Investissements Étrangers en France : Un Tournant en 2024

Saviez-vous que la France, longtemps perçue comme une terre d’accueil pour les investisseurs étrangers, a vu ses projets internationaux chuter de 7 % en 2024 ? Derrière ce chiffre brut se cache une réalité plus complexe, marquée par un ralentissement industriel et des incertitudes économiques mondiales. Alors que le sommet Choose France approche, cet article plonge dans les méandres de cette tendance, explore ses causes profondes et tente de dessiner les contours d’un avenir encore incertain.

Un Recul Inattendu des Investissements Étrangers

L’année 2024 marque un tournant pour l’attractivité économique de la France. Selon le dernier bilan de Business France, l’agence dédiée à l’internationalisation des entreprises, le pays a recensé **1688 projets d’investissements étrangers**, contre 1815 l’année précédente. Ce recul de 7 % met fin à trois années de croissance post-Covid, une période où la France semblait s’imposer comme un leader européen en matière d’investissements.

Mais ce n’est pas tout. Les emplois générés ou préservés par ces projets ont plongé de 36 %, tombant à **37 787 postes**. Une chute en partie liée à la diminution des effectifs intérimaires, mais qui reflète aussi un climat moins favorable aux grandes ambitions industrielles. Alors, que s’est-il passé ?

L’Industrie, Grande Perdante de 2024

Si le recul global est préoccupant, c’est dans le secteur industriel que la situation devient alarmante. Les projets d’usines ont dégringolé de **21 %**, passant de leur niveau record de 2023 à seulement 464 initiatives en 2024. Cette baisse brutale illustre un ralentissement de la **réindustrialisation**, un objectif pourtant porté haut et fort par le gouvernement français ces dernières années.

Des exemples concrets viennent appuyer cette tendance. Le projet d’usine du canadien Loop en Moselle a été abandonné, tandis que l’implantation à un milliard d’euros d’Eastman en Normandie a été reportée. Ces revers, bien que ponctuels, en disent long sur les défis auxquels font face les investisseurs étrangers dans l’Hexagone.

« La réindustrialisation a ralenti ces derniers mois, qu’elle soit portée par des acteurs français ou étrangers. »

– Solène Davesne, journaliste à L’Usine Nouvelle

Les centres de R&D et d’ingénierie ne sont pas épargnés non plus. Leur nombre est passé de 191 en 2022 à 146 en 2024, même si certains secteurs, comme l’**intelligence artificielle**, affichent une progression notable (de 28 à 43 projets). Cette lueur d’espoir pourrait-elle inverser la donne ?

Un Contexte Global Défavorable

Pour comprendre cette baisse, il faut regarder au-delà des frontières françaises. À l’échelle mondiale, les investissements directs étrangers ont reculé de **8 %** en 2024, selon la Cnuced. Hausse des taux d’intérêt, tensions commerciales croissantes et incertitudes politiques : les investisseurs internationaux naviguent dans un brouillard économique dense.

En France, la dissolution de l’Assemblée nationale a ajouté une couche d’instabilité propre au pays. Laurent Saint-Martin, ministre du Commerce extérieur et ancien dirigeant de Business France, relativise pourtant cette situation dans une interview aux *Echos* :

« Cette baisse est plus faible que chez nos voisins européens. Nous restons largement au-dessus des niveaux pré-Covid. »

– Laurent Saint-Martin, ministre du Commerce extérieur

Mais relativiser ne suffit pas à masquer les défis. Les coûts des projets, alourdis par des taux d’intérêt élevés, freinent les ambitions. Et si la France résiste mieux que certains concurrents, elle n’échappe pas à la morosité ambiante.

Les Reprises d’Entreprises : Une Note Positive

Dans ce tableau plutôt sombre, un phénomène attire l’attention : la hausse des **reprises d’entreprises** par des investisseurs étrangers. En 2024, 97 sociétés ont été reprises, contre 26 en 2023, permettant de sauvegarder **3604 emplois**. Ce bond de près de 300 % montre une nouvelle dynamique : face à une conjoncture difficile, les acteurs internationaux misent sur des structures existantes plutôt que sur des créations ex nihilo.

Autre point encourageant, **48 % des projets** concernent l’ouverture de nouveaux sites, suivis par les extensions (41 %). Plus d’un quart des entreprises étrangères investissent pour la première fois en France, signe que le pays conserve un certain attrait malgré les vents contraires.

Les États-Unis en Recul, la Chine en Progression

Qui sont ces investisseurs ? Les États-Unis restent en tête, avec **252 projets** (15 % du total), mais leur engagement faiblit, en baisse de 17 % par rapport à 2023. Ce recul s’explique en partie par les doutes exprimés dans le baromètre AmCham, qui pointe une perception mitigée de l’attractivité française.

À l’inverse, la Chine gagne du terrain, passant de 44 à **56 projets**. Bien que modeste, cette progression illustre un intérêt croissant, notamment dans des secteurs stratégiques. Entre ces deux géants, l’Allemagne (232 projets) et le Royaume-Uni (152 projets) maintiennent leur présence, stabilisant le paysage.

Les Start-ups au Cœur de la Relance ?

Si l’industrie traditionnelle vacille, les **start-ups** pourraient jouer un rôle clé dans la relance des investissements étrangers. Le sommet de l’IA à Paris en février 2024 a généré des promesses de **109 milliards d’euros**, portées par des acteurs émiratis et américains. Ces chiffres, bien que prévisionnels, témoignent d’un dynamisme dans les secteurs technologiques.

Les projets liés à l’intelligence artificielle, en hausse de 53 %, incarnent cette nouvelle vague. Ils attirent des talents, des capitaux et des ambitions mondiales. Mais suffiront-ils à compenser le repli industriel ?

Vers un Rebond en 2025 ?

Le prochain sommet Choose France, prévu mi-mai à Versailles, sera un test décisif. Emmanuel Macron devra convaincre des investisseurs refroidis par les chiffres de 2024. Mais au-delà des annonces spectaculaires, c’est une stratégie de long terme qui s’impose : stabilité politique, incitations fiscales et soutien à l’innovation.

Pour résumer les enjeux, voici les points clés à retenir :

• Baisse de 7 % des projets d’investissements étrangers en 2024.
• Chute de 21 % des initiatives industrielles, un secteur en difficulté.
• Hausse des reprises d’entreprises, un signe d’adaptation.
• Dynamisme des start-ups et de l’IA, un espoir pour demain.

En conclusion, 2024 marque une pause dans l’élan économique français, mais pas une fin. Entre défis conjoncturels et opportunités émergentes, la France doit repenser son attractivité. Et si les start-ups étaient la clé pour rebondir ? L’avenir nous le dira.