Startup de Colombo vendue pour 600 millions de dollars
Qui aurait cru qu'on puisse créer une licorne technologique à 600 millions de dollars depuis le Sri Lanka ? C'est pourtant le pari réussi de Sanjiva Weerawarana avec sa startup WSO2, spécialisée dans les logiciels d'entreprise open-source. L'entreprise vient d'être rachetée par le géant du capital investissement EQT pour la bagatelle de 600 millions de dollars, signant la plus grosse acquisition dans l'histoire de la tech sri-lankaise. Retour sur un parcours exceptionnel.
Un pionnier de la Silicon Valley... basé à Colombo
Ingénieur de formation, Sanjiva Weerawarana a démarré sa carrière dans la recherche chez IBM aux États-Unis. Mais dès 2005, il rentre au pays pour créer WSO2 à Colombo, la capitale du Sri Lanka. Un pari audacieux à une époque où même en Inde voisine, les startups tech privilégient les services plutôt que les produits. L'ambition : bâtir une suite logicielle d'entreprise innovante, basée sur une architecture ouverte.
Malgré le contexte difficile - guerre civile, instabilité politique, pression des investisseurs - Weerawarana s'accroche à sa vision. Aidé très tôt par Intel Capital, il construit pierre après pierre une alternative aux géants du logiciel. Son credo : miser à fond sur le talent local, avec aujourd'hui 80% des 780 employés basés au Sri Lanka.
Défis de la croissance à l'international
Si sa localisation atypique a permis à WSO2 d'attirer les meilleurs ingénieurs du pays, elle lui a aussi valu des réticences côté clients et une concurrence agressive, comme le raconte son CEO :
Certains de nos concurrents nous attaquaient en soulignant d'où nous venions. Et des clients nous demandaient pourquoi on les facturait autant, vu notre localisation !
- Sanjiva Weerawarana, CEO de WSO2
Mais au fil des années, la qualité de ses produits et sa base de clients prestigieux comme Samsung, Axa ou AT&T ont construit la crédibilité de WSO2. Avec le boom du cloud et des microservices, son architecture ouverte et modulaire s'avère payante. La société approche maintenant les 100 millions de dollars de revenus récurrents, avec une croissance à deux chiffres.
Le rachat par EQT, un nouveau départ
C'est ce qui a convaincu le fonds EQT de s'offrir WSO2 pour 600 millions de dollars. Cette acquisition permet à l'un de ses premiers investisseurs, Toba Capital, de liquider sa participation. Mais surtout, elle donne à la startup les moyens de ses ambitions internationales.
Car même si Weerawarana visait depuis toujours une introduction en bourse, il reconnaît qu'un partenaire comme EQT changera la donne. Avec une importante capacité d'investissement, le fond veut faire de WSO2 sa plateforme pour consolider le marché des logiciels d'entreprise. De quoi propulser la société vers de nouveaux sommets :
L'objectif de EQT est de développer WSO2 sur 5 ans, ce qui correspond à ce que je voulais. Ça nous donne 5 ans pour aller vers une IPO.
- Sanjiva Weerawarana
Un nouveau chapitre plein de promesses
Avec ses 600 millions de dollars de valorisation, WSO2 prouve qu'on peut construire une licorne technologique de classe mondiale depuis des pays émergents comme le Sri Lanka. Une vraie source d'inspiration pour la nouvelle génération de startuppeurs locaux. Weerawarana, lui, continuera à insuffler sa vision à l'entreprise qu'il a porté pendant presque 20 ans.
Mais ce succès d'estime a aussi un impact sociétal très concret, comme le souligne le CEO :
Cette acquisition montre l'importance de l'actionnariat salarié. 30% des 600 millions vont aux employés actuels et passés de WSO2. Pour beaucoup ici, les stock options sont un concept abstrait. Mais là ils réalisent !
- Sanjiva Weerawarana
Nul doute que ce nouveau chapitre permettra à WSO2 de recruter les meilleurs talents du Sri Lanka et d'étendre son influence bien au-delà de l'Asie du Sud. D'autant que le vent est favorable : avec le boom de l'IA, les briques technologiques de l'entreprise (API, IAM...) s'annoncent plus stratégiques que jamais. De quoi réussir le pari de coter en bourse d'ici 5 ans ?