Crise chez MMT-B : Quel Avenir pour l’Industrie Auto ?

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mars 12, 2025

Crise chez MMT-B : Quel Avenir pour l’Industrie Auto ?

Imaginez une usine qui, il y a encore quelques décennies, vibrait au rythme de milliers d’ouvriers, produisant des pièces essentielles pour l’industrie automobile mondiale. Aujourd’hui, à Blanquefort, en Gironde, cette image s’efface peu à peu. MMT-B, un équipementier spécialisé dans les boîtes de vitesses, s’apprête à annoncer une réduction drastique de ses effectifs : entre 210 et 250 emplois sur 410 vont disparaître. Une nouvelle qui, loin d’être anodine, soulève des questions cruciales sur l’avenir des startups industrielles et la résilience d’un secteur en pleine mutation.

MMT-B : Une Startup au Cœur de la Tempête Industrielle

Installée sur l’ancien site de Ford à Blanquefort, MMT-B incarne à la fois l’héritage d’une industrie puissante et les défis d’une époque en transition. Rachetée par le fonds allemand Mutares, cette entreprise s’est spécialisée dans la fabrication de boîtes de vitesses manuelles pour les véhicules thermiques, avec Ford comme client principal. Mais ce modèle, autrefois solide, vacille aujourd’hui face à des vents contraires : la montée des voitures électriques et une dépendance excessive à un unique partenaire commercial.

Une Dépendance Fatale aux Véhicules Thermiques

Le couperet est tombé : une baisse des commandes de 27 % est prévue pour 2025, suivie d’une chute encore plus brutale de 38 % en 2026. Pourquoi ? Ford, pilier historique de MMT-B, voit ses ventes de modèles thermiques comme la Focus ou la Puma s’effriter au profit des électriques. Cette évolution, bien que prévisible dans le contexte de la **transition énergétique**, met en lumière une faiblesse structurelle : la quasi-absence de diversification.

« C’est un peu le revers de la médaille du succès des électriques. Ford ne vend pas moins, mais les thermiques perdent du terrain. »

– Régis Labasse, représentant FO chez MMT-B

Ce constat n’est pas isolé. De nombreuses entreprises industrielles, en particulier dans l’automobile, peinent à s’adapter à ce virage technologique. Pour MMT-B, cette dépendance à un « mono-produit » et un « mono-client » agit comme une épée de Damoclès, rendant chaque fluctuation du marché potentiellement fatale.

Un Héritage Industriel en Péril

Blanquefort, c’était autrefois une fourmilière industrielle. Dans les années 1990, le site employait 3 600 personnes sous la bannière Ford. Puis les effectifs ont fondu : 1 000, 700, et aujourd’hui 410. Avec cette nouvelle vague de suppressions, c’est plus de la moitié des emplois restants qui s’évapore. Une saignée qui laisse les salariés exsangues, épuisés par des plans sociaux à répétition.

Pourtant, les atouts ne manquent pas. L’usine dispose d’un outil de production moderne, de machines neuves et d’une main-d’œuvre qualifiée. Mais ces forces semblent insuffisantes face aux défis conjoncturels et structurels qui s’accumulent.

Les Obstacles à la Diversification

Pourquoi MMT-B n’a-t-elle pas réussi à élargir son portefeuille clients ? Régis Labasse, délégué syndical, pointe du doigt un paradoxe : malgré des contacts avec BMW et Mercedes, les constructeurs français brillent par leur absence. « On a du mal à comprendre pourquoi ils ne veulent pas travailler avec nous », déplore-t-il. Une question qui renvoie à des enjeux plus larges de **relocalisation** et de patriotisme économique.

À cela s’ajoute une autre difficulté : le redressement judiciaire d’Amis, un fournisseur clé, qui fragilise la chaîne d’approvisionnement. Sans oublier un soutien public jugé insuffisant par les représentants des salariés. « Les élus parlent beaucoup, mais les actes ne suivent pas toujours », regrette le syndicaliste.

Vers une Reconversion Possible ?

Malgré ce tableau sombre, des lueurs d’espoir subsistent. La direction explore des pistes de diversification, notamment dans l’aéronautique. Une reconversion ambitieuse, mais qui demande du temps et des investissements conséquents – deux ressources qui font cruellement défaut dans un contexte de crise.

Pour les experts, cette situation illustre un défi majeur pour les startups industrielles : comment pivoter rapidement face à des mutations technologiques imprévisibles ? Voici quelques pistes envisagées :

  • Investir dans la R&D pour concevoir des composants pour véhicules électriques.
  • Développer des partenariats avec des acteurs locaux ou européens.
  • S’orienter vers des secteurs en croissance comme l’aéronautique ou les énergies renouvelables.

L’Humain au Cœur de la Crise

Derrière les chiffres, il y a des visages. Les salariés de MMT-B, marqués par des années de lutte, vont bénéficier d’une cellule psychologique pour affronter cette nouvelle épreuve. Entre 210 et 250 d’entre eux – le chiffre exact sera dévoilé le 13 mars – devront bientôt quitter l’entreprise. Une annonce qui, au-delà de son impact économique, résonne comme un écho douloureux dans une région déjà fragilisée.

« Les équipes sont épuisées par ces plans sociaux à répétition », confie Régis Labasse. Un sentiment partagé par beaucoup, qui oscillent entre résignation et espoir ténu d’un sursaut industriel.

Que Retenir de Cette Leçon ?

L’histoire de MMT-B n’est pas qu’une chronique locale. Elle reflète les défis d’une industrie automobile en pleine révolution, où la **transition énergétique** redessine les cartes. Pour les startups comme pour les géants, la survie passe par l’adaptabilité et la diversification. Mais dans un monde où les cycles économiques s’accélèrent, cette transformation est-elle encore à portée de main ?

À Blanquefort, l’avenir reste incertain. Mais une chose est sûre : ce qui se joue ici dépasse largement les murs d’une usine. C’est une interrogation sur notre capacité collective à réinventer l’industrie de demain.

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