Chevy Silverado EV vs Rivian R1T : Duel au Mint 400
Imaginez un instant : le rugissement des moteurs est remplacé par un silence troublant, seulement brisé par le crissement des pneus sur le sable. Nous sommes en mars 2025, en plein désert près de Las Vegas, où une révolution discrète mais spectaculaire se déroule. Pour la première fois, deux véhicules électriques, le Chevy Silverado EV et le Rivian R1T, ont osé défier la légendaire course off-road Mint 400, une épreuve réservée jusque-là aux bolides à essence. Cette intrusion des électrons dans un univers de carburant fossile soulève une question : les EVs peuvent-ils vraiment rivaliser dans des conditions aussi extrêmes ?
Quand l’électricité s’invite dans le désert
Depuis son lancement en 1969, le Mint 400 est synonyme de puissance brute et de défis mécaniques. Les spectateurs s’attendent à sentir l’odeur âcre du carburant et à voir des monstres à huit cylindres dompter les dunes. Mais en 2024, un vent de changement a soufflé : une bande d’amis a inscrit un Rivian R1T, ouvrant la voie à une nouvelle catégorie, la classe EV Production. Cette année, Chevrolet a relevé le gant avec son Silverado EV ZR2, un concept modifié taillé pour le hors-piste. L’électricité a désormais sa place dans ce sanctuaire de la vitesse et de la poussière.
Un Rivian R1T presque de série
Le Rivian R1T, conduit par une équipe de passionnés audacieux, est resté fidèle à ses racines de production. Seule modification notable : des pneus BFGoodrich de 35 pouces pour mieux mordre le terrain. Avec sa batterie de **149 kWh**, ce pick-up électrique a relevé le défi de parcourir deux tours de 73 miles chacun, soit environ 235 kilomètres au total. Mais la course n’a pas été sans embûches : une suspension pneumatique a cédé vers le mile 50, obligeant l’équipe à improviser sous pression.
Arrivé au chargeur Electrify America avec seulement 20 % de batterie restante, le Rivian a démontré une efficacité de **0,6 mile/kWh**. Une performance honorable pour un véhicule poussé à 128 miles par heure sur le lac asséché ! Après une recharge rapide jusqu’à 90 %, il est reparti, malgré un amortisseur avant défaillant. Le verdict ? Une victoire dans sa catégorie, avec une endurance impressionnante pour un modèle quasi-stock.
Chevrolet Silverado EV : un monstre sur mesure
Face au Rivian, le Chevy Silverado EV ZR2 entre en scène comme un titan modifié. Ce concept, préfigurant le futur Trail Boss 2026, n’a rien d’un véhicule de série. Ses bras de suspension allongés, empruntés au Hummer EV, offrent **13 pouces de débattement**. Exit la suspension pneumatique : place à des ressorts à double spire à l’avant (1 600 livres/pouce) et simple à l’arrière (978 livres/pouce). Avec un poids flirtant avec les **10 000 livres**, ce colosse repose sur des pneus BFGoodrich de 37 pouces, hissant sa garde au sol à 15 pouces.
Sous le capot – ou plutôt sous le châssis – trois moteurs électriques, dont deux à l’arrière, développent une puissance combinée de **1 100 chevaux**. Chevrolet annonce un couple monstrueux de 11 500 livres-pied aux roues, bien que le couple moteur réel soit plus proche de 1 000 livres-pied. Sa batterie de **205 kWh**, prévue pour 440 miles en usage routier, a tenu un tour de 73 miles avec 40 % de charge restante, soit une efficacité légèrement supérieure à celle attendue par les ingénieurs.
Une course, deux philosophies
Si le décor était le même – dunes, rochers et pistes rapides –, les deux camions n’ont pas joué dans la même cour. Le Rivian, dans la classe EV Production, a bouclé deux tours, tandis que le Silverado, dans la catégorie EV Open, s’est contenté d’un seul. Pourquoi cette différence ? Matt Martelli, organisateur du Mint 400, explique :
« On introduit les nouvelles classes progressivement. Le Rivian avait déjà couru l’an dernier. On ne veut pas qu’ils échouent, alors on augmente la difficulté petit à petit. »
– Matt Martelli, organisateur du Mint 400
Cette approche prudente a porté ses fruits : les deux équipes ont franchi la ligne d’arrivée, chacune sacrée vainqueur dans sa catégorie. Mais au-delà des trophées, c’est une démonstration de résilience électrique qui marque les esprits.
Les chiffres parlent : efficacité et vitesse
Le Silverado EV a bouclé son tour en 2 heures et 10 minutes, soit une vitesse moyenne de **34 miles par heure**. Avec 40 % de batterie restante, il affiche une consommation de **0,6 mile/kWh**, dépassant les prévisions de Tim Demetrio, responsable des performances off-road chez Chevrolet. Ce dernier confie :
« On avait testé le camion, mais on ignorait comment il tiendrait en course. Les résultats sont encourageants. »
– Tim Demetrio, Chevrolet
Le Rivian, lui, a maintenu la même efficacité sur ses deux tours, malgré une conduite agressive. Nick Paris, le pilote, a poussé la machine à **110 miles par heure** sur le lac asséché, passant même devant le Chevy. Mais entre la recharge et les réparations, sa vitesse moyenne reste légèrement inférieure.
Des défis techniques à surmonter
Les EVs brillent par leur couple instantané et leur silence, mais le Mint 400 a révélé leurs limites. Pour le Rivian, les pannes mécaniques – suspension pneumatique et amortisseur – rappellent que la robustesse reste un enjeu. Pour le Silverado, la question de l’autonomie en conditions extrêmes persiste : un seul tour, c’est bien, mais pourrait-il enchaîner sans recharge ? La densité des batteries et l’accès aux chargeurs rapides restent des obstacles majeurs.
Pourtant, ces imperfections n’enlèvent rien à l’exploit. Les deux camions ont prouvé que l’électrique peut s’imposer là où règnent traditionnellement les moteurs thermiques. Une petite révolution, certes, mais une révolution quand même.
Et les autres constructeurs dans tout ça ?
Ce duel Chevy-Rivian ouvre la porte à d’autres acteurs. Où sont Ford avec son Lightning, Jeep avec le Wagoneer S ou Tesla avec son Cybertruck ? GMC pourrait aligner un Hummer EV, et pourquoi pas Porsche avec un Taycan Cross Turismo ? Volkswagen a déjà testé l’ID4 au Mexican 1000 il y a quelques années – un retour au Mint serait spectaculaire. Une grille remplie d’EVs en compétition transformerait cette course en un laboratoire grandeur nature.
Voici quelques idées pour enrichir le plateau :
- Ford Lightning : un pick-up robuste prêt à défier le désert.
- Cybertruck : l’OVNI de Tesla pourrait surprendre.
- Hummer EV : puissance brute et héritage off-road.
Un avenir électrique pour le off-road ?
Le Mint 400 2025 marque un tournant. Les véhicules électriques ne sont plus cantonnés aux trajets urbains ou aux routes asphaltées. Leur présence dans une course aussi exigeante prouve que la technologie évolue, même si elle n’égale pas encore les monstres à essence en termes d’autonomie ou de compétitivité pure. Mais soyons honnêtes : voir un Silverado EV et un Rivian R1T soulever la poussière en silence, c’est un spectacle qui donne envie d’en voir plus.
Alors, que réserve l’avenir ? Des batteries plus denses, des chargeurs plus accessibles, et peut-être une grille complète d’EVs d’ici quelques années. En attendant, Chevrolet et Rivian ont planté une graine dans le désert – une graine qui pourrait bien faire pousser une nouvelle ère du off-road.