
L’Ascension Fulgurante de Stellantis dans l’Industrie Automobile
Stellantis, le mastodonte de l'industrie automobile né de la fusion entre PSA et FCA, se retrouve à un tournant de son histoire après l'éviction soudaine de son emblématique dirigeant Carlos Tavares fin 2024. Retour sur l'ascension fulgurante de ce groupe qui s'est hissé en quelques années parmi les plus grands constructeurs mondiaux, et les défis stratégiques qui l'attendent pour rester dans la course.
La Success Story Stellantis
Fruit du mariage entre le français PSA Peugeot-Citroën et l'italo-américain Fiat Chrysler Automobiles (FCA), officialisé en janvier 2021, Stellantis incarne un géant de l'automobile aux 14 marques iconiques comme Peugeot, Citroën, Fiat, Chrysler, Jeep, Alfa Romeo ou encore Maserati. Sous l'impulsion de Carlos Tavares, ex-numéro 2 de Renault arrivé chez PSA en 2014, le groupe a mené une politique agressive de réduction des coûts tout en montant en gamme.
Cette stratégie a porté ses fruits, permettant à Stellantis d'atteindre une rentabilité record avec une marge opérationnelle supérieure à 10% dès 2022, parmi les plus élevées du secteur. Le groupe a aussi considérablement renforcé sa présence à l'international, notamment en Amérique du Nord où il réalise désormais plus de 40% de ses ventes, tiré par ses gros pick-up et SUV très populaires outre-Atlantique.
On ne demande rien à nos sous-traitants qu'on ne s'impose pas nous-mêmes.
Carlos Tavares, ex-directeur général de Stellantis, adepte de la réduction des coûts à tous les niveaux
La chute de Carlos Tavares
Mais fin 2024, le départ brutal de Carlos Tavares suite à des résultats en demi-teinte et des désaccords stratégiques avec son conseil d'administration, crée un électrochoc. Le dirigeant, adulé par les marchés pour ses qualités de cost-killer, est rattrapé par son management autoritaire et son obsession de la performance financière, qui ont fini par créer des tensions en interne et avec les parties prenantes.
Maxime Picat et Antonio Filosa, deux cadres dirigeants du groupe, sont pressentis pour lui succéder. Quoi qu'il en soit, le nouveau patron devra relever plusieurs défis :
- Repenser l'allocation des capacités industrielles et arbitrer le maintien de certaines usines.
- Clarifier le positionnement et avenir des nombreuses marques du groupe.
- Accélérer dans l'électrification et les véhicules du futur.
- Rétablir un dialogue social apaisé et un management plus souple.
Quelle stratégie pour Stellantis demain ?
Avec une taille critique, un portefeuille de marques complet et une implantation mondiale, Stellantis a de sérieux atouts pour peser face à ses concurrents. Mais il doit maintenant trouver un nouvel équilibre entre recherche de rentabilité et investissements dans les ruptures technologiques qui dessineront la mobilité de demain.
L'enjeu central sera de réussir le virage de l'électrification, alors que les ventes de véhicules zéro-émission du groupe restent en retrait par rapport à certains rivaux malgré les progrès récents. Stellantis devra aussi composer avec l'arrivée fracassante de nouveaux entrants, à commencer par les acteurs chinois spécialistes de l'électrique, très agressifs en termes de prix.
Stellantis peut encore renforcer son empreinte industrielle française et européenne.
Une source gouvernementale française en décembre 2024
La question de l'ancrage géographique du groupe sera aussi scrutée de près. Les gouvernements, notamment français et italien, veilleront à préserver les intérêts nationaux et l'emploi sur leurs territoires. Le rythme des réductions d'effectifs devrait donc ralentir en Europe, après la suppression de plus de 13% des postes dans le monde entre 2021 et 2023.
Enfin, la stratégie software et data sera clé pour Stellantis, qui a annoncé mi-2024 un partenariat avec la startup américaine Waymo (filiale d'Alphabet/Google) pour accélérer dans les véhicules autonomes et connectés. De nouveaux business models autour de la mobilité intelligente pourraient émerger demain.
L'histoire Stellantis est finalement à l'image de l'industrie automobile actuelle : entre disruption technologique et course à la performance, les constructeurs doivent se réinventer en permanence pour rester dans la course. Nul doute que le géant aux 14 marques saura rebondir, même si la route s'annonce semée d'embûches. To be continued...