La REP : Quand l’Écologie Divise les Boulangers

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mars 8, 2025

La REP : Quand l’Écologie Divise les Boulangers

Imaginez-vous dans une boulangerie de quartier, l’odeur du pain frais emplissant l’air, quand soudain, une facture inattendue vient ternir ce tableau idyllique. Depuis le 1er janvier 2025, les boulangers-pâtissiers français font face à une nouveauté qui ne passe pas inaperçue : l’écocontribution liée à la Responsabilité Élargie des Producteurs (REP) pour les emballages. Ce dispositif, censé encourager une économie plus verte, sème pourtant la discorde parmi les artisans, qui y voient une taxe déguisée. Alors, progrès écologique ou fardeau supplémentaire ? Plongeons dans cette polémique qui secoue le monde de la baguette.

La REP : Une Révolution Écologique sous Tension

La REP, ou Responsabilité Élargie des Producteurs, n’est pas une idée neuve. Inscrite dans le Code de l’environnement, elle oblige les entreprises à prendre en charge la fin de vie des produits qu’elles mettent sur le marché. Avec la loi Antigaspillage pour une Économie Circulaire (Agec) votée en 2020, ses contours se sont élargis, touchant désormais les métiers de bouche. Boulangers, bouchers, fromagers : tous sont concernés dès lors qu’ils distribuent des produits emballés, même gratuitement.

Une Écocontribution qui Fait Grincer des Dents

Concrètement, depuis le début de l’année 2025, une **écocontribution** s’applique aux artisans. Son montant ? Il dépend du nombre de passages en caisse, une formule simplifiée mise en place grâce à un partenariat entre l’éco-organisme Adelphe et plusieurs confédérations, dont celle des boulangers-pâtissiers. Pour un boulanger, cela représente 0,0079 euro par transaction. Une somme modeste à première vue, mais qui s’accumule vite pour des commerces aux marges déjà serrées.

Pour beaucoup, cette mesure sonne comme une injustice. Dominique Anract, président de la Fédération des entreprises de boulangerie, ne mâche pas ses mots :

C’est une taxe supplémentaire qui pèse sur les artisans, alors qu’ils ont bien d’autres priorités que de jouer les comptables d’emballages.

– Dominique Anract, Fédération des entreprises de boulangerie

Et pourtant, du côté du ministère de la Transition écologique, on défend la mesure. Selon eux, elle s’inscrit dans une logique de **transition écologique**, essentielle pour réduire les déchets et encourager le recyclage. Mais alors, pourquoi tant de remous ?

Un Dispositif Simplifié, Vraiment ?

Avant 2025, les artisans devaient simplement indiquer à leurs clients comment trier les emballages, via une étiquette ou une affichette. Aujourd’hui, ils passent à la vitesse supérieure avec cette contribution financière. Adelphe, filiale de Citeo, a voulu faciliter les choses en proposant une tarification basée sur les passages en caisse plutôt que sur le poids et le nombre exact d’emballages distribués – un calcul jugé trop complexe par beaucoup.

Joël Mauvigney, président de la Confédération générale de l’alimentation en détail (CGAD), y voit une avancée :

C’est un dispositif sur mesure, pensé pour simplifier la vie des métiers de bouche que nous représentons.

– Joël Mauvigney, CGAD

Mais cette simplification ne convainc pas tout le monde. Certains artisans estiment que compter les passages en caisse reste une tâche administrative de plus, et s’interrogent : pourquoi ne pas faire porter cette charge aux fournisseurs, qui produisent ces emballages en amont ?

Quel Impact Réel sur les Boulangeries ?

Pour mieux comprendre, prenons un exemple. Une boulangerie de quartier réalisant 300 ventes par jour devra débourser environ 2,37 euros quotidiennement, soit plus de 860 euros par an. Pour une petite structure, ce n’est pas anodin. Et ce n’est qu’une estimation : la facture définitive sera ajustée en 2026, après une régularisation basée sur les déclarations de 2025.

