Dozr : De Startup Prometteuse à Faillite Express

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novembre 26, 2025

Dozr : De Startup Prometteuse à Faillite Express

Imaginez : vous avez levé plus de 60 millions de dollars canadiens, vous êtes valorisé 75 millions, vous connectez des milliers de chantiers à des loueurs d’engins lourds aux États-Unis et au Canada… et du jour au lendemain, votre banque vous met en redressement judiciaire. C’est exactement ce qui est arrivé à Dozr, la pépite de Kitchener-Waterloo que tout le monde citait en exemple il y a encore trois ans.

Dozr : l’histoire d’une chute brutale

Fin septembre 2025, la Royal Bank of Canada (RBC) dépose une requête auprès de la Cour supérieure de l’Ontario. Motif : Dozr a fait défaut sur un crédit de 3,4 millions CAD garanti sur la totalité de sa propriété intellectuelle. Quelques jours plus tard, KPMG prend le contrôle. Un mois après, les actifs sont vendus à une coquille toute neuve basée à Toronto. Rideau.

Pour les fondateurs Kevin Forestell, Erin Stephenson et Tim Forestell – une équipe familiale qui portait le projet depuis 2015 – c’est la douche froide. L’entreprise qui employait encore 20 salariés et 24 freelances est liquidée sans ménagement.

Retour sur dix ans d’ascension fulgurante

Tout avait pourtant bien commencé. Dozr se positionne dès le départ comme le « Airbnb des pelles mécaniques et des bulldozers ». L’idée est simple : mettre en relation directe les entrepreneurs de travaux publics avec des loueurs indépendants, partout en Amérique du Nord.

Le timing est parfait. Entre 2020 et 2022, la pandémie crée une pénurie d’équipements neufs, les délais de livraison explosent, les prix flambent. Louer devient l’option roi. Dozr explose : en février 2022, la startup lève 27,5 millions CAD auprès de Builders VC, BDC Capital et BaseCamp Equity. Objectif affiché : doubler les effectifs et conquérir le marché américain.

« Nous avons connu une croissance exceptionnelle grâce à la hausse de l’activité construction et aux perturbations des chaînes d’approvisionnement. »

– Kevin Forestell, ex-CEO et président du conseil, février 2022

Les signaux d’alerte que personne n’a voulu voir

Derrière les communiqués triomphants, la réalité est plus nuancée. Dès 2023, le vent tourne. Les taux d’intérêt grimpent, les projets d’infrastructures ralentissent, la demande de location se tasse. Dozr, qui brûlait du cash pour scaler, commence à réduire la voilure.

  • Février 2023 : 20 % des effectifs licenciés
  • Mai 2025 : Kevin Forestell cède sa place de CEO à Dave Frazier
  • Effectifs passés de 82 à 63 personnes en deux ans

En parallèle, la startup tente de lever de nouveau ou de se vendre. Selon une source interne, Dozr était à deux doigts d’un rapprochement avec un concurrent américain bien plus gros et avait même signé une lettre d’intention. Problème : la dette RBC bloque tout.

Quand la banque dit stop

KPMG révèle que Dozr a contacté plus de 60 acheteurs potentiels et 7 investisseurs au cours des 12 derniers mois. Tous butent sur le même obstacle : la banque refuse de restructurer ou d’attendre. Motif invoqué : « perte de confiance dans le management » et crainte que la garantie (l’IP) ne se déprécie davantage.

Le 31 octobre 2025, les actifs (contrats, marque, base clients, code source, 5 millions USD de créances) sont cédés à 17416512 Canada Ltd, une société créée quelques semaines plus tôt par Andrew Ladouceur (ex-COO de Bonsai) et Saad Siddiqui. Le prix ? Secret. Mais RBC va encaisser une perte, donc les actionnaires et fondateurs repartent vraisemblablement bredouilles.

Le marché de la location d’engins est-il maudit ?

Le porte-parole de BDC Capital parle d’un marché « intrinsèquement complexe et fragmenté ». Traduction : des milliers de loueurs locaux, des cycles très longs, des marges fines, une saisonnalité forte. Le modèle marketplace, qui fonctionne à merveille pour les hôtels ou les voitures, peine à s’imposer quand il s’agit d’une pelle de 40 tonnes à 15 000 $ la semaine.

Les concurrents américains comme EquipmentShare ou BigRentz ont eux aussi levé des centaines de millions mais peinent à atteindre la rentabilité. Dozr n’est peut-être que la première victime visible d’un secteur qui a surestimé la vitesse de digitalisation du BTP.

Et maintenant ?

Le site Dozr.com est toujours en ligne au moment où j’écris ces lignes. L’acquéreur affirme vouloir relancer l’activité et recontacter d’anciens salariés. Reste à savoir si la marque gardera son nom, si les fournisseurs feront encore confiance, et surtout si les utilisateurs reviendront après ce chaos.

Pour les fondateurs, le rêve canadien vire au cauchemar. Dix ans de travail, une famille entière mobilisée, des dizaines de millions investis… pour finir avec une vente forcée et probablement zéro dollar en poche. C’est la face cachée du venture capital : quand la musique s’arrête, c’est souvent la banque qui récupère les chaises.

Leçons à retenir pour les entrepreneurs

  • Une dette bancaire senior, même petite, peut tuer une startup plus sûrement qu’un concurrent
  • Lever trop et trop vite dans un marché cyclique expose à des chutes brutales
  • Quand le vent tourne, les investisseurs existants suivent rarement avec des chèques supplémentaires
  • Une lettre d’intention n’est pas un closing tant que la dette n’est pas réglée

L’histoire de Dozr rappelle cruellement que même les plus belles trajectoires peuvent s’arrêter net. Dans l’écosystème canadien, où chaque succès est célébré comme une exception, ce genre d’échec résonne particulièrement fort.

Pour l’instant, le bulldozer Dozr est à l’arrêt. Reste à savoir si quelqu’un va remettre du carburant… ou si on le verra bientôt à la casse.

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