Paper espère rebondir avec sa nouvelle PDG Martina Tam
Que réserve l'avenir à Paper, la startup edtech canadienne malmenée en 2024 ? C'est la question que beaucoup se posent alors que l'entreprise vient de nommer Martina Tam, une vétérante de la Silicon Valley, au poste de PDG. Sa mission : remettre Paper sur les rails après une année marquée par des licenciements massifs et le départ fracassant de ses deux cofondateurs.
Une experte de l'edtech pour relever les défis
Le choix de Martina Tam n'est pas anodin. Passée par Brightwheel, Masterclass et Eventbrite, la dirigeante apporte à Paper une solide expérience dans le domaine des technologies éducatives et de la croissance à grande échelle. Selon Rich Yang, président du conseil d'administration de Paper qui assurait l'intérim à la direction générale :
Martina a fait ses preuves en développant des entreprises, en lançant des solutions à fort impact pour les clients et en obtenant des résultats exceptionnels - le tout motivé par son engagement profond à avoir un impact significatif.
– Rich Yang, président du conseil d'administration de Paper
Un profil idéal sur le papier donc, pour tenter d'insuffler un nouveau souffle à une entreprise en quête de stabilité et de vision.
Retour sur une année 2024 mouvementée
Fondée en 2014 avec l'ambition de démocratiser l'accès au soutien scolaire via une plateforme de tutorat en ligne, Paper avait le vent en poupe après la pandémie de COVID-19. En 2022, elle levait pas moins de 343 millions de dollars canadiens, portée par l'essor de l'enseignement à distance.
Mais les premiers nuages s'amoncellent dès 2023, avec une série de plans sociaux touchant des dizaines d'employés, quelques mois seulement après les acquisitions de Readlee et MajorClarity. En 2024, la crise s'aggrave :
- Départ du PDG et cofondateur Phil Cutler, remplacé par intérim par Rich Yang
- Licenciement de 45% des 180 salariés du siège et de l'intégralité des tuteurs canadiens
- Décision controversée de se recentrer sur le marché américain
- Départ de l'autre cofondateur Roberto Cipriani de son rôle opérationnel
Un véritable séisme qui provoque la colère des syndicats, n'hésitant pas à brandir la menace d'une action en justice. Bref, l'entreprise québécoise traverse une zone de fortes turbulences, loin des promesses et des espoirs suscités à ses débuts.
Les chantiers de la nouvelle PDG
C'est donc un sacré défi qui attend Martina Tam pour remettre Paper sur de bons rails. Parmi ses priorités, on peut citer :
- Apaiser les tensions sociales et remotiver les troupes après les licenciements
- Clarifier la stratégie et le positionnement de Paper
- Relancer la croissance et trouver un modèle économique pérenne
- Redorer l'image et la réputation de la société, notamment au Canada
L'ancienne dirigeante de Brightwheel peut s'appuyer sur le lancement du nouveau programme de tutorat digital GROW, censé incarner le futur de Paper dans un marché de l'edtech en pleine mutation post-COVID. Mais il lui faudra convaincre en interne comme en externe, auprès des employés, des clients et des investisseurs.
Basée aux États-Unis et héritant d'une entreprise fragilisée, concentrée sur le marché américain, la nouvelle patronne parviendra-t-elle à redresser la barre et à écrire une nouvelle page pour Paper ? Réponse dans les mois à venir, mais une chose est sûre : l'avenir de ce fleuron de la French Tech canadienne est plus incertain que jamais.