées :

• Assouplissement des restrictions sanitaires et de déplacement, permettant une reprise progressive de la vie économique.
• Soutien fiscal et facilités de crédit pour les entreprises, en particulier les PME durement touchées par la crise.
• Plan de relance des investissements dans les infrastructures, les transports et les technologies vertes.

Sans parler d'un retour à la normale, ces aides semblent avoir permis d'enrayer la spirale récessive et de redonner un peu de vigueur à l'activité productive chinoise. Il faudra cependant du temps pour que cela se traduise par une vraie reprise de la demande des ménages et des entreprises.

Vers un rééquilibrage de l'économie chinoise ?

Plus structurellement, Pékin cherche à rééquilibrer progressivement son modèle de croissance, encore très dépendant des exportations et de l'investissement. L'objectif est de s'appuyer davantage sur la consommation intérieure et le tertiaire.

La transition vers une économie axée sur la demande intérieure et les services prendra du temps, mais c'est la bonne direction pour le développement durable et de qualité de la Chine.

Jin Keyu, économiste à la London School of Economics

Dans cette optique, les récentes données sur les services sont encourageantes. L'indice PMI non-manufacturier a atteint 54,5 en mai, au plus haut depuis janvier 2021, laissant espérer un retour en force de la consommation des ménages.

Des défis persistent mais la résilience chinoise impressionne

Malgré ces évolutions positives, l'économie chinoise n'est pas à l'abri de rechutes :

• Le risque épidémique n'a pas disparu et de nouvelles restrictions restent possibles si la situation sanitaire se dégrade à nouveau.
• Les difficultés du secteur immobilier, très endetté, continueront de peser sur l'activité et l'emploi pendant un certain temps.
• Les tensions géopolitiques et commerciales, notamment avec les États-Unis, sont une source d'incertitude persistante.

Néanmoins, le rebond inattendu de l'industrie en mai témoigne une nouvelle fois de la résilience de l'économie et de la société chinoises face aux chocs. La voie de la reprise sera sans doute cahoteuse, mais la capacité de résistance et d'adaptation de la Chine ne doit pas être sous-estimée.

À moyen-long terme, les atouts structurels du pays (taille du marché, maîtrise technologique, épargne abondante...) devraient lui permettre de renouer avec une croissance robuste, quoique sans doute moins spectaculaire que lors des décennies précédentes. La montée en gamme de l'industrie et la transition vers une économie de services dessinent les contours d'un nouveau modèle de développement made in China.