Défis et opportunités pour la chimie allemande en 2024
L'industrie chimique et pharmaceutique allemande traverse une période économique compliquée selon le dernier bilan de l'Association de l'industrie chimique (VCI). Malgré une légère reprise de la production en 2024 (+2%), le secteur peine à retrouver son niveau d'avant la crise, avec un chiffre d'affaires en baisse de 2% à 221 milliards d'euros.
Cette conjoncture morose s'explique par plusieurs facteurs : une demande atone, des prix en baisse (-2,5% en moyenne), des surcapacités de production et une perte de compétitivité liée notamment aux coûts élevés de l'énergie. Résultat, depuis 2018, la production chimique allemande a chuté de près de 18%.
Des fondamentaux dégradés malgré une timide reprise
Si certains segments comme la chimie de base (+8%) ou les polymères (+4%) redressent la tête, la situation globale reste préoccupante. Sur fond de ralentissement de l'activité mondiale, les carnets de commandes peinent à se remplir. Conséquence, le taux d'utilisation des capacités de production plafonne à 75% en moyenne.
Et les perspectives à court terme ne sont guère réjouissantes. Pour 2025, la VCI table sur une stagnation de la production chimique et une baisse de 0,5% des prix et du chiffre d'affaires. Une éventuelle reprise plus franche n'est pas attendue avant fin 2025, voire 2026.
Un avenir incertain qui inquiète la profession
Face à cet horizon bouché, les industriels de la chimie allemande tirent la sonnette d'alarme. Markus Steilemann, président de la VCI, pointe du doigt "des réglementations de plus en plus mesquines" qui brideraient la compétitivité des entreprises. Il appelle les responsables politiques à créer un environnement plus favorable :
L'industrie chimique a besoin de prix de l'énergie compétitifs, d'une réduction de la bureaucratie, d'une accélération de l'octroi de licences, d'une fiscalité allégée et d'une stratégie priorisant les dépenses.
Markus Steilemann, président de la VCI
Car sans un soutien massif et des réformes structurelles, c'est la pérennité même de la 3ème industrie exportatrice allemande qui serait menacée. Déjà, des usines ont fermé leurs portes et d'autres suivront si rien n'est fait pour enrayer le déclin en cours.
Réinventer le modèle industriel chimique allemand
Au-delà des aides conjoncturelles, il y a urgence à repenser en profondeur le modèle qui a fait le succès de la chimie allemande par le passé. Dans un contexte de transition écologique, de digitalisation et de concurrence exacerbée, de nouveaux axes stratégiques doivent être dégagés :
- Miser sur l'innovation verte et la chimie durable
- Accélérer la transformation digitale du secteur
- Renforcer la formation et l'attractivité des métiers
- Consolider les positions à l'export via des partenariats
Un vaste programme de (r)évolution industrielle qui nécessitera la mobilisation de toute une filière. Car si la crise actuelle constitue indéniablement une menace, elle peut aussi être le déclencheur d'une transformation positive et durable de la chimie allemande. À condition de prendre dès maintenant les bonnes décisions stratégiques.
