Comment l’Iran Contourne les Sanctions Aériennes

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juin 27, 2024

Comment l’Iran Contourne les Sanctions Aériennes

Depuis plusieurs années, l'Iran fait face à un sévère embargo américain qui impacte lourdement son industrie aéronautique. Privées de la possibilité d'acquérir de nouveaux appareils et des pièces détachées nécessaires à l'entretien de sa flotte vieillissante, les compagnies aériennes iraniennes peinent à maintenir leur activité. Mais le régime de Téhéran n'a pas dit son dernier mot et déploie des trésors d'ingéniosité pour contourner ces sanctions, quitte à flirter avec l'illégalité. Dernière trouvaille en date : le vol de deux Airbus A340 depuis la Lituanie en février dernier.

Un curieux voyage sans retour pour deux A340

L'histoire commence de façon anodine sur l'aéroport international de Siauliai en Lituanie. Cet ancien aérodrome militaire soviétique, reconverti à l'usage civil, accueille sur son tarmac trois Airbus A340. Ces quadriréacteurs long-courriers en fin de carrière appartiennent à la société Macka Invest immatriculée en Gambie. Deux d'entre eux décollent comme prévu, l'un à destination du Sri Lanka, l'autre vers les Philippines selon les plans de vol déposés.

Mais rien ne se passe comme prévu. Peu après le décollage, les transpondeurs des deux appareils sont coupés, les rendant invisibles aux radars. Lorsqu'ils réapparaissent, stupeur : les A340 ont atterri en Iran, à des milliers de kilomètres de leurs destinations théoriques ! Le premier a atterri à Téhéran, le second à Chabahar selon le site spécialisé ch-aviation.

Un troisième larron intercepté

Un troisième A340 patiente toujours à Siauliai, chargé de pièces détachées. Son plan de vol indique une route vers les Philippines, mais à la lumière de ce qui vient de se passer, les autorités lituaniennes ont un doute. La directrice de l'aéroport, Aurélia Quazada témoigne :

Lorsque nous avons appris que le premier avion avait atterri en Iran, nous ne l'avons tout simplement pas laissé partir.

Aurélia Quazada, directrice de l'aéroport de Siauliai

L'appareil et sa précieuse cargaison resteront donc cloués au sol, in extremis. Mais comment expliquer ce rocambolesque voyage vers la République Islamique ?

La guerre secrète de l'Iran pour reconstituer sa flotte

Téhéran ne cache pas que son aviation civile est exsangue du fait des sanctions américaines décrétées à son encontre. Des dizaines d'avions, faute de maintenance, sont contraints de rester au sol. Pour y remédier, tous les moyens sont bons, y compris des méthodes aux frontières de la légalité.

Les Airbus disparus de Lituanie ne sont en effet pas un cas isolé. Plusieurs opérations similaires ont déjà eu lieu par le passé :

  • En 2022, quatre A340 ont décollé d'Afrique du Sud officiellement pour l'Ouzbékistan. Ils ont finalement atterri en Iran.
  • La même année, deux A340 réformés de l'Armée de l'Air française ont été acquis par une société indonésienne. Leur destination finale était là encore l'Iran, comme l'ont confirmé des images satellites.

Ces manœuvres créatives, pour ne pas dire plus, s'inscrivent dans la bataille discrète mais féroce que mène l'Iran pour reconstituer sa flotte malgré l'étau des sanctions. Si ces initiatives permettent de faire rentrer au pays quelques précieux appareils et des pièces détachées vitales, elles comportent aussi de sérieux risques.

Un jeu dangereux aux conséquences potentiellement lourdes

Sur le plan technique d'abord. Les avions acquis clandestinement pourront-ils voler en toute sécurité et être entretenus correctement malgré l'opacité sur leur maintenance ? Le doute est permis. Mais c'est surtout d'un point de vue diplomatique que le jeu iranien s'avère périlleux.

En contournant de façon aussi frontale les sanctions américaines, Téhéran s'expose à une réplique de Washington. De nouvelles sanctions ciblant spécifiquement le secteur aérien pourraient être décrétées en représailles, aggravant encore la situation déjà précaire de l'aviation civile iranienne.

L'Iran semble néanmoins déterminé à poursuivre dans cette voie, tant l'enjeu est crucial. Disposer d'une flotte en état de naviguer est indispensable pour un pays aux dimensions de l'Iran. Reste à savoir jusqu'où Téhéran ira dans ce bras de fer avec les États-Unis, et si les bénéfices de ces acquisitions clandestines en vaudront réellement les risques. Les prochains mois nous le diront.

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