L’Europe pénalisée par les craintes sur l’économie américaine
Une onde de choc a traversé les marchés boursiers européens ce vendredi. À la clôture, les principaux indices affichaient de lourdes pertes, dans le sillage de la publication de statistiques économiques américaines préoccupantes. Le spectre d'une récession outre-Atlantique et d'un durcissement des politiques monétaires a fait fuir les investisseurs.
Le ralentissement de l'emploi américain affole les marchés
Le rapport mensuel sur l'emploi aux États-Unis a joué le rôle de détonateur. Alors que de nombreux indicateurs suggéraient depuis plusieurs jours un affaiblissement du marché du travail, les chiffres publiés ce vendredi ont confirmé les craintes des économistes. Ce ralentissement des créations de postes remet la Réserve fédérale américaine au centre du jeu.
Nous assistons à une dégradation plus rapide que prévu de l'emploi aux États-Unis. Ceci va alimenter la rhétorique du "hard landing" (retournement brutal de l'économie) plutôt que du "soft landing".
John Plassard, directeur chez Mirabaud
Face à cette situation, les opérateurs anticipent désormais une baisse des taux directeurs de plus de 110 points de base sur les prochains mois. Une réduction de 50 points dès septembre ou novembre n'est plus exclue. Il faudra cependant attendre le symposium de Jackson Hole fin août pour en savoir plus sur le positionnement de la banque centrale américaine.
Les valeurs technologiques et bancaires en première ligne
Sur les marchés actions, deux secteurs ont particulièrement souffert vendredi : les valeurs technologiques et bancaires. Amazon et Intel ont publié des résultats décevants, entraînant leurs pairs européens dans leur sillage. À Paris, STMicroelectronics a cédé 5,8% et à Francfort, Infineon a perdu 5,4%.
Les titres des grandes banques ont également été malmenées, pénalisées par des publications mitigées cette semaine et la chute des taux obligataires. Société Générale a plongé de plus de 6%, pendant que BNP Paribas et Crédit Agricole abandonnaient respectivement 2,9% et 5,6%.
Les tensions géopolitiques n'aident pas
Les risques d'une escalade militaire au Moyen-Orient ce week-end ont rajouté à la nervosité ambiante, même s'ils n'expliquent qu'à la marge le décrochage des indices ce vendredi. Les investisseurs ont préféré alléger leurs positions avant la fermeture des marchés, redoutant une potentielle action armée de l'Iran ou du Hezbollah.
Au final, le bilan est lourd pour les places financières du Vieux Continent :
- CAC 40 : -1,61%
- DAX : -2,44%
- FTSE 100 : -1,31%
Sur la semaine, le CAC 40 a reculé de 3,54% et l'indice paneuropéen Stoxx 600 de 3,01%. La dégradation des perspectives économiques américaines a pris le pas sur les autres catalyseurs, éclipsant même la bonne résistance de l'activité en Europe jusqu'ici.
Les prochaines semaines s'annoncent déterminantes pour les marchés financiers. Le positionnement des grandes banques centrales sera scruté de près, tout comme l'évolution des indicateurs macroéconomiques. Les investisseurs espèrent un atterrissage en douceur de l'économie, mais se préparent au pire, comme en témoigne le net regain d'aversion au risque.