Qualcomm Envisage l’Acquisition d’Intel : Un Bouleversement Majeur
L'annonce a fait l'effet d'une bombe dans le monde de la technologie : selon de multiples sources, le géant des puces mobiles Qualcomm envisagerait une acquisition de son rival historique Intel. Une opération qui, si elle se concrétise, pourrait redéfinir le paysage concurrentiel du secteur des semi-conducteurs.
Intel, un géant en difficulté
Malgré son statut d'acteur incontournable de l'industrie, Intel traverse une passe difficile ces dernières années. Lourdement pénalisé par son retard dans la course aux puces mobiles, le groupe a accusé une perte de 1,6 milliard de dollars au deuxième trimestre 2023. En réponse, son PDG Pat Gelsinger a lancé un vaste plan de réduction des coûts de 10 milliards de dollars, qui pourrait se solder par la suppression de 15 000 emplois.
Face à ces vents contraires, Intel envisage également de scinder son activité de fonderie de puces dans une filiale distincte. Une réorganisation en profondeur qui témoigne des difficultés de l'entreprise à rivaliser avec ses concurrents, à commencer par le taïwanais TSMC, numéro un mondial de la sous-traitance des semi-conducteurs.
Qualcomm, un prétendant inattendu
Si Intel cherche des solutions pour redresser la barre, personne n'avait anticipé qu'une acquisition par Qualcomm puisse en faire partie. Le spécialiste des processeurs pour smartphones, dont la capitalisation boursière avoisine les 190 milliards de dollars, serait pourtant déterminé à mettre la main sur son concurrent en difficulté, selon le Wall Street Journal.
Pour l'heure, aucune offre formelle n'a été formulée et Intel n'a pas commenté ces informations. Mais un tel rapprochement, s'il devait se concrétiser, constituerait un tremblement de terre pour l'industrie des semi-conducteurs. Les deux groupes cumuleraient un chiffre d'affaires de plus de 80 milliards de dollars et emploieraient conjointement près de 200 000 salariés dans le monde.
L'ombre de Nvidia et la révolution de l'IA
Au-delà des seuls enjeux concurrentiels, cette acquisition s'inscrirait dans le contexte plus large de la montée en puissance de l'intelligence artificielle. Un domaine où Nvidia, le leader des processeurs graphiques, a pris une longueur d'avance grâce à ses puces optimisées pour le deep learning.
L'explosion de la demande pour les applications d'IA est en train de rebattre les cartes entre les acteurs historiques des semi-conducteurs.
- Stacy Rasgon, analyste chez Bernstein
En mettant la main sur Intel, Qualcomm disposerait d'un portefeuille technologique et de capacités de R&D démultipliées pour investir ce créneau stratégique. Mais la partie est loin d'être gagnée : outre les obstacles réglementaires qu'un tel rachat risque de rencontrer, il faudra aussi composer avec la farouche volonté d'indépendance de l'équipe dirigeante d'Intel.
Vers une recomposition du secteur
Quelle que soit l'issue de ce dossier, il illustre la profonde recomposition à l'œuvre dans l'industrie des semi-conducteurs. Bousculés par l'essor des technologies mobiles et la révolution de l'IA, les acteurs historiques doivent impérativement se réinventer pour rester dans la course.
Dans ce contexte, les opérations de fusion-acquisition et les partenariats stratégiques devraient se multiplier pour atteindre la taille critique. Un mouvement qui n'est pas sans risque, comme en témoignent les déboires du rachat avorté de Qualcomm par Broadcom en 2018, bloqué par l'administration Trump pour des motifs de sécurité nationale.
Une chose est sûre : tous les regards du secteur seront braqués sur Intel et Qualcomm dans les prochaines semaines. Leur potentiel rapprochement sera un test grandeur nature de la capacité de l'industrie à se réinventer face aux nouveaux défis technologiques. Avec à la clé, des répercussions majeures pour tout l'écosystème des semi-conducteurs et au-delà, pour le monde de la tech dans son ensemble.
