Amazon Lance la Livraison en 30 Minutes aux USA
Vous êtes tranquillement installé sur votre canapé, il est 19 h 47, et vous réalisez qu’il n’y a plus une seule goutte de lait pour le petit-déjeuner de demain. Habituellement, c’est la panique ou la corvée de dernière minute. Mais si, en 2025, il vous suffisait d’ouvrir l’application Amazon et de recevoir vos courses en moins de trente minutes ? C’est exactement ce que le géant de Seattle commence à déployer aux États-Unis.
Amazon passe à la vitesse supérieure : 30 minutes maximum
Le 2 décembre 2025, Amazon a officiellement lancé son service de livraison ultra-rapide dans deux villes tests : Seattle (son fief historique) et Philadelphie. Le principe est simple et pourtant révolutionnaire : commander presque n’importe quoi – produits frais, électronique, cosmétiques, médicaments sans ordonnance – et le recevoir en trente minutes ou moins.
Pour les membres Prime, l’option coûte 3,99 $ par commande. Les non-membres débourseront 13,99 $. Un supplément de 1,99 $ s’applique si le panier est inférieur à 15 $. Des tarifs qui restent très compétitifs face aux 9-10 $ habituellement pratiqués par DoorDash ou Uber Eats pour des courses similaires.
« Amazon utilise des installations plus petites spécialement conçues pour un traitement efficace des commandes, placées stratégiquement près des zones résidentielles et professionnelles. »
– Extrait du communiqué officiel Amazon
Des micro-entrepôts au cœur de la stratégie
Le secret de cette prouesse logistique ? Des micro-fulfillment centers, ces petits entrepôts de proximité qui pullulent déjà en Inde (Amazon Fresh) ou aux Émirats arabes unis, où le géant teste même la livraison en… 15 minutes (certains clients ont reçu leur colis en 6 minutes seulement !).
Ces sites de quelques centaines de mètres carrés permettent de réduire drastiquement la distance entre le produit et le client final. Moins de kilomètres = moins de temps = moins d’émissions… du moins en théorie.
Dans les faits, Amazon affirme que cette organisation améliore aussi la sécurité des préparateurs de commandes et diminue la fatigue des livreurs. Reste à voir si ces promesses tiendront sur la durée.
Une guerre ouverte contre les champions du quick commerce
Avec cette offensive, Amazon déclare officiellement la guerre à Gorillas, Getir, Flink, DoorDash, Uber Eats et surtout Instacart, qui dominent aujourd’hui le marché américain de la livraison express de courses.
Le géant dispose pourtant d’atouts massifs :
- Un catalogue infiniment plus large que les pure players du quick commerce
- 170 millions de membres Prime aux États-Unis, déjà habitués à payer pour la rapidité
- Une flotte de livraison déjà énorme et des algorithmes de routage ultra-perfectionnés
- La capacité d’investir des milliards sans sourciller (4 milliards annoncés en juin 2025 pour tripler le réseau de livraison d’ici 2026)
Autant dire que les startups spécialisées dans le quart d’heure ont du souci à se faire. Certaines, comme Getir, ont déjà mis la clé sous la porte dans plusieurs pays.
Un vieux rêve qui resurgit
Ce n’est pas la première fois qu’Amazon tente l’aventure de la livraison express. En 2014, l’entreprise lançait Prime Now, promettant des livraisons en une ou deux heures. Le service a été arrêté en 2021, intégré à l’application principale. Mais entre-temps, le monde a changé : la pandémie a normalisé l’idée qu’on puisse recevoir ses courses sans bouger de chez soi, et les applications de quick commerce ont éduqué les consommateurs à l’immédiateté absolue.
Aujourd’hui, le contexte est donc radicalement différent. Les clients sont prêts. La technologie aussi.
Quelles conséquences pour les livreurs ?
Derrière la magie marketing se cache une réalité plus contrastée. La pression temporelle sur les livreurs risque de s’accentuer. Trente minutes pour récupérer, préparer et livrer une commande laisse peu de marge d’erreur.
Amazon affirme que les micro-entrepôts réduisent les distances parcourues, mais les syndicats et associations de livreurs restent vigilants. On se souvient des scandales liés aux conditions de travail chez certains concurrents européens, où les « riders » enchaînent les courses à un rythme infernal.
Le géant de Seattle devra prouver qu’il peut allier vitesse et respect des humains qui font tourner la machine.
Et l’impact environnemental ?
Livrer en 30 minutes implique souvent des trajets individuels en voiture ou scooter thermique. Même si Amazon déploie progressivement des véhicules électriques et des vélos cargo, l’équation carbone reste complexe.
Une étude de 2023 montrait déjà que le quick commerce générait jusqu’à 5 fois plus d’émissions par article livré qu’une livraison groupée classique. Amazon aura fort à faire pour verdir réellement cette nouvelle offre.
Vers une généralisation nationale… puis mondiale ?
Pour l’instant, seuls certains quartiers de Seattle et Philadelphie sont concernés. Mais connaissant Amazon, ce test n’est qu’une étape. New York, Los Angeles, Chicago et Miami pourraient suivre rapidement en 2026.
À plus long terme, l’Europe regarde avec attention. Après le succès relatif d’Amazon Fresh au Royaume-Uni et en Allemagne, une offensive sur le Vieux Continent n’est pas à exclure – même si la réglementation sociale et les centres-villes denses posent des défis différents.
Ce que ça change pour vous, consommateur
Concrètement, si vous habitez dans une zone couverte :
- Vous verrez apparaître l’option « Livraison en 30 minutes » dans le menu de l’application Amazon
- Vous pourrez suivre votre commande en temps réel et tipper le livreur directement dans l’app
- Vous risquez… de ne plus jamais faire vos courses vous-même le soir !
Le danger ? Tomber dans l’hyper-consommation impulsif. Parce que quand tout est à portée de clic en quelques minutes, la tentation est grande.
Amazon ne révolutionne pas seulement la logistique. Il est en train de redéfinir notre rapport au temps, à l’attente et aux besoins immédiats. Et quelque part, ça fait un peu peur… tout en étant terriblement pratique.
Alors, prêt à dire adieu aux courses de dernière minute ? Ou préférez-vous garder un peu de lenteur dans ce monde qui va déjà trop vite ?