Barracuda : des missiles de croisière bon marché pour attaques en essaim
Face au retour des conflits de haute intensité entre États, la jeune entreprise Anduril entend révolutionner l'armement avec sa famille de missiles de croisière autonomes Barracuda. Conçus pour être produits en masse et déployés en essaims intelligents, ils promettent de redonner un avantage décisif aux forces occidentales, à moindre coût. Une innovation qui tombe à point nommé alors que les stocks de munitions de précision s'amenuisent dangereusement.
Une architecture simplifiée et modulaire pour une production de masse
Contrairement aux missiles classiques, complexes et gourmands en composants spécialisés, les Barracuda misent sur une conception logicielle modulaire. Selon Anduril, cela permet de les assembler deux fois plus vite, avec 95% d'outils en moins et 50% de pièces en moins. Résultat : un coût unitaire réduit de 30% et une fabrication adaptée à la production de masse, y compris en cas de pic de demande.
Mieux encore, l'assemblage ne nécessite qu'une dizaine d'outils et peut être réalisé par des ouvriers sans qualification spécifique. Les Barracuda peuvent ainsi sortir des chaînes de montage automobile et d'électronique grand public, contournant le goulet d'étranglement de l'industrie de défense, concentrée dans une poignée d'entreprises. L'utilisation de composants standard pour les sous-systèmes simplifie également la logistique.
Une famille de missiles couvrant tous les besoins
Disponibles en trois variantes, Barracuda 100, 250 et 500, ces missiles de croisière autonomes (AAV) à statoréacteur partagent une base commune compatible avec diverses charges utiles. Leurs nombres indiquent leur portée en miles nautiques : 100 nm (185 km), 250 nm (463 km) et 500 nm (926 km). Ils peuvent emporter plus de 45 kg de charge utile, manœuvrer à 5 g et effectuer des attaques directes ou en tir et oubli avec une autonomie de 120 minutes.
L'intelligence en essaim comme force multiplicatrice
Mais la vraie révolution des Barracuda réside dans leur capacité à opérer en essaims collaboratifs grâce au logiciel d'autonomie Lattice d'Anduril. Plus que de simples missiles suivant une cible préprogrammée, ils peuvent coordonner leurs actions avec d'autres missiles et appareils pilotés, en décidant quelle cible attaquer, dans quel ordre, en jouant sur les leurres et l'attente pour un effet dévastateur.
Cet ensemble peut fournir l'effet militaire désiré, sans avoir à tout intégrer dans un seul véhicule aérien, et donc de réduire radicalement le coût unitaire.
– Un porte-parole d'Anduril
Des munitions abordables, la clé des guerres de demain ?
En misant sur la quantité et l'intelligence répartie plutôt que sur la performance unitaire, Anduril espère ainsi changer la donne capacitaire et économique de la guerre moderne. Face à des adversaires de plus en plus nombreux et résilients, la solution pourrait bien passer par des essaims de petits missiles bon marché et autonomes, capables de saturer les défenses adverses sans saigner les finances des États.
Une approche perturbatrice qui bouscule les schémas classiques des complexes militaro-industriels occidentaux, mais qui semble en phase avec les réalités des conflits de haute intensité du 21ème siècle. Les Barracuda d'Anduril pourraient bien préfigurer les systèmes d'armes incontournables des prochaines décennies sur les théâtres d'opérations majeurs. L'avenir nous dira si cette promesse se concrétise.
