La nouvelle convention collective de la métallurgie déçoit les salariés
La nouvelle convention collective de la métallurgie, entrée en vigueur cette année, était très attendue par les salariés du secteur. Mais quelques mois après sa mise en place, la déception est au rendez-vous pour beaucoup d'entre eux. Une enquête menée par la CFE-CGC auprès de ses militants révèle en effet que 30 à 40% des entreprises n'appliquent pas correctement les nouvelles dispositions, avec des conséquences négatives sur les fiches emplois et les classifications.
Des fiches emplois qui heurtent les salariés
Le premier motif d'insatisfaction concerne les fiches emplois reçues en début d'année. Censées décrire précisément les missions et compétences de chaque poste, elles se sont avérées en décalage avec le travail réel de nombreux salariés :
Ce qui a le plus touché les salariés, c'est le grand écart entre leur fiche et l'activité qu'ils avaient le sentiment de réaliser. Certains ont parlé d'humiliation, de dégradation... Ils ne se sont pas sentis reconnus.
– Fabrice Nicoud, président de la CFE-CGC métallurgie
Ce décalage est perçu comme une véritable remise en cause du sens et de la valeur de leur travail par de nombreux salariés. Les cadres ont été particulièrement heurtés de se retrouver massivement classés dans les premiers niveaux de leur catégorie, aux côtés des débutants.
Des classifications mal appliquées
Le second problème pointé par l'enquête syndicale est la mauvaise application des critères de classification des postes dans de nombreuses entreprises. Alors que la nouvelle convention prévoyait une meilleure prise en compte des compétences et de l'expérience, beaucoup de salariés se sont retrouvés de facto déclassés :
- Les compétences semblent avoir été évaluées a minima sur les fiches emplois
- L'expérience et l'ancienneté sont peu valorisées dans les classifications
- Les parcours professionnels ne sont pas assez pris en compte
Si ces "mauvais classements" sont sans impact immédiat sur les salaires, ils suscitent une forte déception et un sentiment de dévalorisation chez les salariés concernés. Selon la CFE-CGC, cela traduirait la volonté de certaines entreprises d'éviter une hausse de leur masse salariale.
L'UIMM promet des ajustements
Face à ces critiques, l'UIMM, principal syndicat patronal de la branche, relativise l'ampleur des problèmes et met en avant la nécessité d'un "temps d'adaptation". Des discussions sont prévues dans les prochains mois pour procéder à des ajustements, notamment sur les classifications :
Toute mise en place d'une nouvelle convention suscite des interrogations et nécessite des mises au point. Nous allons analyser les remontées du terrain et apporter les corrections nécessaires.
– Hubert Mongon, délégué général de l'UIMM
Reste à savoir si ces ajustements seront suffisants pour répondre au malaise exprimé par une partie des salariés de la métallurgie. Au-delà des questions techniques de classification, c'est bien la reconnaissance de leur travail et de leurs compétences qui est en jeu. Un enjeu majeur à l'heure où l'industrie peine à attirer et fidéliser les talents.