L’accord salarial chez Volkswagen : un compromis difficile
Le géant automobile allemand Volkswagen traverse une période charnière de son histoire. Face à la nécessité de réduire ses coûts et ses surcapacités de production pour financer sa transition vers l'électrique, le constructeur a dû se résoudre à un plan social drastique, non sans d'âpres négociations avec les représentants des salariés. Après un marathon de discussions, un compromis a finalement été trouvé, évitant les licenciements secs mais actant la suppression de dizaines de milliers d'emplois.
Un accord au forceps pour sauver les grandes usines
Le spectre de fermetures d'usines planait sur les négociations entre la direction de Volkswagen et le puissant syndicat IG Metall. Au final, aucun site majeur ne sera fermé en Allemagne, une victoire pour les salariés. Néanmoins, l'organisation des usines sera revue en profondeur :
- L'usine d'Emden conserve sa production et récupère l'assemblage de l'ID.4 électrique
- L'usine de Wolfsburg ferme deux lignes de production sur quatre
- L'usine de Dresde fermera définitivement ses portes fin 2025
- Production de la Golf thermique délocalisée au Mexique dès 2027
Ces mesures permettront de réduire la capacité de production allemande d'environ 700 000 véhicules par an. Thomas Schäfer, directeur de la marque VW, s'est félicité d'avoir trouvé "des solutions viables" aux enjeux de surcapacités, de coûts salariaux et de compétitivité du développement.
35 000 postes supprimés sans licenciement sec
La contrepartie de ces réorganisations est lourde : plus de 35 000 postes seront supprimés d'ici 2030, soit près de 30% des effectifs allemands de Volkswagen. Un chiffre considérable, mais le constructeur s'est engagé à ne procéder à aucun licenciement pour motif économique. Les départs se feront via des départs en retraite non remplacés, des départs volontaires, des reclassements internes.
En matière de rémunération, il y aura de facto un gel des salaires pour les 120 000 employés de Volkswagen.
Syndicat IG Metall
Les salariés conservant leur poste devront également faire des efforts : les augmentations salariales seront limitées et versées dans un fonds plutôt que sur les comptes des employés. Les primes seront réduites ou gelées pendant plusieurs années. Un sacrifice consenti pour éviter des baisses de salaires généralisées initialement envisagées par la direction.
Financer la transition électrique, un impératif
Si cet accord a un goût amer pour les salariés, il était vital pour l'avenir de Volkswagen. Le groupe doit en effet dégager des marges de manœuvre financières considérables pour investir dans sa transition vers l'électrique et rattraper son retard sur Tesla. L'objectif est de viser une marge opérationnelle de 6,5% à moyen terme, contre seulement 2% actuellement.
Les syndicats, conscients de cet impératif, ont pris leurs responsabilités. Mais ils attendent maintenant que la direction agisse "pour garantir un avenir aux employés" et appellent le monde politique à "créer des conditions favorables à la transition électrique". Car malgré les sacrifices consentis, l'avenir de l'emploi automobile demeure incertain face à l'ampleur des mutations technologiques en cours.