Les États à l’Avant-Garde de la Régulation de l’IA en 2025
L'intelligence artificielle (IA) est sur toutes les lèvres en ce début d'année 2025. Alors que les avancées s'accélèrent dans ce domaine, la question de sa régulation devient plus pressante que jamais. Et contre toute attente, ce sont les états américains qui pourraient bien prendre les devants, devançant le gouvernement fédéral. Zoom sur une bataille législative qui ne fait que commencer.
La Californie, fer de lance de la régulation IA aux USA
L'année dernière, la Californie a fait un pas de géant en signant 18 nouvelles lois encadrant l'IA. Celles-ci couvrent des domaines très variés, de la pornographie à l'utilisation des données pour entraîner des modèles, en passant par la transparence des algorithmes. Le gouverneur Gavin Newsom a néanmoins mis son veto à un texte très attendu qui aurait imposé aux entreprises d'IA de lourdes obligations de tests et de documentation.
Malgré ce revers, l'impulsion est donnée. Selon Mark Weatherford, expert en cybersécurité et vice-président chez Gretel, une startup spécialisée dans les données synthétiques pour l'IA :
La Californie pousse vraiment l'enveloppe en matière de législation sur la technologie, ce qui aide les autres à suivre le mouvement, car elle fait tout le travail de fond et de recherche qui alimente ces lois.
– Mark Weatherford, VP chez Gretel
Et l'expert de prédire que la Californie passera probablement des lois encore plus strictes cette année sur l'IA. D'autres états devraient lui emboîter le pas, en s'inspirant des textes californiens.
Le spectre d'un patchwork de lois
Cette effervescence législative au niveau des états n'est pas sans poser question. En effet, le risque est de voir émerger un patchwork de réglementations disparates et peu cohérentes entre elles. Un vrai casse-tête pour les entreprises d'IA qui devraient alors se conformer à des règles différentes selon les états.
Le département de la Sécurité intérieure et la Maison Blanche plaident pour une « harmonisation » des règles IA entre les états. Mais dans les faits, rien n'incite vraiment ces derniers à coordonner leurs efforts en la matière, relève Mark Weatherford. Chacun avance à son rythme et avec ses priorités.
Washington à la traîne ?
Face au dynamisme des états, le gouvernement fédéral semble un peu à la peine. Certes, un rapport de 230 pages sur l'IA a été publié fin 2024 par une task force de la Chambre des représentants. Mais la lenteur du processus législatif à Washington, encore accentuée par les clivages partisans, ne laisse pas présager de grande loi fédérale sur l'IA en 2025.
La nouvelle administration qui vient de s'installer a promis moins de régulation. Mais sur des sujets comme la vie privée et la cybersécurité, étroitement liés à l'IA, un consensus bi-partisan reste possible. Tout dépendra des priorités fixées et de l'influence des grands acteurs technologiques.
Le rôle crucial des données synthétiques
Pour Mark Weatherford, une chose est sûre : face au défi de la régulation de l'IA, les données synthétiques ont un rôle clé à jouer. Ces jeux de données artificiels, générés par algorithme, permettent en effet d'entraîner des modèles d'IA en respectant la vie privée et en évitant certains biais. Un atout de taille face à des législateurs de plus en plus soucieux de ces questions.
Sans données, il n'y a pas d'IA. Et la qualité des données devient un enjeu à mesure que le volume disponible se réduit. Les données synthétiques de haute qualité seront de plus en plus nécessaires.
– Mark Weatherford, VP chez Gretel
La startup Gretel, dont il est vice-président, mise à fond sur cette technologie. Elle a développé des algorithmes permettant de générer des données synthétiques toujours plus fiables et réalistes. Un argument de poids dans le débat sur la régulation de l'IA.
Trouver le bon équilibre
Au final, le défi pour les législateurs sera de trouver le bon équilibre entre protection des citoyens et liberté d'innovation. Un équilibre subtil, qui nécessitera beaucoup de dialogue et de pédagogie entre régulateurs et acteurs de l'IA.
Certains, comme Elon Musk, mettent en garde contre les risques existentiels de l'IA et réclament un moratoire sur les recherches. D'autres au contraire s'inquiètent d'une "censure" de l'IA par des garde-fous trop stricts. Raison de plus pour avancer avec précaution et discernement.
Une chose est sûre : le débat ne fait que commencer et les états américains, Californie en tête, comptent bien peser de tout leur poids dans la balance. Reste à voir si Washington parviendra à imprimer sa marque et à harmoniser tout cela. Le chemin de la régulation de l'IA s'annonce encore long et semé d'embûches !