
Mercury Serre le Robinet Pour les Startups Ukrainiennes et Nigérianes
La banque en ligne Mercury, très prisée des startups, vient de prendre une décision radicale et inattendue. Du jour au lendemain, elle a cessé de servir ses clients dans certains pays, dont l'Ukraine et le Nigeria. Une annonce brutale qui soulève de sérieuses questions sur les pratiques de cette fintech et sur les risques de discrimination bancaire envers les entrepreneurs de certaines nationalités.
Mercury dans la tourmente après la fermeture de comptes de startups
Fondée en 2017, Mercury s'est imposée comme la banque de référence pour de nombreuses jeunes pousses à travers le monde, séduites par ses services en ligne simplifiés. Mais récemment, Mercury a fait l'objet d'une surveillance accrue des régulateurs américains concernant l'ouverture de comptes pour des sociétés étrangères.
En réponse, Mercury affirme avoir mis à jour ses critères d'éligibilité dans le cadre de son "engagement continu en matière de conformité". Concrètement, la banque a notifié à certains clients qu'elle ne pouvait plus les soutenir en raison de leur adresse ou de l'origine de leurs activités.
L'Ukraine et le Nigeria sur liste noire
Si certains pays figurant sur la liste des exclus de Mercury, comme l'Iran ou la Corée du Nord, ne surprennent guère, la présence de l'Ukraine a de quoi interpeller. D'autant que ce pays était jusqu'ici connu pour son écosystème tech dynamique et prometteur.
De même, le Nigeria, autre nation startup montante d'Afrique, n'échappe pas à la purge de Mercury. Des fondateurs nigérians basés aux États-Unis ont ainsi vu leurs comptes clôturés malgré le fait que leurs entreprises soient domiciliées sur le sol américain.
Mais un client du Nigeria n'a pas le même niveau de risque qu'un client d'Iran ou de Corée du Nord. Parce qu'ils n'ont pas mis en place l'infrastructure de conformité appropriée qui rassure leurs partenaires bancaires et les régulateurs, ils doivent procéder à un élagage massif de leur base de clientèle.
Benjamin Dada, expert en partenariats fintech
Une décision qui fait polémique
La décision radicale de Mercury a suscité un tollé chez de nombreux entrepreneurs qui s'estiment lésés et stigmatisés en raison de leur nationalité. Beaucoup craignent que ce cas ne soit pas isolé et symptomatique d'un problème plus large de discrimination dans le système bancaire.
Face à la fronde, Mercury a tenté de justifier sa position en invoquant la complexité de se conformer aux sanctions américaines qui visent certaines régions ukrainiennes. Un argument qui peine à convaincre au vu du timing et de l'ampleur de la mesure.
Trouver des alternatives bancaires, un défi pour les startups concernées
Pour les jeunes pousses ukrainiennes et nigérianes brutalement lâchées par Mercury, l'urgence est maintenant de trouver une alternative bancaire fiable pour maintenir leurs activités. Une tâche qui s'annonce ardue tant la défiance des établissements envers ces profils "à risque" semble se généraliser.
Certaines fintechs spécialisées voient toutefois dans cette crise une opportunité de se différencier en proposant justement leurs services aux entrepreneurs exclus des circuits traditionnels. Mais pour beaucoup, le mal est déjà fait et la décision de Mercury risque de fragiliser durablement des écosystèmes startups prometteurs.
Cette affaire illustre en tout cas les dérives potentielles des banques en ligne qui, sous couvert de se prémunir contre certains risques, peuvent rapidement basculer dans l'exclusion et la discrimination injustifiées de pans entiers d'entrepreneurs. Un sujet qui mérite une vraie réflexion sur l'éthique et la responsabilité de ces nouveaux acteurs de la finance.