De Unity aux cleantech : la nouvelle passion d’un co-fondateur

Que font les PDG à la retraite ? Certains partent dans l'espace, d'autres s'installent à Hawaï. Mais David Helgason, co-fondateur d'Unity, a choisi une voie différente après 12 ans à la tête de l'entreprise de moteurs de jeu, introduite en bourse en 2020 à une valorisation de 13,7 milliards de dollars.

Bien qu'ayant quitté son poste de PDG en 2014, Helgason siège toujours au conseil d'administration de l'entreprise qu'il a co-fondée à Copenhague en 2004. Mais l'essentiel de son temps est dédié à Transition Ventures, une société de capital-risque de stade précoce qu'il a lancée en 2021 pour se concentrer sur le climat.

Un optimiste face à la crise climatique

Le choix du nom "Transition" plutôt qu'"Apocalypse" en dit long. D'une part, Helgason est convaincu que les industries traditionnelles, souvent nuisibles à l'environnement, finiront par être supplantées par des solutions plus durables. D'autre part, cela reflète sa personnalité :

Mes amis me décrivent comme un optimiste qui voit le verre à un dixième plein.

– David Helgason

Lors d'un entretien chez lui près de Reykjavík, l'entrepreneur devenu capital-risqueur a partagé ses réflexions sur ses projets et le parcours qui l'a mené d'Unity aux technologies propres, un retour aux sources en quelque sorte.

De riches leçons à tirer

L'introduction en bourse d'Unity a fait d'Helgason un milliardaire, du moins sur le papier. Bien que la capitalisation boursière ait baissé depuis, l'essentiel demeure : il a gagné beaucoup d'argent grâce à l'entreprise, un capital de plus en plus liquide au fil des ans.

Cela lui a permis de devenir un business angel prolifique, satisfaisant son penchant naturel à passer du temps avec des entrepreneurs. Mais ses préoccupations climatiques ont dû attendre. En tant qu'expert en logiciels, il n'avait pas de voie d'accès évidente.

Les choses ont changé quand son frère Ingvar a lancé VitroLabs Inc., une entreprise de cuir cultivé en laboratoire. Helgason s'est alors impliqué dans la startup et plus largement dans la biologie synthétique. Cela l'a finalement mené vers les startups de technologies profondes axées sur le climat.

Un investisseur avisé du climat

Outre ses investissements en tant que business angel, Helgason est également devenu limited partner dans de nombreux fonds axés sur le climat.

Pendant un temps, je prétendais être probablement le LP le plus largement investi dans le climat.

– David Helgason

Ces deux activités lui ont apporté l'apprentissage qu'il recherchait. Bien que se considérant comme un homme de sciences, il a réalisé qu'il avait plus de valeur à apporter en tant qu'investisseur de stade précoce. C'est ainsi qu'est né Transition Ventures en tant que société de capital-risque.

Un fonds avec une véritable structure

Helgason avait déjà une family office appelée Foobar. Transition Ventures est une entité différente, et pas seulement à cause de son mandat climatique. Il ne faut surtout pas y voir une affaire de famille :

• Le CV d'Ari, frère d'Helgason et l'un des quatre partenaires, parle de lui-même.
• Les autres partenaires, Kristian Branaes et Mona Alsubaei, sont des vétérans du capital-risque.
• L'équipe d'investissement inclut également Clara Ricard, récemment listée dans le Forbes 30 Under 30 Europe.

La fortune d'Helgason a permis à Transition d'investir immédiatement, mais les partenaires ont aussi tenu à chercher des limited partners. Avoir des LP signifie devoir générer des rendements dans un délai limité, mais cela correspond à l'urgence de la crise climatique.

Un portefeuille varié de solutions climatiques

Transition Ventures considère le climat comme un thème, pas un secteur. Son portefeuille de 12 entreprises est donc très diversifié :

• Electricity Maps optimise la consommation d'électricité à grande échelle
• FabricNano espère rendre la bioproduction sans cellules moins chère et plus efficace
• Safi est un marché B2B pour le commerce des matériaux recyclables
• Upway rend les vélos électriques plus abordables grâce au reconditionnement et au recyclage

Aucune de ces entreprises n'est islandaise comme Helgason, mais "ce n'était pas le plan". Cependant, Running Tide utilise l'Islande comme base de R&D, avec le soutien d'une équipe externe qu'il a aidé à mettre en place : Transition Labs.

Des fondateurs de talent pour relever le défi

Peu après avoir lancé Transition Labs, Helgason est retourné dans son pays natal. Il réside maintenant dans l'une des propriétés les plus chères d'Islande, avec pour atout majeur sa vue panoramique sur l'océan - un rappel puissant d'agir pour quelqu'un qui passe son temps à s'inquiéter du réchauffement climatique.

Helgason est impressionné par le calibre des fondateurs qui s'attaquent à ces problèmes, que ce soit la biodiversité ou la santé des océans :

Le talent est incroyable.

– David Helgason

Transition Ventures en est "à peu près à mi-chemin" du déploiement de son capital, à la poursuite de la réponse à la question sur toutes les lèvres des investisseurs : quelles solutions climatiques sont les mieux placées pour passer à l'échelle ?

Bien qu'Helgason ne se considère plus comme un entrepreneur, il a aussi un nouveau projet, Cleanplay, dont la mission déclarée est de "faire des jeux une partie de la solution dans la lutte contre la crise climatique". Un mariage parfait entre gaming et investissement autour de l'impact climatique. Mais son cœur penche désormais fermement vers ce dernier.

Un parcours inspirant d'un entrepreneur visionnaire, qui met aujourd'hui sa passion et son expertise au service de l'un des plus grands défis de notre temps. Nul doute que nous entendrons encore parler de David Helgason et de Transition Ventures dans les années à venir, au gré de leurs investissements prometteurs dans les technologies propres.