La Chine mise gros sur sa souveraineté dans les semi-conducteurs
Dans un contexte de tensions géopolitiques exacerbées autour des technologies clés comme les semi-conducteurs, la Chine vient de frapper un grand coup. Le pays a en effet clôturé un troisième fonds d'investissement étatique dédié au renforcement de son industrie nationale des puces électroniques. Baptisé "Big Fund III", ce véhicule financier est doté de la somme colossale de 344 milliards de yuans, soit environ 47,5 milliards de dollars.
Un montant qui dépasse les attentes des observateurs et qui confirme l'ambition de la Chine d'atteindre une véritable souveraineté technologique dans ce domaine hautement stratégique. Car au-delà des enjeux commerciaux, c'est bien une question de sécurité nationale et d'indépendance qui est en jeu.
Une riposte dans la guerre des puces
Cette initiative s'inscrit dans le cadre de la féroce guerre des puces qui oppose la Chine aux États-Unis et à leurs alliés. Washington cherche en effet à freiner le développement technologique de Pékin en lui barrant l'accès aux technologies de pointe et aux équipements de production les plus avancés.
Mais la Chine n'entend pas se laisser faire. Outre les investissements massifs, elle mise sur ses propres champions nationaux comme SMIC pour monter en gamme et réduire sa dépendance vis-à-vis des fournisseurs étrangers.
Le spectre d'un conflit autour de Taiwan
L'autre grand enjeu concerne Taiwan, où est basé le leader mondial de la fabrication de semi-conducteurs TSMC. Une prise de contrôle de l'île par la Chine bouleverserait l'équilibre mondial dans ce secteur. D'où les efforts des Occidentaux pour sécuriser leurs approvisionnements.
La Chine produit actuellement environ 60% des puces traditionnelles, celles que l'on trouve dans les voitures et les appareils électroménagers.
Gina Raimondo, Secrétaire au Commerce des États-Unis
Des résultats contrastés
Si le discours officiel chinois affirme que la politique américaine se retourne contre Washington, avec une baisse des exportations des grands acteurs américains des puces, la réalité est plus nuancée. Des entreprises comme Nvidia sont obligées de s'adapter en proposant des produits spécifiques pour le marché chinois.
Mais dans le même temps, les restrictions ralentissent bel et bien les progrès de la Chine, notamment dans des domaines clés comme l'intelligence artificielle où l'accès aux puces les plus performantes est crucial.
Une bataille à long terme
Avec le "Big Fund III", la Chine montre qu'elle est prête à investir massivement et dans la durée pour gagner son indépendance dans les semi-conducteurs. Une démarche qui fait écho aux efforts américains et européens, même si les montants en jeu diffèrent.
Mais Pékin devra aussi surmonter certains écueils, comme la corruption qui a entaché les précédents fonds, ou encore les difficultés à rattraper son retard technologique malgré les investissements.
Une chose est sûre : la bataille pour la suprématie dans les semi-conducteurs ne fait que commencer. Et elle promet d'être longue et acharnée, avec à la clé la maîtrise des technologies qui façonneront le monde de demain.