Innovations Européennes pour Stimuler les Investissements Verts
Face à l'appel d'air provoqué par l'Inflation Reduction Act (IRA) américain, qui attire massivement les investissements outre-Atlantique, la France et l'Allemagne affichent une convergence inédite. Lors d'une visite d'État à Berlin axée sur le renforcement de la compétitivité économique européenne, les dirigeants Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont exposé leur vision commune pour retenir et stimuler les investissements privés sur le Vieux Continent, notamment dans les technologies vertes et l'intelligence artificielle.
Un « choc d'investissement » nécessaire en Europe
« Nous avons besoin d'un choc d'investissement », a martelé le président français, soulignant que l'épargne européenne s'élève à environ 35 000 milliards d'euros, tandis que près de 300 milliards quittent chaque année l'UE pour être investis aux États-Unis. Pour endiguer cette fuite des capitaux, Paris et Berlin s'accordent sur la nécessité de créer un produit d'épargne européen attractif.
Nous devons enfin bâtir une véritable union des marchés de capitaux.
Emmanuel Macron
Harmonisation fiscale et réglementaire
Cela passe par une harmonisation des régimes fiscaux et des normes entre États membres, ainsi qu'un renforcement de la surveillance des marchés financiers, comme l'a souligné le président Macron. Le chancelier Scholz abonde en ce sens, plaidant également pour une relance de la titrisation afin de permettre aux acteurs financiers de prendre plus de risques.
Des besoins d'investissements colossaux
Pour atteindre les ambitieux objectifs climatiques et numériques fixés par l'UE, les besoins de financement sont énormes :
- 620 milliards d'euros par an pour la transition écologique (Green Deal et REPowerEU)
- 125 milliards d'euros annuels pour la numérisation de l'économie
Emmanuel Macron a ainsi appelé à un doublement rapide du budget européen consacré aux technologies clés, comme la transition verte, l'IA, l'informatique quantique ou encore la 5G et la 6G. Une augmentation qui pourrait se faire via des mécanismes existants, sur le modèle de la réponse européenne à la crise du Covid, sans alourdir les contributions nationales.
Vers une Europe de la défense plus intégrée
Dans le domaine de la défense aussi, Paris et Berlin affichent leur volonté d'unité et de coopération renforcée. Les deux pays saluent l'avancement du projet de char de combat européen (MGCS) et espèrent notifier les premiers contrats d'ici début 2025. Même sur l'épineuse question du bouclier anti-missiles Sky Shield, porté par l'Allemagne, la France se montre compréhensive, reconnaissant la légitimité pour chaque État de se doter des capacités de défense adaptées à sa situation.
L'Europe doit jouer collectif face aux défis mondiaux
À dix jours d'élections européennes cruciales, le message délivré par les dirigeants français et allemand est clair : pour rester dans la course face aux géants américain et chinois, l'Europe doit serrer les rangs et mutualiser ses forces. Cela passe par des politiques volontaristes pour canaliser l'épargne abondante des Européens vers le financement des entreprises et des projets d'avenir, en particulier dans la tech verte et l'économie décarbonée. Un défi colossal, qui nécessitera des efforts de la part de tous les États membres, mais dont dépend la prospérité et la souveraineté du continent pour les décennies à venir.
