Northvolt: Faillite de la licorne des batteries, un coup dur pour l’Europe
C'est un véritable coup de tonnerre qui vient de s'abattre sur l'industrie européenne des batteries. Northvolt, la pépite suédoise spécialisée dans la production de batteries lithium-ion et érigée en symbole des ambitions du Vieux Continent dans ce domaine stratégique, vient d'annoncer sa mise en faillite. Une nouvelle qui sonne comme un coup de semonce pour tout un écosystème industriel.
Northvolt, une success story brutalement interrompue
Fondée en 2016, la startup Northvolt avait connu une ascension fulgurante ces dernières années, portée par l'engouement pour la mobilité électrique et les encouragements des pouvoirs publics européens. Levées de fonds record, inauguration en grande pompe de « gigafactories », partenariats avec les grands constructeurs automobiles... Tout semblait sourire à cette licorne venue du froid.
Mais derrière cette façade rutilante, des difficultés se faisaient jour. En septembre dernier, Northvolt avait dû se résoudre à licencier 20% de ses effectifs, soit 1600 employés. Un premier signe des turbulences à venir.
Le contrat rompu avec BMW, le coup de grâce
C'est finalement la décision de BMW, en juin dernier, de rompre un contrat de 2 milliards de dollars qui aura précipité la chute de Northvolt. Le constructeur allemand reprochait des retards de livraison à son fournisseur. Un coup dur pour la startup suédoise, déjà fragilisée par une consommation de cash excédant les 100 millions de dollars mensuels.
La faillite de Northvolt est sans doute davantage le signe d'une exécution défaillante que d'une demande en batteries plus faible que prévu pour les véhicules électriques.
– Tim De Chant, Journaliste spécialisé sur TechCrunch
Un savoir-faire technologique complexe et coûteux
Au-delà d'une gestion potentiellement défaillante, c'est toute la complexité et les coûts pharaoniques liés à la production de batteries dernier cri qui sont pointés du doigt. Northvolt a pu en faire l'amère expérience, comme l'explique Tim De Chant :
Fabriquer des cellules lithium-ion est d'une complexité diabolique, nécessitant une connaissance approfondie de la chimie, des équipements de production et de l'amélioration de la qualité. Même les entreprises leader du secteur souffrent de problèmes coûteux, parfois à hauteur d'un milliard de dollars.
Et maintenant ? Entre soutiens publics et alliances asiatiques
Pour autant, la faillite de Northvolt ne signifie pas nécessairement la fin de l'aventure. Le constructeur allemand Volkswagen, actionnaire de l'entreprise, pourrait jouer les sauveurs. Surtout, les pouvoirs publics européens, échaudés à l'idée de voir s'effondrer un projet industriel majeur, sont susceptibles de voler au secours de l'entreprise.
Mais pour se relancer, Northvolt devra sans doute passer par une profonde restructuration et, qui sait, nouer des partenariats avec des acteurs asiatiques rompus à la production de batteries. Une perspective qui en dit long sur les limites actuelles de l'Europe dans cette course à l'autonomie stratégique.
Les leçons d'un échec industriel
Au-delà du cas Northvolt, cette faillite soulève des questions de fond sur la politique industrielle européenne :
- Comment mieux accompagner les startups stratégiques dans leur montée en puissance ?
- Faut-il revoir à la baisse les ambitions européennes dans la production de batteries ?
- Quelles alliances nouer avec les champions asiatiques du secteur ?
Autant de défis auxquels devront répondre les décideurs européens s'ils veulent éviter que le rêve d'une filière européenne des batteries ne vire au cauchemar. L'avenir de la mobilité électrique sur le Vieux Continent en dépend.