Adelphe a déjà prévu d’envoyer une facture prévisionnelle ce mois-ci, basée sur les données de 2024. Si elle dépasse 1 500 euros hors taxes, elle pourra être réglée en quatre fois. Une souplesse bienvenue, mais qui ne calme pas les esprits. Car au-delà de l’aspect financier, c’est le principe même qui irrite : pourquoi les artisans, souvent perçus comme des acteurs locaux et traditionnels, doivent-ils assumer seuls cette responsabilité ?

Une Question de Base de Calcul

Le débat ne s’arrête pas là. Une autre critique émerge : sur quoi doit reposer cette **écocontribution** ? Faut-il comptabiliser tous les emballages produits en amont, ou seulement ceux qui finissent réellement dans les poubelles des consommateurs ? Pour Dominique Anract, la réponse est claire : les fournisseurs, qui fabriquent ces sachets et boîtes, devraient être les premiers contributeurs. Une idée qui, pour l’instant, ne trouve pas d’écho officiel.

Du côté des pouvoirs publics, on insiste sur la flexibilité du système. Les artisans peuvent opter pour une déclaration classique, basée sur le poids des emballages, mais cette option est rarement choisie. Trop chronophage, trop technique. Résultat : la méthode des passages en caisse s’impose, avec ses avantages et ses limites.

Adelphe : La Start-up au Cœur du Système

Dans cette équation, une entité se démarque : **Adelphe**, la filiale de Citeo dédiée aux métiers de bouche. Créée pour accompagner les artisans dans cette transition, elle incarne une forme d’innovation au croisement de l’écologie et de l’entrepreneuriat. En juillet 2024, elle a signé un partenariat avec la Confédération de la boulangerie-pâtisserie (CNBPF), visant à simplifier les démarches. Mais son rôle ne se limite pas à encaisser des fonds : elle doit aussi sensibiliser et former les professionnels à ces nouvelles obligations.

Adelphe représente ainsi une start-up au service de l’**économie circulaire**, mais elle cristallise aussi les tensions. Pour certains, elle est un pont entre les artisans et les exigences écologiques ; pour d’autres, un simple collecteur de taxes au profit d’un système opaque. Une chose est sûre : son modèle, basé sur une tarification inédite, pourrait inspirer d’autres secteurs à l’avenir.

Vers une Écologie Collaborative ?

Face à cette grogne, des voix s’élèvent pour proposer des alternatives. Pourquoi ne pas mutualiser les efforts entre artisans, fournisseurs et consommateurs ? Une piste pourrait être de répercuter une partie de l’écocontribution sur les prix, mais cela risquerait de faire fuir la clientèle dans un contexte économique tendu. Une autre idée serait d’investir dans des emballages réutilisables, bien que cela demande du temps et des moyens.

Voici quelques solutions envisagées :

  • Impliquer les fournisseurs dans le financement de la REP.
  • Subventionner les artisans pour adopter des emballages durables.
  • Sensibiliser les clients pour qu’ils rapportent leurs emballages.

Ces options demandent une coordination que ni les artisans ni Adelphe ne peuvent porter seuls. Peut-être est-ce là que le gouvernement devra trancher, pour éviter que cette mesure ne devienne un levain de discorde durable.

Et Après ? Une Régularisation en 2026

Pour l’heure, les boulangers devront s’adapter. La régularisation prévue début 2026 ajustera les montants payés en 2025, selon les déclarations réelles. Une étape qui pourrait apaiser les tensions… ou les raviver, si les estimations initiales se révèlent sous-évaluées. En attendant, le sujet reste brûlant, et les artisans ne comptent pas baisser les bras.

Ce qui est certain, c’est que la REP marque un tournant. Entre écologie imposée et grogne artisanale, elle illustre les défis d’une transition verte qui ne fait pas l’unanimité. Et vous, qu’en pensez-vous : taxe injuste ou pas vers un avenir plus durable ?

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