Facture d’électricité en Europe : Les disparités régionales
Imaginez devoir payer une "deuxième facture de loyer" chaque mois. C'est le casse-tête auquel font face de nombreux ménages et entreprises du Sud-Est de l'Europe, étouffés par l'envolée de leur facture d'électricité depuis le début de la guerre en Ukraine. Pendant ce temps, leurs homologues du Nord-Ouest s'en sortent beaucoup mieux. Comment expliquer de telles disparités au sein de l'Union Européenne ?
Le Sud-Est, maillon faible de l'Europe de l'énergie
Depuis l'arrêt des livraisons de gaz russe, les pays du Sud-Est européen se retrouvent particulièrement pénalisés :
- Dépendance historique aux énergies fossiles, notamment le charbon
- Faiblesse des interconnexions électriques transfrontalières
- Manque d'investissements dans les énergies renouvelables
- Absence de capacités de stockage d'électricité
Résultat, en août dernier, les prix de l'électricité en Grèce et en Italie étaient 12 fois supérieurs à ceux pratiqués dans le Nord de l'Europe ! Un écart abyssal qui plombe la compétitivité des économies du Sud.
Des prix de l'énergie élevés et un impact négatif sur le PIB sont une tautologie.
Nikos Magginas, économiste à la Banque Nationale de Grèce
Facture salée malgré les aides
Même si des pays comme la Grèce ont débloqué des sommes colossales pour amortir la hausse des prix, la facture reste douloureuse pour de nombreux citoyens :
On est sur le point de devenir une famille en difficulté financière. Le gouvernement doit faire attention à la situation.
Taxiarchis Fekas, habitant de la banlieue d'Athènes
En 2022, Athènes a ainsi dépensé 5,3% de son PIB en aides dans le secteur de l'énergie, soit la part la plus élevée de l'UE. Mais cela ne suffit pas à enrayer la crise du pouvoir d'achat provoquée par la flambée de l'électricité.
Des efforts d'investissements à poursuivre
Face à cette situation intenable, les pays du Sud-Est n'ont d'autre choix que d'accélérer leurs efforts pour moderniser leurs réseaux électriques et développer massivement les énergies renouvelables. La Grèce prévoit ainsi :
- La mise en service de deux nouvelles centrales au gaz cette année
- 750 millions d'euros pour renforcer ses interconnexions électriques
- La construction de batteries de stockage d'ici 2028
Les prix de gros vont baisser graduellement et cela va se faire ressentir pour les consommateurs.
Aristotelis Aivaliotis, secrétaire général du ministère grec de l'Énergie
Des progrès encourageants mais encore insuffisants à court terme pour mettre fin à la fracture énergétique entre le Nord et le Sud de l'Europe. Il est urgent que l'Union Européenne se penche sur ce défi pour éviter qu'il ne se transforme en bombe à retardement économique et sociale.
