
Taxis Volants : La Chine Révolutionne la Mobilité
Imaginez un ciel urbain où des engins futuristes sillonnent l’espace, évitant les embouteillages au sol et transportant des passagers en un temps record. Ce scénario, digne d’un film de science-fiction, est en train de devenir réalité en Chine. Avec des milliers de taxis volants prévus d’ici 2028, la deuxième économie mondiale redéfinit la mobilité urbaine. Mais comment ce pays parvient-il à transformer une idée audacieuse en une industrie florissante, là où l’Europe et les États-Unis peinent encore ? Plongeons dans cette révolution aérienne.
La Chine, Pionnière des Taxis Volants
En Chine, l’innovation ne se contente pas de suivre les tendances : elle les crée. Le pays investit massivement dans les aéronefs électriques à décollage et atterrissage vertical, ou eVTOL, pour façonner une nouvelle ère de transport. Ces appareils, plus légers et moins polluants que les hélicoptères traditionnels, utilisent des rotors électriques pour offrir une alternative rapide et durable aux déplacements urbains. L’objectif ? Désengorger les mégalopoles tout en ouvrant de nouveaux horizons industriels.
Le gouvernement chinois soutient activement ce secteur, considéré comme un moteur de croissance économique. Des villes comme Shenzhen planifient la construction de 1200 vertiports et plus de 1000 couloirs aériens d’ici 2027, posant les bases d’une infrastructure inédite. Cette ambition contraste avec l’approche plus prudente de l’Europe, où la réglementation stricte freine le décollage des eVTOL.
Une Myriade d’Acteurs Innovants
Le marché chinois des taxis volants est un véritable vivier de start-ups et d’entreprises établies. Parmi elles, EHang se distingue comme un pionnier. En mars 2025, cette entreprise a marqué l’histoire en obtenant le premier certificat opérationnel de l’Administration de l’aviation civile chinoise pour des vols touristiques à basse altitude. Son modèle EH216-S, capable de transporter deux passagers sans pilote à bord, est déjà opérationnel à Canton et Hefei.
« D’ici 2030, nous visons entre 3000 et 5000 commandes, avec 70 % de clients chinois et 30 % à l’international. »
– Zhao Wang, vice-président d’EHang
D’autres acteurs, comme AutoFlight, ne sont pas en reste. Leur modèle Prosperity I, dévoilé au salon de l’automobile de Shanghai, peut transporter cinq passagers sur une distance d’une heure et dix minutes. Soutenu par le géant des batteries CATL, AutoFlight vise une certification en 2027. Des entreprises comme Aerofugia, TCab ou Volant Aerotech participent également à cette effervescence, chacune apportant sa vision d’une mobilité aérienne accessible.
Un Cadre Réglementaire Favorable
L’un des atouts majeurs de la Chine réside dans son cadre réglementaire. Contrairement à l’Europe, où l’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne impose une fiabilité des systèmes de 10-9 (une défaillance pour un milliard d’heures de vol), la Chine adopte une exigence de 10-6 pour certains cas. Cette souplesse réduit les coûts de R&D et accélère le déploiement commercial.
« L’Europe est surréglementée. Une fiabilité de 10-9 demande des ressources colossales, inaccessibles pour les jeunes entreprises. »
– Louis Liu, fondateur de DAP Technologies
Cette approche permet aux start-ups chinoises de tester leurs technologies dans des zones dédiées, accélérant l’innovation. À Shenzhen, par exemple, des couloirs aériens spécifiques et des vertiports facilitent les expérimentations pour le transport de passagers, les livraisons ou les services d’urgence.
Les Défis de la Rentabilité
Malgré cet enthousiasme, des défis subsistent. Les eVTOL restent coûteux à produire, notamment en raison des batteries haute performance. Leur niveau sonore, bien que moindre comparé aux hélicoptères, pose aussi des questions d’acceptabilité en milieu urbain. Enfin, la rentabilité à moyen terme reste incertaine, même si la Chine mise sur des économies d’échelle pour réduire les coûts.
Pourtant, les perspectives financières sont alléchantes. Selon une étude de la banque Jefferies, le marché des eVTOL pourrait passer de 0,9 milliard de dollars en 2025 à 1920 milliards de dollars d’ici 2050. Ce potentiel attire les investisseurs, notamment dans des applications variées comme le tourisme, les livraisons ou même la défense.
L’Automobile s’Invite dans les Airs
Les constructeurs automobiles chinois ne restent pas en marge de cette révolution. Xpeng, via sa filiale AeroHT, développe ses propres eVTOL, tandis que GAC a lancé Govy, une marque dédiée à ce segment. Même Hongqi, connu pour ses limousines de luxe, explore ce marché. Cette convergence entre l’automobile et l’aéronautique illustre l’ampleur de l’ambition chinoise.
À l’international, des partenariats se forment. Par exemple, Stellantis soutient l’américain Archer, montrant que l’industrie automobile mondiale voit dans les eVTOL un débouché prometteur. Cependant, la Chine garde une longueur d’avance grâce à son écosystème intégré et ses investissements massifs.
Un Retard Européen et Américain ?
En Europe, les obstacles réglementaires et financiers freinent le développement des eVTOL. Des start-ups comme Lilium et Volocopter ont rencontré des difficultés financières, tandis qu’Airbus a mis en pause son projet CityAirbus NextGen. Aux États-Unis, des acteurs comme Archer bénéficient de financements conséquents, mais leur déploiement commercial reste lointain.
La Chine, elle, avance à grands pas. En combinant innovation, soutien gouvernemental et infrastructure, elle se positionne comme leader mondial. Mais cette avance soulève des questions : comment garantir la sécurité des vols autonomes ? Les villes sont-elles prêtes à accueillir ces nouveaux engins ?
Les Enjeux de l’Avenir
Pour réussir, l’industrie des taxis volants devra relever plusieurs défis clés :
- Sécurité : Assurer une fiabilité irréprochable pour gagner la confiance du public.
- Infrastructures : Développer des vertiports et des couloirs aériens adaptés.
- Acceptabilité : Réduire le bruit et intégrer ces engins dans le paysage urbain.
- Durabilité : Optimiser les batteries pour minimiser l’impact environnemental.
Ces défis, bien que complexes, ne freinent pas l’élan chinois. Avec des entreprises comme EHang en tête et un gouvernement déterminé, la Chine pourrait bien redéfinir la mobilité du futur. Mais cette révolution ne se limite pas aux frontières chinoises : elle pourrait inspirer le monde entier.
Une Révolution à Suivre
Les taxis volants ne sont plus un rêve lointain en Chine. D’ici 2028, des milliers d’eVTOL pourraient transformer les déplacements urbains, offrant une alternative rapide, durable et innovante. Alors que l’Europe et les États-Unis cherchent encore leur voie, la Chine trace la route d’une nouvelle ère de la mobilité. Restera-t-elle seule en tête, ou d’autres pays relèveront-ils le défi ? L’avenir nous le dira.