Percée génétique sur le vieillissement grâce à une maladie rare
Et si une maladie génétique rare pouvait nous en apprendre plus sur le vieillissement en général ? C'est ce que suggère une étude internationale menée par des chercheurs américains et japonais. En identifiant le mécanisme par lequel la mutation d'un gène spécifique endommage l'ADN et provoque une maladie mortelle, ils ouvrent de nouvelles perspectives pour comprendre et potentiellement traiter de nombreux troubles liés à l'âge.
Une maladie génétique rare comme modèle du vieillissement
La vasculopathie rétinienne avec leucoencéphalopathie cérébrale (VRLC) est une maladie génétique extrêmement rare, qui touche moins de 200 personnes dans le monde. Causée par une mutation du gène TREX1, elle provoque des dommages aux petits vaisseaux sanguins qui irriguent des organes sensibles comme les yeux, le cerveau et les reins. Les symptômes apparaissent entre 35 et 55 ans et mènent à une défaillance progressive des organes et un décès prématuré.
Bien que le lien entre la mutation de TREX1 et la VRLC soit connu depuis un certain temps, le mécanisme précis par lequel ce gène muté endommage les vaisseaux restait mystérieux. C'est ce qu'a voulu élucider l'équipe de recherche internationale, avec des implications qui dépassent le cadre de cette maladie rare.
Des dommages à l'ADN qui accélèrent le vieillissement cellulaire
En étudiant des modèles animaux et cellulaires de la VRLC, les chercheurs ont découvert que la mutation de TREX1 interférait avec la réparation des cassures double-brin de l'ADN. Ces dommages s'accumulent alors dans les cellules, provoquant leur vieillissement prématuré.
Il semble que les dommages accélérés à l'ADN dans la VRLC provoquent le vieillissement prématuré de certaines cellules, notamment dans la paroi des vaisseaux sanguins
– Jonathan Miner, chercheur principal de l'étude
Cette accumulation de dommages à l'ADN non réparés est considérée comme l'un des principaux mécanismes du vieillissement. En affectant l'intégrité du génome, elle empêcherait les cellules de se diviser et les ferait entrer dans un état de sénescence, contribuant au déclin global des tissus et organes avec l'âge. C'est ce qu'on appelle la théorie du vieillissement par les dommages à l'ADN.
Un lien inattendu avec le cancer du sein
De façon surprenante, l'étude a aussi révélé que les patients atteints de VRLC présentaient un risque accru de cancer du sein. Ce résultat fait écho au rôle bien connu des gènes BRCA1 et BRCA2 dans la réparation de l'ADN. Leur mutation augmente fortement le risque de cancer du sein en affectant ce mécanisme de réparation, ce qui déstabilise le génome.
Cette observation soutient l'hypothèse selon laquelle les dommages à l'ADN causés par l'altération du gène TREX1 favoriseraient aussi le développement de cancers, même si des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer et préciser ce lien.
Vers de nouvelles pistes thérapeutiques
Au-delà d'une meilleure compréhension des mécanismes de la VRLC, cette étude ouvre des perspectives pour son traitement. Parmi les pistes évoquées :
- Diminuer les niveaux de la protéine TREX1 mutée
- Corriger la mutation du gène
- Bloquer les effets délétères du gène muté sur l'ADN
Mais la portée de ces travaux va bien au-delà de cette maladie rare. En comprenant mieux le rôle du gène TREX1 dans les dommages à l'ADN et le vieillissement cellulaire, ils pourraient déboucher sur de nouvelles approches pour traiter un large éventail de pathologies liées à l'âge, des maladies cardiovasculaires aux troubles auto-immuns en passant par les cancers.
Un espoir est qu'en comprenant le rôle de TREX1 dans la VRLC, on puisse découvrir des mécanismes reliant ce gène à de nombreuses conditions humaines, y compris le vieillissement normal.
- Jonathan Miner
Élucider les mystères génétiques et moléculaires d'une maladie rare pourrait donc bien apporter un éclairage précieux sur les rouages fondamentaux et universels du vieillissement humain. Une avancée prometteuse dans la quête de traitements personnalisés pour préserver notre santé face au temps qui passe.